Hugo


             
XXX
Magnitudo parvi


 
 

I


 
Le jour mourait ; j’étais près des mers, sur la grève.
Je tenais par la main ma fille, enfant qui rêve,
            Jeune esprit qui se tait !
La terre, s’inclinant comme un vaisseau qui sombre,
En tournant dans l’espace allait plongeant dans l’ombre ;
            La pâle nuit montait.
 
La pâle nuit levait son front dans les nuées ;
Les choses s’effaçaient, blêmes, diminuées,
            Sans forme et sans couleur ;
Quand il monte de l’ombre, il tombe de la cendre ;
On sentait à la fois la tristesse descendre
            Et monter la douleur.
 
Ceux dont les yeux pensifs contemplent la nature
Voyaient l’urne d’en haut, vague rondeur obscure,
            Se pencher dans les cieux,
Et verser sur les monts, sur les campagnes blondes,
Et sur les flots confus pleins de rumeurs profondes,
            Le soir silencieux !
 
Les nuages rampaient le long des promontoires ;
Mon âme, où se mêlaient ces ombres et ces gloires,
            Sentait confusément
De tout cet océan, de toute cette terre,
Sortir sous l’œil de Dieu je ne sais quoi d’austère,
            D’auguste et de charmant !
 
J’avais à mes côtés ma fille bien-aimée.
La nuit se répandait ainsi qu’une fumée.
            Rêveur, ô Jéhovah,
Je regardais en moi, les paupières baissées,
Cette ombre qui se fait aussi dans nos pensées
            Quand ton soleil s’en va !
 
Soudain l’enfant bénie, ange au regard de femme,
Dont je tenais la main et qui tenait mon âme,
            Me parla, douce voix !
Et, me montrant l’eau sombre et la rive âpre et brune,
Et deux points lumineux qui tremblaient sur la dune :
            — Père, dit-elle, vois,
 
Vois donc, là-bas, où l’ombre aux flancs des coteaux rampe,
Ces feux jumeaux briller comme une double lampe
            Qui remuerait au vent !
Quels sont ces deux foyers qu’au loin la brume voile ?
— L’un est un feu de pâtre et l’autre est une étoile ;
            Deux mondes, mon enfant !
 
 
 

II


 
 

*


 
        Deux mondes ! — l’un est dans l’espace,
        Dans les ténèbres de l’azur,
        Dans l’étendue où tout s’efface,
        Radieux gouffre ! abîme obscur !
        Enfant, comme deux hirondelles,
        Oh ! si tous deux, âmes fidèles,
        Nous pouvions fuir à tire-d’ailes,
        Et plonger dans cette épaisseur
        D’où la création découle,
        Où flotte, vit, meurt, brille et roule
        L’astre imperceptible à la foule,
        Incommensurable au penseur ;
 
Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes ;
Si nous pouvions passer les bleus septentrions,
Si nous pouvions atteindre au fond des cieux sans bornes
Jusqu’à ce qu’à la fin, éperdus, nous voyions,
Comme un navire en mer croît, monte et semble éclore,
Cette petite étoile, atome de phosphore,
Devenir par degrés un monstre de rayons ;
 
        S’il nous était donné de faire
        Ce voyage démesuré,
        Et de voler, de sphère en sphère,
        À ce grand soleil ignoré ;
        Si, par un archange qui l’aime,
        L’homme aveugle, frémissant, blême,
        Dans les profondeurs du problème,
        Vivant, pouvait être introduit ;
        Si nous pouvions fuir notre centre,
        Et, forçant l’ombre où Dieu seul entre,
        Aller voir de près dans leur antre
        Ces énormités de la nuit ;
 
Ce qui t’apparaîtrait te ferait trembler, ange !
Rien, pas de vision, pas de songe insensé,
Qui ne fût dépassé par ce spectacle étrange,
Monde informe, et d’un tel mystère composé,
Que son rayon fondrait nos chairs, cire vivante,
Et qu’il ne resterait de nous dans l’épouvante
Qu’un regard ébloui sous un front hérissé !
 
 

*


 
        Ô contemplation splendide !
        Oh ! de pôles, d’axes, de feux,
        De la matière et du fluide,
        Balancement prodigieux !
        D’aimant qui lutte, d’air qui vibre,
        De force esclave et d’éther libre,
        Vaste et magnifique équilibre !
        Monde rêve ! idéal réel !
        Lueurs ! tonnerres ! jets de soufre !
        Mystère qui chante et qui souffre !
        Formule nouvelle du gouffre !
        Mot nouveau du noir livre ciel !
 
Tu verrais ! — Un soleil, autour de lui des mondes,
Centres eux-même, ayant des lunes autour d’eux ;
Là, des fourmillements de sphères vagabondes ;
Là, des globes jumeaux qui tournent deux à deux ;
Au milieu, cette étoile, effrayante, agrandie ;
D’un coin de l’infini formidable incendie,
Rayonnement sublime ou flamboiement hideux !
 
        Regardons, puisque nous y sommes !
        Figure-toi ! figure-toi !
        Plus rien des choses que tu nommes !
        Un autre monde ! une autre loi !
        La terre a fui dans l’étendue ;
        Derrière nous elle est perdue !
        Jour nouveau ! nuit inattendue !
        D’autres groupes d’astres au ciel !
        Une nature qu’on ignore,
        Qui, s’ils voyaient sa fauve aurore,
        Ferait accourir Pythagore
        Et reculer Ézéchiel !
 
Ce qu’on prend pour un mont est une hydre ; ces arbres
Sont des bêtes ; ces rocs hurlent avec fureur ;
Le feu chante ; le sang coule aux veines des marbres.
Ce monde est-il le vrai ? le nôtre est-il l’erreur ?
Ô possibles qui sont pour nous les impossibles !
Réverbérations des chimères visibles !
Le baiser de la vie ici nous fait horreur.
 
        Et, si nous pouvions voir les hommes,
        Les ébauches, les embryons,
        Qui sont là ce qu’ailleurs nous sommes,
        Comme, eux et nous, nous frémirions !
        Rencontre inexprimable et sombre !
        Nous nous regarderions dans l’ombre
        De monstre à monstre, fils du nombre
        Et du temps qui s’évanouit ;
        Et, si nos langages funèbres
        Pouvaient échanger leurs algèbres,
        Nous dirions : « Qu’êtes-vous, ténèbres ? »
        Ils diraient : « D’où venez-vous, nuit ? »
 
 

*


 
Sont-ils aussi des cœurs, des cerveaux, des entrailles ?
Cherchent-ils comme nous le mot jamais trouvé ?
Ont-ils des Spinosa qui frappent aux murailles,
Des Lucrèce niant tout ce qu’on a rêvé,
Qui, du noir infini feuilletant les registres,
Ont écrit : Rien, au bas de ses pages sinistres ;
Et, penchés sur l’abîme, ont dit : « L’œil est crevé ! »
 
        Tous ces êtres, comme nous-même,
        S’en vont en pâles tourbillons ;
        La création mêle et sème
        Leur cendre à de nouveaux sillons ;
        Un vient, un autre le remplace,
        Et passe sans laisser de trace ;
        Le souffle les crée et les chasse ;
        Le gouffre en proie aux quatre vents,
        Comme la mer aux vastes lames,
        Mêle éternellement ses flammes
        À ce sombre écroulement d’âmes,
        De fantômes et de vivants !
 
L’abîme semble fou sous l’ouragan de l’être.
Quelle tempête autour de l’astre radieux !
Tout ne doit que surgir, flotter et disparaître,
Jusqu’à ce que la nuit ferme à son tour ses yeux ;
Car, un jour, il faudra que l’étoile aussi tombe.
L’étoile voit neiger les âmes dans la tombe,
L’âme verra neiger les astres dans les cieux !
 
 

*


 
        Par instants, dans le vague espace,
        Regarde, enfant ! tu vas la voir !
        Une brusque planète passe ;
        C’est d’abord au loin un point noir ;
        Plus prompte que la trombe folle,
        Elle vient, court, approche, vole ;
        À peine a lui son auréole,
        Que déjà, remplissant le ciel,
        Sa rondeur farouche commence
        À cacher le gouffre en démence,
        Et semble ton couvercle immense,
        Ô puits du vertige éternel !
 
C’est elle ! éclair ! voilà sa livide surface
Avec tous les frissons de ses océans verts !
Elle apparaît, s’en va, décroît, pâlit, s’efface,
Et rentre, atome obscur, aux cieux d’ombre couverts,
Et tout s’évanouit, vaste aspect, bruit sublime... —
Quel est ce projectile inouï de l’abîme ?
Ô boulets monstrueux qui sont des univers !
 
        Dans un éloignement nocturne,
        Roule avec un râle effrayant
        Quelque épouvantable Saturne
        Tournant son anneau flamboyant ;
        La braise en pleut comme d’un crible ;
        Jean de Patmos, l’esprit terrible,
        Vit en songe cet astre horrible
        Et tomba presque évanoui ;
        Car, rêvant sa noire épopée,
        Il crut, d’éclairs enveloppée,
        Voir fuir une roue, échappée
        Au sombre char d’Adonaï !
 
Et, par instants encor, — tout va-t-il se dissoudre ? —
Parmi ces mondes, fauve, accourant à grand bruit,
Une comète aux crins de flamme, aux yeux de foudre,
Surgit, et les regarde, et, blême, approche et luit ;
Puis s’évade en hurlant, pâle et surnaturelle,
Traînant sa chevelure éparse derrière elle,
Comme une Canidie affreuse qui s’enfuit.
 
        Quelques-uns de ces globes meurent ;
        Dans le semoun et le mistral
        Leurs mers sanglotent, leurs flots pleurent ;
        Leur flanc crache un brasier central.
        Sphères par la neige engourdies,
        Ils ont d’étranges maladies,
        Pestes, déluges, incendies,
        Tremblements profonds et fréquents ;
        Leur propre abîme les consume ;
        Leur haleine flamboie et fume ;
        On entend de loin dans leur brume
        La toux lugubre des volcans.
 
 

*


 
Ils sont ! ils vont ! ceux-ci brillants, ceux-là difformes,
Tous portant des vivants et des créations !
Ils jettent dans l’azur des cônes d’ombre énormes,
Ténèbres qui des cieux traversent les rayons,
Où le regard, ainsi que des flambeaux farouches
L’un après l’autre éteints par d’invisibles bouches,
Voit plonger tour à tour les constellations !
 
        Quel Zorobabel formidable,
        Quel Dédale vertigineux,
        Cieux ! a bâti dans l’insondable
        Tout ce noir chaos lumineux ?
        Soleils, astres aux larges queues,
        Gouffres ! ô millions de lieues !
        Sombres architectures bleues !
        Quel bras a fait, créé, produit
        Ces tours d’or que nuls yeux ne comptent,
        Ces firmaments qui se confrontent,
        Ces Babels d’étoiles qui montent
        Dans ces Babylones de nuit ?
 
Qui, dans l’ombre vivante et l’aube sépulcrale,
Qui, dans l’horreur fatale et dans l’amour profond,
A tordu ta splendide et sinistre spirale,
Ciel, où les univers se font et se défont ?
Un double précipice à la fois les réclame.
« Immensité ! » dit l’être. « Éternité ! » dit l’âme.
À jamais ! le sans fin roule dans le sans fond.
 
 

*


 
        L’inconnu, celui dont maint sage
        Dans la brume obscure a douté,
        L’immobile et muet visage,
        Le voilé de l’éternité,
        A, pour montrer son ombre au crime,
        Sa flamme au juste magnanime,
        Jeté pêle-mêle à l’abîme
        Tous ses masques, noirs ou vermeils ;
        Dans les éthers inaccessibles,
        Ils flottent, cachés ou visibles ;
        Et ce sont ces masques terribles
        Que nous appelons les soleils !
 
Et les peuples ont vu passer dans les ténèbres
Ces spectres de la nuit que nul ne pénétra ;
Et flamines, santons, brahmanes, mages, guèbres,
Ont crié : Jupiter ! Allah ! Vishnou ! Mithra !
Un jour, dans les lieux bas, sur les hauteurs suprêmes,
Tous ces masques hagards s’effaceront d’eux-mêmes ;
Alors la face immense et calme apparaîtra !
 
 
 

III


 
 

*


 
        Enfant ! l’autre de ces deux mondes,
        C’est le cœur d’un homme ! — parfois,
        Comme une perle au fond des ondes,
        Dieu cache une âme au fond des bois.
 
        Dieu cache un homme sous les chênes ;
        Et le sacre en d’austères lieux
        Avec le silence des plaines,
        L’ombre des monts, l’azur des cieux !
 
        Ô ma fille, avec son mystère
        Le soir envahit pas à pas
        L’esprit d’un prêtre involontaire,
        Près de ce feu qui luit là-bas !
 
        Cet homme, dans quelque ruine,
        Avec la ronce et le lézard,
        Vit sous la brume et la bruine,
        Fruit tombé de l’arbre hasard !
 
        Il est devenu presque fauve ;
        Son bâton est son seul appui.
        En le voyant, l’homme se sauve ;
        La bête seule vient à lui.
 
        Il est l’être crépusculaire.
        On a peur de l’apercevoir ;
        Pâtre tant que le jour l’éclaire,
        Fantôme dès que vient le soir.
 
        La faneuse dans la clairière
        Le voit quand il fait, par moment,
        Comme une ombre hors de sa bière,
        Un pas hors de l’isolement.
 
        Son vêtement dans ces décombres,
        C’est un sac de cendre et de deuil,
        Linceul troué par les clous sombres
        De la misère, ce cercueil.
 
        Le pommier lui jette ses pommes ;
        Il vit dans l’ombre enseveli ;
        C’est un pauvre homme loin des hommes,
        C’est un habitant de l’oubli ;
 
        C’est un indigent sous la bure,
        Un vieux front de la pauvreté,
        Un haillon dans une masure,
        Un esprit dans l’immensité !
 
 

*


 
        Dans la nature transparente,
        C’est l’œil des regards ingénus,
        Un penseur à l’âme ignorante,
        Un grave marcheur aux pieds nus !
 
        Oui, c’est un cœur, une prunelle,
        C’est un souffrant, c’est un songeur,
        Sur qui la lueur éternelle
        Fait trembler sa vague rougeur.
 
        Il est là, l’âme aux cieux ravie,
        Et, près d’un branchage enflammé,
        Pense, lui-même par la vie
        Tison à demi consumé.
 
        Il est calme en cette ombre épaisse ;
        Il aura bien toujours un peu
        D’herbe pour que son bétail paisse,
        De bois pour attiser son feu.
 
        Nos luttes, nos chocs, nos désastres,
        Il les ignore ; il ne veut rien
        Que, la nuit, le regard des astres,
        Le jour, le regard de son chien.
 
        Son troupeau gît sur l’herbe unie ;
        Il est là, lui, pasteur, ami,
        Seul éveillé, comme un génie
        À côté d’un peuple endormi.
 
        Ses brebis, d’un rien remuées,
        Ouvrant l’œil près du feu qui luit,
        Aperçoivent sous les nuées
        Sa forme droite dans la nuit ;
 
        Et, bouc qui bêle, agneau qui danse,
        Dorment dans les bois hasardeux
        Sous ce grand spectre Providence
        Qu’ils sentent debout auprès d’eux.
 
 

*


 
        Le pâtre songe, solitaire,
        Pauvre et nu, mangeant son pain bis ;
        Il ne connaît rien de la terre
        Que ce que broute la brebis.
 
        Pourtant, il sait que l’homme souffre ;
        Mais il sonde l’éther profond.
        Toute solitude est un gouffre,
        Toute solitude est un mont.
 
        Dès qu’il est debout sur ce faîte,
        Le ciel reprend cet étranger ;
        La Judée avait le prophète,
        La Chaldée avait le berger.
 
        Ils tâtaient le ciel l’un et l’autre ;
        Et, plus tard, sous le feu divin,
        Du prophète naquit l’apôtre,
        Du pâtre naquit le devin.
 
        La foule raillait leur démence ;
        Et l’homme dut, aux jours passés,
        À ces ignorants la science,
        La sagesse à ces insensés.
 
        La nuit voyait, témoin austère,
        Se rencontrer sur les hauteurs,
        Face à face dans le mystère,
        Les prophètes et les pasteurs.
 
        — Où marchez-vous, tremblants prophètes ?
        — Où courez-vous, pâtres troublés ?
        Ainsi parlaient ces sombres têtes,
        Et l’ombre leur criait : Allez !
 
        Aujourd’hui, l’on ne sait plus même
        Qui monta le plus de degrés
        Des Zoroastres au front blême
        Ou des Abrahams effarés.
 
        Et, quand nos yeux, qui les admirent,
        Veulent mesurer leur chemin,
        Et savoir quels sont ceux qui mirent
        Le plus de jour dans l’œil humain,
 
        Du noir passé perçant les voiles,
        Notre esprit flotte sans repos
        Entre tous ces compteurs d’étoiles
        Et tous ces compteurs de troupeaux.
 
 

*


 
        Dans nos temps, où l’aube enfin dore
        Les bords du terrestre ravin,
        Le rêve humain s’approche encore
        Plus près de l’idéal divin.
 
        L’homme que la brume enveloppe,
        Dans le ciel que Jésus ouvrit,
        Comme à travers un télescope
        Regarde à travers son esprit.
 
        L’âme humaine, après le Calvaire,
        A plus d’ampleur et de rayon ;
        Le grossissement de ce verre
        Grandit encor la vision.
 
        La solitude vénérable
        Mène aujourd’hui l’homme sacré
        Plus avant dans l’impénétrable,
        Plus loin dans le démesuré.
 
        Oui, si dans l’homme, que le nombre
        Et le temps trompent tour à tour,
        La foule dégorge de l’ombre,
        La solitude fait le jour.
 
        Le désert au ciel nous convie.
        Ô seuil de l’azur ! l’homme seul,
        Vivant qui voit hors de la vie,
        Lève d’avance son linceul.
 
        Il parle aux voix que Dieu fit taire,
        Mêlant sur son front pastoral
        Aux lueurs troubles de la terre
        Le serein rayon sépulcral.
 
        Dans le désert, l’esprit qui pense
        Subit par degrés sous les cieux
        La dilatation immense
        De l’infini mystérieux.
 
        Il plonge au fond. Calme, il savoure
        Le réel, le vrai, l’élément.
        Toute la grandeur qui l’entoure
        Le pénètre confusément.
 
        Sans qu’il s’en doute, il va, se dompte,
        Marche, et, grandissant en raison,
        Croît comme l’herbe aux champs, et monte
        Comme l’aurore à l’horizon.
 
        Il voit, il adore, il s’effare ;
        Il entend le clairon du ciel,
        Et l’universelle fanfare
        Dans le silence universel.
 
        Avec ses fleurs au pur calice,
        Avec sa mer pleine de deuil,
        Qui donne un baiser de complice
        À l’âpre bouche de l’écueil,
 
        Avec sa plaine, vaste bible,
        Son mont noir, son brouillard fuyant,
        Regards du visage invisible,
        Syllabes du mot flamboyant ;
 
        Avec sa paix, avec son trouble,
        Son bois voilé, son rocher nu,
        Avec son écho qui redouble
        Toutes les voix de l’inconnu,
 
        La solitude éclaire, enflamme,
        Attire l’homme aux grands aimants,
        Et lentement compose une âme
        De tous les éblouissements !
 
        L’homme en son sein palpite et vibre,
        Ouvrant son aile, ouvrant ses yeux,
        Étrange oiseau d’autant plus libre
        Que le mystère le tient mieux.
 
        Il sent croître en lui, d’heure en heure,
        L’humble foi, l’amour recueilli,
        Et la mémoire antérieure
        Qui le remplit d’un vaste oubli.
 
        Il a des soifs inassouvies ;
        Dans son passé vertigineux,
        Il sent revivre d’autres vies ;
        De son âme il compte les nœuds.
 
        Il cherche au fond des sombres dômes
        Sous quelles formes il a lui ;
        Il entend ses propres fantômes
        Qui lui parlent derrière lui.
 
        Il sent que l’humaine aventure
        N’est rien qu’une apparition ;
        Il se dit : — Chaque créature
        Est toute la création.
 
        Il se dit : — Mourir, c’est connaître ;
        Nous cherchons l’issue à tâtons.
        J’étais, je suis, et je dois être.
        L’ombre est une échelle. Montons. —
 
        Il se dit : — Le vrai, c’est le centre.
        Le reste est apparence ou bruit.
        Cherchons le lion, et non l’antre ;
        Allons où l’œil fixe reluit. —
 
        Il sent plus que l’homme en lui naître ;
        Il sent, jusque dans ses sommeils,
        Lueur à lueur, dans son être,
        L’infiltration des soleils.
 
        Ils cessent d’être son problème ;
        Un astre est un voile, il veut mieux ;
        Il reçoit de leur rayon même
        Le regard qui va plus loin qu’eux.
 
 

*


 
        Pendant que, nous, hommes des villes,
        Nous croyons prendre un vaste essor
        Lorsqu’entre en nos prunelles viles
        Le spectre d’une étoile d’or ;
 
        Que, savants dont la vue est basse,
        Nous nous ruons et nous brûlons
        Dans le premier astre qui passe,
        Comme aux lampes les papillons,
 
        Et qu’oubliant le nécessaire,
        Nous contentant de l’incomplet,
        Croyant éclairés, ô misère !
        Ceux qu’éclaire le feu follet,
 
        Prenant pour l’être et pour l’essence
        Les fantômes du ciel profond,
        Voulant nous faire une science
        Avec des formes qui s’en vont,
 
        Ne comprenant, pour nous distraire
        De la terre, où l’homme est damné,
        Qu’un autre monde, sombre frère
        De notre globe infortuné,
 
        Comme l’oiseau né dans la cage,
        Qui, s’il fuit, n’a qu’un vol étroit,
        Ne sait pas trouver le bocage,
        Et va d’un toit à l’autre toit ;
 
        Chercheurs que le néant captive,
        Qui, dans l’ombre, avons en passant
        La curiosité chétive
        Du ciron pour le ver luisant,
 
        Poussière admirant la poussière,
        Nous poursuivons obstinément,
        Grains de cendre, un grain de lumière
        En fuite dans le firmament !
 
        Pendant que notre âme humble et lasse
        S’arrête au seuil du ciel béni,
        Et va becqueter dans l’espace
        Une miette de l’infini,
 
        Lui, ce berger, ce passant frêle,
        Ce pauvre gardeur de bétail
        Que la cathédrale éternelle
        Abrite sous son noir portail,
 
        Cet homme qui ne sait pas lire,
        Cet hôte des arbres mouvants,
        Qui ne connaît pas d’autre lyre
        Que les grands bois et les grands vents,
 
        Lui, dont l’âme semble étouffée,
        Il s’envole, et, touchant le but,
        Boit avec la coupe d’Orphée
        À la source où Moïse but !
 
        Lui, ce pâtre, en sa Thébaïde,
        Cet ignorant, cet indigent,
        Sans docteur, sans maître, sans guide,
        Fouillant, scrutant, interrogeant
 
        De sa roche où la paix séjourne,
        Les cieux noirs, les bleus horizons,
        Double ornière où sans cesse tourne
        La roue énorme des saisons ;
 
        Seul, quand mai vide sa corbeille,
        Quand octobre emplit son panier ;
        Seul, quand l’hiver à notre oreille
        Vient siffler, gronder, et nier ;
 
        Quand sur notre terre, où se joue
        Le blanc flocon flottant sans bruit,
        La mort, spectre vierge, secoue
        Ses ailes pâles dans la nuit ;
 
        Quand, nous glaçant jusqu’aux vertèbres,
        Nous jetant la neige en rêvant,
        Ce sombre cygne des ténèbres
        Laisse tomber sa plume au vent ;
 
        Quand la mer tourmente la barque ;
        Quand la plaine est là, ressemblant
        À la morte dont un drap marque
        L’obscur profil sinistre et blanc ;
 
        Seul sur cet âpre monticule,
        À l’heure où, sous le ciel dormant,
        Les méduses du crépuscule
        Montrent leur face vaguement ;
 
        Seul la nuit, quand dorment ses chèvres,
        Quand la terre et l’immensité
        Se referment comme deux lèvres
        Après que le psaume est chanté ;
 
        Seul, quand renaît le jour sonore,
        À l’heure où sur le mont lointain
        Flamboie et frissonne l’aurore,
        Crête rouge du coq matin ;
 
        Seul, toujours seul, l’été, l’automne ;
        Front sans remords et sans effroi
        À qui le nuage qui tonne
        Dit tout bas : Ce n’est pas pour toi !
 
        Oubliant dans ces grandes choses
        Les trous de ses pauvres habits,
        Comparant la douceur des roses
        À la douceur de la brebis,
 
        Sondant l’être, la loi fatale ;
        L’amour, la mort, la fleur, le fruit ;
        Voyant l’auréole idéale
        Sortir de toute cette nuit,
 
        Il sent, faisant passer le monde
        Par sa pensée à chaque instant,
        Dans cette obscurité profonde
        Son œil devenir éclatant ;
 
        Et, dépassant la créature,
        Montant toujours, toujours accru,
        Il regarde tant la nature,
        Que la nature a disparu !
 
        Car, des effets allant aux causes,
        L’œil perce et franchit le miroir,
        Enfant ; et contempler les choses,
        C’est finir par ne plus les voir.
 
        La matière tombe détruite
        Devant l’esprit aux yeux de lynx ;
        Voir, c’est rejeter ; la poursuite
        De l’énigme est l’oubli du sphynx.
 
        Il ne voit plus le ver qui rampe,
        La feuille morte émue au vent,
        Le pré, la source où l’oiseau trempe
        Son petit pied rose en buvant ;
 
        Ni l’araignée, hydre étoilée,
        Au centre du mal se tenant,
        Ni l’abeille, lumière ailée,
        Ni la fleur, parfum rayonnant ;
 
        Ni l’arbre où sur l’écorce dure
        L’amant grave un chiffre d’un jour,
        Que les ans font croître à mesure
        Qu’ils font décroître son amour.
 
        Il ne voit plus la vigne mûre,
        La ville, large toit fumant,
        Ni la campagne, ce murmure,
        Ni la mer, ce rugissement ;
 
        Ni l’aube dorant les prairies,
        Ni le couchant aux longs rayons,
        Ni tous ces tas de pierreries
        Qu’on nomme constellations,
 
        Que l’éther de son ombre couvre,
        Et qu’entrevoit notre œil terni
        Quand la nuit curieuse entr’ouvre
        Le sombre écrin de l’infini ;
 
        Il ne voit plus Saturne pâle,
        Mars écarlate, Arcturus bleu,
        Sirius, couronne d’opale,
        Aldebaran, turban de feu ;
 
        Ni les mondes, esquifs sans voiles,
        Ni, dans le grand ciel sans milieu,
        Toute cette cendre d’étoiles ;
        Il voit l’astre unique ; il voit Dieu !
 
 

*


 
        Il le regarde, il le contemple ;
        Vision que rien n’interrompt !
        Il devient tombe, il devient temple ;
        Le mystère flambe à son front.
 
        Œil serein dans l’ombre ondoyante,
        Il a conquis, il a compris,
        Il aime ; il est l’âme voyante
        Parmi nos ténébreux esprits.
 
        Il marche, heureux et plein d’aurore,
        De plain-pied avec l’élément ;
        Il croit, il accepte. Il ignore
        Le doute, notre escarpement ;
 
        Le doute, qu’entourent les vides,
        Bord que nul ne peut enjamber,
        Où nous nous arrêtons stupides,
        Disant : Avancer, c’est tomber !
 
        Le doute, roche où nos pensées
        Errent loin du pré qui fleurit,
        Où vont et viennent, dispersées,
        Toutes ces chèvres de l’esprit !
 
        Quand Hobbes dit : « Quelle est la base ? »
        Quand Locke dit : « Quelle est la loi ? »
        Que font à sa splendide extase
        Ces dialogues de l’effroi ?
 
        Qu’importe à cet anachorète
        De la caverne Vérité,
        L’homme qui dans l’homme s’arrête,
        La nuit qui croit à sa clarté ?
 
        Que lui fait la philosophie,
        Calcul, algèbre, orgueil puni,
        Que sur les cimes pétrifie
        L’effarement de l’infini !
 
        Lueurs que couvre la fumée !
        Sciences disant : Que sait-on ?
        Qui, de l’aveugle Ptolémée,
        Montent au myope Newton !
 
        Que lui font les choses bornées,
        Grands, petits, couronnes, carcans ?
        L’ombre qui sort des cheminées
        Vaut l’ombre qui sort des volcans.
 
        Que lui font la larve et la cendre,
        Et, dans les tourbillons mouvants,
        Toutes les formes que peut prendre
        L’obscur nuage des vivants ?
 
        Que lui fait l’assurance triste
        Des créatures dans leurs nuits ?
        La terre s’écriant : J’existe !
        Le soleil répliquant : Je suis !
 
        Quand le spectre, dans le mystère,
        S’affirme à l’apparition,
        Qu’importe à cet œil solitaire
        Qui s’éblouit du seul rayon ?
 
        Que lui fait l’astre, autel et prêtre
        De sa propre religion,
        Qui dit : Rien hors de moi ! — quand l’être
        Se nomme Gouffre et Légion ?
 
        Que lui font, sur son sacré faîte,
        Les démentis audacieux
        Que donne aux soleils la comète,
        Cette hérésiarque des cieux ?
 
        Que lui fait le temps, cette brume ?
        L’espace, cette illusion ?
        Que lui fait l’éternelle écume
        De l’océan Création ?
 
        Il boit, hors de l’inabordable,
        Du surhumain, du sidéral,
        Les délices du formidable,
        L’âpre ivresse de l’idéal ;
 
        Son être, dont rien ne surnage,
        S’engloutit dans le gouffre bleu ;
        Il fait ce sublime naufrage ;
        Et, murmurant sans cesse : — Dieu, —
 
        Parmi les feuillages farouches,
        Il songe, l’âme et l’œil là-haut,
        À l’imbécilité des bouches
        Qui prononcent un autre mot !
 
 

*


 
        Il le voit, ce soleil unique,
        Fécondant, travaillant, créant,
        Par le rayon qu’il communique
        Égalant l’atome au géant,
 
        Semant de feux, de souffles, d’ondes,
        Les tourbillons d’obscurité,
        Emplissant d’étincelles mondes
        L’épouvantable immensité,
 
        Remuant, dans l’ombre et les brumes,
        De sombres forces dans les cieux
        Qui font comme des bruits d’enclumes
        Sous des marteaux mystérieux,
 
        Doux pour le nid du rouge-gorge,
        Terrible aux satans qu’il détruit ;
        Et, comme aux lueurs d’une forge,
        Un mur s’éclaire dans la nuit,
 
        On distingue en l’ombre où nous sommes,
        On reconnaît dans ce bas lieu,
        À sa clarté parmi les hommes,
        L’âme qui réverbère Dieu !
 
        Et ce pâtre devient auguste ;
        Jusqu’à l’auréole monté,
        Étant le sage, il est le juste ;
        Ô ma fille, cette clarté
 
        Sœur du grand flambeau des génies,
        Faite de tous les rayons purs
        Et de toutes les harmonies
        Qui flottent dans tous les azurs,
 
        Plus belle dans une chaumière,
        Éclairant hier par demain,
        Cette éblouissante lumière,
        Cette blancheur du cœur humain
 
        S’appelle en ce monde, où l’honnête
        Et le vrai des vents est battu,
        Innocence avant la tempête,
        Après la tempête vertu !
 
 

*


 
Voilà donc ce que fait la solitude à l’homme ;
Elle lui montre Dieu, le dévoile et le nomme ;
            Sacre l’obscurité,
Pénètre de splendeur le pâtre qui s’y plonge,
Et, dans les profondeurs de son immense songe
            T’allume, ô vérité !
 
Elle emplit l’ignorant de la science énorme ;
Ce que le cèdre voit, ce que devine l’orme,
            Ce que le chêne sent,
Dieu, l’être, l’infini, l’éternité, l’abîme,
Dans l’ombre elle le mêle à la candeur sublime
            D’un pâtre frémissant.
 
L’homme n’est qu’une lampe, elle en fait une étoile.
Et ce pâtre devient, sous son haillon de toile,
            Un mage ; et, par moments,
Aux fleurs, parfums du temple, aux arbres, noirs pilastres,
Apparaît couronné d’une tiare d’astres,
            Vêtu de flamboiements !
 
Il ne se doute pas de cette grandeur sombre :
Assis près de son feu que la broussaille encombre,
            Devant l’être béant,
Humble, il pense ; et, chétif, sans orgueil, sans envie,
Il se courbe, et sent mieux, près du gouffre de vie,
            Son gouffre de néant.
 
Quand il sort de son rêve, il revoit la nature.
Il parle à la nuée, errant à l’aventure,
            Dans l’azur émigrant ;
Il dit : « Que ton encens est chaste, ô clématite ! »
Il dit au doux oiseau : « Que ton aile est petite,
            Mais que ton vol est grand ! »
 
Le soir, quand il voit l’homme aller vers les villages,
Glaneuses, bûcherons qui traînent des feuillages,
            Et les pauvres chevaux
Que le laboureur bat et fouette avec colère,
Sans songer que le vent va le rendre à son frère
            Le marin sur les flots ;
 
Quand il voit les forçats passer, portant leur charge,
Les soldats, les pêcheurs pris par la nuit au large,
            Et hâtant leur retour,
Il leur envoie à tous, du haut du mont nocturne,
La bénédiction qu’il a puisée à l’urne
            De l’insondable amour !
 
Et, tandis qu’il est là, vivant sur sa colline,
Content, se prosternant dans tout ce qui s’incline,
            Doux rêveur bienfaisant,
Emplissant le vallon, le champ, le toit de mousse,
Et l’herbe et le rocher de la majesté douce
            De son cœur innocent,
 
S’il passe par hasard, près de sa paix féconde,
Un de ces grands esprits en butte aux flots du monde
            Révolté devant eux,
Qui craignent à la fois, sur ces vagues funèbres,
La terre de granit et le ciel de ténèbres,
            L’homme ingrat, Dieu douteux ;
 
Peut-être, à son insu, que ce pasteur paisible,
Et dont l’obscurité rend la lueur visible,
            Homme heureux sans effort,
Entrevu par cette âme en proie au choc de l’onde,
Va lui jeter soudain quelque clarté profonde
            Qui lui montre le port !
 
Ainsi ce feu peut-être, aux flancs du rocher sombre,
Là-bas est aperçu par quelque nef qui sombre
            Entre le ciel et l’eau ;
Humble, il la guide au loin de son reflet rougeâtre,
Et du même rayon dont il réchauffe un pâtre,
            Il sauve un grand vaisseau !
 
 
 

IV


 
 

*


 
Et je repris, montrant à l’enfant adorée
L’obscur feu du pasteur et l’étoile sacrée :
 
— De ces deux feux, perçant le soir qui s’assombrit
L’un révèle un soleil, l’autre annonce un esprit.
            C’est l’infini que notre œil sonde ;
Mesurons tout à Dieu, qui seul crée et conçoit !
C’est l’astre qui le prouve et l’esprit qui le voit ;
            Une âme est plus grande qu’un monde.
 
Enfant, ce feu de pâtre à cette âme mêlé,
Et cet astre, splendeur du plafond constellé
            Que l’éclair et la foudre gardent,
Ces deux phares du gouffre où l’être flotte et fuit,
Ces deux clartés du deuil, ces deux yeux de la nuit,
            Dans l’immensité se regardent.
 
Ils se connaissent ; l’astre envoie au feu des bois
Toute l’énormité de l’abîme à la fois,
            Les baisers de l’azur superbe,
Et l’éblouissement des visions d’Endor ;
Et le doux feu de pâtre envoie à l’astre d’or
            Le frémissement du brin d’herbe.
 
Le feu de pâtre dit : — La mère pleure, hélas !
L’enfant a froid, le père a faim, l’aïeul est las ;
            Tout est noir ; la montée est rude ;
Le pas tremble, éclairé par un tremblant flambeau ;
L’homme au berceau chancelle et trébuche au tombeau. —
            L’étoile répond : — Certitude !
 
De chacun d’eux s’envole un rayon fraternel,
L’un plein d’humanité, l’autre rempli de ciel ;
            Dieu les prend, et joint leur lumière,
Et sa main, sous qui l’âme, aigle de flamme, éclôt,
Fait du rayon d’en bas et du rayon d’en haut
            Les deux ailes de la prière.
 

Ingouville, août 1839.

Les Contemplations (I), 1856

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