Francis Jammes

Clairières dans le Ciel


L’Église habillée de feuilles


 
 

1


 
Dans la pâleur embaumée de ce soleil fou,
la chapelle des champs, vêtue d’un petit bois,
enferme le mystère de clarté et de joie.
Son clocher, comme un épi blanc mûr en Août,
tout poudroyant de la farine eucharistique,
domine les vallons bleus comme des cantiques.
Comme une flèche encor, dans le cœur de l’Été,
par l’arc de l’horizon ce clocher est planté.
Ce sont quatre tableaux exacts et monotones
qui l’entourent et qui reviennent chaque année :
 
C’est le verdissement des buissons et des prés.
C’est le roussissement des vaches et des blés.
C’est le bleuissement des vignes où il tonne.
C’est le noircissement des jours diminués
par l’espèce de suie qui tombe des nuées.
Et la chapelle a un chapeau de roses jaunes.
 
On peut la voir encor, comme un bateau de pêche,
naviguant sur les flots luisants du labourage
où, parfois, on voit luire l’aile qui se dépêche
d’une charrue comme une mouette dans l’orage.
 
Au milieu des champs, dis-je, l’église s’élève.
C’est là, entre ces murs pâles comme des grèves,
c’est là qu’est le refuge et c’est là qu’est le rêve.
 
Par cette grande paix que l’homme cherche en soi ;
par les jours finissants aux vieux balcons de bois
où le cœur blanc des géraniums noirs s’attriste ;
par l’obscure douceur des choses villageoises ;
par les pigeons couleur d’arc-en-ciel et d’ardoise ;
par le chien dont la tête humble nous invite
à lui passer la main dessus ; par tout cela :
Chapelle, sois bénie à l’ombre de ton bois !
 
 
 

2


 
Or, tandis que priait ce poète — c’était
jour de première communion où se balancent
devant l’autel doré des guêpes toutes blanches,
— il voyait dans le fond de son cœur cette chose :
s’ouvrir joyeusement une tombe, ô lumière !
 
C’était la tombe de ses grand-père et grand-mère,
dans les Antilles bleues, fleuries de tabacs roses,
là-bas où l’Océan comme une vitre luit,
noir comme le feuillage et vert comme la nuit.
Les âmes des aïeux, il les sentait monter
comme une onde tremblante et, soudain, déborder
de ce sépulcre ouvert sur la crypte infinie,
et aller dans un Ciel où dans la grande paix
toutes deux souriaient à la douleur passée.
 
 
 

3


 
Et c’est ainsi que Dieu répondait au poète
qui se sentait saisi dans la chapelle en fête
de ce souffle venu d’on ne sait quelle tempête,
ce souffle des fins-fonds des matins et des soirs
qui vit réellement au cœur de l’Ostensoir.
 
 
 

4


 
Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs,
on ne sait trop comment, les unes luxueuses
et lourdes de parfum comme les tubéreuses ;
les autres pauvres, ternes et de peu d’odeur,
ainsi que les pensées d’un parterre indigent.
Le Poète les voit monter vers l’Indulgent,
vers le Père qui seul pèse l’or et l’argent.
Et c’est Lui qui évalue le prix de chaque fleur,
qu’il voit venir à Lui. Et, seul, Il peut juger
au-dessus de nos sens, au-dessus de nos haines,
si l’humilité bleue d’un bouquet de verveines
vaut autant, plus ou moins, que l’œillet recherché.
Car, soucieusement, tel qu’un très vieux marin
dont la barbe a été battue par le tonnerre,
sur les gouffres du ciel de nacre Dieu tend les mains
à tous ceux qui, souffrants, lui offrent leurs misères
au creux d’un diamant ou d’une primevère.
 
 
 

5


 
La paix des champs s’étend autour de la chapelle.
Et, au carrefour poudreux, parmi les avoines,
les menthes, les chicorées et les aigremoines,
se dresse un grand Christ de bois creux où les abeilles
ont fait leur nid. Et on peut voir, dans le soleil,
aller, venir, ces affairées pleines de miel
comme des lettres noires écrites dans le ciel.
 
De quoi nourrir son Dieu si ce n’est pas de miel ?
 
Parfois le cantonnier qui casse des cailloux
lève la tête et voit le Christ, le seul ami
qu’il ait sur cette route où palpite Midi.
Pour casser les cailloux l’ouvrier est à genoux
dans l’ombre de ce Christ dont le flanc est vermeil.
Et tout le miel alors chante dans le soleil.
 
Le poète contemple et médite. Il se dit,
devant le lent frisson des champs, que chaque épi
est du peuple de Dieu la sage colonie
dont chaque grain attend, pour être vivifié,
que des grottes du Ciel l’eau se soit élancée.
Il se dit que ce grain désormais va pousser
dans l’azur précieux que tout approfondit
et, qu’image du Fils de Dieu, né lui aussi
dans une grotte, il nourrira ceux qui ont faim.
Et l’épi qui naîtra à son tour de ce grain
aura la forme d’un clocher dans une aurore.
 
 
 

6


 
Le poète n’est plus jeune comme autrefois.
Il a dit à son chien ; chien, il est d’autres bois
que ceux où nous chassions dans le fumeux automne
il est d’autres ajoncs et il est d’autres chaumes :
il y a les fougeraies des ténèbres de Dieu,
les fourrés qui le soir respirent dans les Cieux.
Mais le poète, bien qu’amer devant la vie
qu’il avait tant aimée et qui l’avait trahi,
le poète savait sourire aux jeunes filles
dont les joues sont les pommes rouges des charmilles.
Il faut que, sans savoir pourquoi, ces enfants rient.
Il faut laisser jaser les sources des prairies.
 
À mesure que le poète allait à Dieu
et que, de plus en plus, se faisait raboteux
le chemin où l’on est forcé de s’engager,
son cœur paisible, bien que déçu, souriait
aux échos des baisers dans les vacances lourdes.
Son âme, ardente et triste et tendrement amère,
à genoux maintenant devant chaque Mystère
devenait l’humble sœur de l’humble coquelourde
qui orne la pauvreté du buis presbytéral...
 
D’autres jardins s’ouvraient, mais si beaux et si sombres
que leurs feuilles gênaient celui qui voulait voir ;
et la beauté suprême était ce large noir
où se risquait son cœur comme un homme qui plonge.
 
 
 

7


 
Car maintenant, nourri d’un ineffable blé,
il semblait qu’à ses yeux s’ouvrît un nouveau monde :
l’oiseau, l’arbre, la pierre avaient une clarté
qu’il ne connaissait pas, et la tuile frappée
par le soleil tombant était profonde et nette.
Ce n’était plus ce cauchemar fou et grotesque
où les choses ont l’air surprises d’exister :
Maintenant chaque chose était telle qu’elle est.
Dans le jardin Dieu seul avait mis la lavande
et les bruyères et les genêts dans les landes.
 
Il avait découpé, par un très doux mystère,
ce petit coq dans du soleil vert, et ce lièvre
à même le terreau éboulé d’un sillon,
et, dans la blanche fleur des pois, ce papillon.
 
 
 

8


 
Le poète, tandis que l’Été s’élevait,
disait : Je ne sais rien de ce que Vous savez,
ô mon Dieu qui vivez dans le cœur de mon âme !
Et l’azur respirait sur lui comme une flamme.
Et alors, tout empli du large et profond souffler
il rendait à l’azur ce souffle par sa bouche.
 
 
 

9


 
Il dit au cantonnier, au sortir de l’église :
« Salut ! » Et l’autre dit : « Salut, maître ! » Et la brise
fait bouger le platane aux fraîcheurs d’ombre et d’eau.
Ce frisson se propage et, plus loin, des bouleaux
fourmillent. Tout bientôt redevient immobile.
Ils causent. Un coq chante. Et la petite ville
découpe sa blancheur sur le noir du coteau.
Alors, ouvrant son paroissien à l’Évangile,
le poète dit au cantonnier : Quand tu auras
cassé tous les cailloux de ta vie, tu pourras
te reposer au Ciel de toutes tes fatigues.
 
Je l’espère. Monsieur, dit l’autre. Vous aussi
vous travaillez. Et le poète : Oui, mon ami,
auprès de toi je me reposerai, j’espère.
Nous sommes les ouvriers de Celui qui est le Père.
Si le grain de froment dont parle l’Évangile
ne meurt pas sur la terre, il demeure stérile.
Seul, le grain dont le cœur souffre porte un épi.
L’homme est un grain de blé mis sur terre par Dieu,
et, s’il germe ici-bas, c’est pour gagner les Cieux.
 
Ils causaient et, debout, dans l’ardeur bleue solaire
la Croix dont deux bras sont au ciel, l’autre est sur terre,
protégeait le sommeil d’une déshéritée.
Elle était là, béate, et ses bardes bâillaient
mettant sa chair à nu comme d’un grain de blé
dont l’écorce travaille et qui veut éclater.
Le poète dit au cantonnier : Cette femme
est bien le grain de blé que travaille son âme.
 
 
 

10


 
Au crépuscule, à l’heure où le silence saint
de la chapelle, par un mariage divin,
s’unit aux boiseries qu’orne un chemin de croix,
enfumées du parfum des encens séculaires...
quand l’ombre rejoint l’eau dans le bénitier froid...
quand le vent pleure bas autour du presbytère
dans les tristes rameaux de peupliers carolins...
quand le dernier rayon dore de son mystère
l’althæa rose auprès duquel lit son bréviaire
un humble desservant qui va vers son déclin...
 
Alors, sortant de la chapelle où l’a mené
sa rêverie errante, le poète a refermé
la grille. On voit la lune en métal bosselé.
L’âme garde longtemps le parfum du rosaire
comme la boîte verte garde une odeur de feuilles.
Certe il est bon, quand la Terre vous abandonne,
de méditer, et qu’alors le Ciel vous accueille.
Il est bon, quand sur soi l’orage couve et tonne,
de descendre dans la profondeur des Mystères ;
il est bon lorsque les hommes vous ont trahi,
quand on est exilé, quand on n’est pas compris,
de retrouver toujours la Famille divine.
Cette Famille est là, qui avec vous chemine
ou s’arrête avec vous, matin, midi et soir ;
il est bon de parler à la Vierge et la voir,
tantôt enfant, avec son voile dans le Temple,
pure comme elle-même et remplissant sa lampe ;
tantôt tranquillement belle, puissamment mère ;
tantôt vieille, voûtée et saintement amère.
Il est bon d’évoquer son Enfant glorieux
et, banni par les hommes, d’habiter avec Dieu.
 
 

11


 
Maintenant, ô mon Dieu, je sais que chaque chose
porte en soi son Mystère et que Vous le savez.
Ceci est un caillou, ceci est une rose,
ceci est une femme et ceci un baiser.
 
Mon Père approchez-vous. Maître, je Vous appelle.
Inspirez-moi comme le vent qui fait pleurer,
qui fait pleurer d’amour autour de la chapelle,
pleurer comme la pluie le chagrin des lauriers !
 
 
 

12


 
La colombe tenant le rameau d’olivier,
c’est la Vierge apportant, dans le trouble, la paix.
L’ag’neau pascal qu’on pend au linteau de la porte
sera plus tard l’Agneau que l’on a mis en Croix.
Ce n’est que peu à peu qu’un Mystère se voit.
L’ardent Buisson parlait avant la Pentecôte.
Avant qu’y fût Noé sur l’eau était l’Église ;
Noé était sur l’eau avant qu’y fût Moïse ;
Moïse était sur l’eau avant qu y fût saint Pierre.
De plus en plus se fait intense la Lumière.
 
 
 

13


 
En ce jour-là l’église allègrement sonnait,
car la fille d’un métayer se mariait.
L’église sonnait sur la gloire des maïs d’Août.
Elle sonnait au-dessus des granges recueillies,
et sonnait au-dessus des hangars et des puits
dont on entendait les chaînes rouillées se taire,
et sonnait au-dessus des greniers et des aires,
et sonnait au-dessus des batteuses qui ronflent,
et sonnait au-dessus des filles brunes et blondes
qui s’élançaient pour la noce de leur amie,
et sonnait à grands sanglots d’amour qui s’espacent,
et sonnait. Et les bœufs ensommeillés qui passent
s’arrêtaient intrigués, levant leurs cornes pâles
vers ces cœurs de la haie, les roses du Bengale.
Et sonnait. Et les pigeonnes gonflant le dos
roucoulaient sur les toits, diaprées comme l’eau.
Leurs pieds roses éperonnés coupaient l’air bleu.
Et la fille du métayer comme une fleur
se balançait sur le perron, parmi les coqs.
Et sonnait, et sonnait. On entendait le choc
de chaque coup de cloche au large des collines.
Et le cortège se formait au potager.
Et les amies suivaient la blême fiancée.
comme l’on suit le vol d’un papillon des neiges.
Une musique naïve précédait le cortège,
et le poète louait Dieu en se disant :
C’est ainsi qu’autrefois partit pour Chanaan
Rebecca dont la race était vaillante et fière.
Les temps n’ont point changé pour ceux qui croient au Père.
Voici le puits, peut-être, où tu laissas, Rachel,
se dénouer tes boucles lourdes sur tes mains belles,
cependant que Jacob guettait, dessous les palmes,
comme un fruit d’or bruni tes joues fermes et calmes.
 
 
 

14


 
Une noix d’Amérique est tombée sur l’allée.
Elle annonce l’automne et son odeur étrange
substitue à l’amour doucement désolé
l’Amour de Dieu vivant aux ténèbres des branches.
 
 
 

15


 
Il est des jours où l’ame est triste. Elle retombe.
Et Dieu ne répond plus, semble-t-il. Et l’on songe
à la sueur d’angoisse, à l’abandon du Fils.
« L’âme est triste jusqu’à la mort. » Et on supplie,
on s’obstine. Mais Dieu comme un mur de cachot
demeure sourd, et l’on flotte dans le chaos.
Et le cœur se dissout dans l’âme ainsi troublée.
 
Alors, tenant ainsi qu’une poignée de blé
son chapelet, ces grains de l’humilité sombre,
le poète le sème aux divins champs de l’ombre
où germe la moisson de toutes les prières.
 
Il sent confusément qu’une grande Lumière
lui est cachée par son corps dont il ne peut sortir.
Pour briser la cloison, et voir, il faut mourir.
L’œil ne laisse passer que ce jour de souffrance
que voit un prisonnier qui attend sa délivrance.
Le poète s’obstine, il appelle son Dieu.
Or, tandis qu’il l’appelle, un Sens mystérieux
semble à peine venir, mais vient, des profondeurs
qui le recouvrent peu à peu comme un plongeur.
... Ce sont les fruits de son rosaire qui éclosent
dans le Ciel. Ce sont les fruits de Foi interdits
au triste Orgueil qui méprise ces grains de buis
parce qu’il ignore le mystère de toute chose.
 
 
 

16


 
Je ne suis séparé de Vous que par mon corps,
mon Dieu ! Qu’il se brise. Et alors je Vous verrai.
Mais qu’il se brise en répandant l’huile sacrée
dont Madeleine oignit Vos pieds pour Votre mort.
 
 
 

17


 
Notre Père, avant le sommeil et le réveil :
Voici la Vie. Vous seul comprenez ce Mystère
que j’existe, et qu’encore aujourd’hui le Soleil
éclaire tout ce qui se passe sur la Terre.
 
Me voici. Je ne suis qu’un homme. Je regarde.
C’est Vous qui éclairez la nuit qui est dans mes yeux
et, sans Vous, chaque chose est insane et hagarde.
Mon âme crie. Elle a la nostalgie desCieux.
 
Je vis et ma vie va vers Vous, ô suprême Être !
Les Ténèbres où Vous Vous cachez m’ont séduit.
Aimez ce voyageur qui, errant sous les hêtres,
préfère à ce qu’il voit ce que cache la Nuit.
 
... Mais suivre cette route obscure est bien pénible !
Je tâtonne. J’appelle. On ne me répond point.
Dieu ! Que votre silence est profond et terrible !
Ouvrez-moi donc la porte où je heurte du poing ?
 
Ah ! d’autres trouveront, dans la paix des cellules,
à remplir tout leur cœur avec ce qu’ils n’ont pas,
mais moi j’entends l’appel au fond du crépuscule
de ma passion nue sur son lit de lilas.
 
Vous avez assigné par des lois très adroites
à cette âme sans frein et déchaînée en moi,
Vous avez assigné des limites étroites
qu’elle ne peut franchir tant que Vous êtes là.
 
N’aurez-vous pas pitié de votre serviteur ?
Il est blessé. Il gît. Il a soif. La savane
s’étend. Le bon Samaritain, ô mon Sauveur,
ne passera-t-il pas bientôt sous les lianes ?
 
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi faut-il aussi longtemps,
pourquoi faut-il pour que je puisse Vous aimer
que Vous foudroyiez les fleurs de mon Printemps ?
 
— Mon fils, l’abricot point déjà dans la ramée.
 
 
 

18


 
Ô mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
pour ce beau corps blanc comme un tapis de lilas :
Je suis seul aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.
 
Ô mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand ma force éclatait dans l’Été de ma joie :
Je suis triste aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.
 
Ô mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand je foulais d’un pied prodigue l’or des bois :
Je suis pauvre aujourd’hui. Tiens ma main dans ta main.
 
Ô mon Ange gardien, toi que j’ai laissé là
quand je rêvais devant la neige sur les toits.
Je ne sais plus rêver. Tiens ma main dans ta main.
 
 
 

19


 
La chapelle sonnait encore. Et chaque coup
de cloche, comme un martinet dans le beau temps,
s’élançait du battant, demeurait un instant
suspendue, décrivait un cercle lent et doux
et revenait percher sa note sur son nid
qu’ourlait un bleu céleste un peu mêlé de gris.
 
C’était l’enterrement d’une vieille paysanne,
de celles qui ont mené l’existence d’esclave.
On posa le cercueil sous le porche, un moment,
où des pigeons vinrent familièrement,
comme s’ils eussent cru que la morte sereine
allât se réveiller pour leur jeter des graines,
 
Le poète, assistant à la messe, sentait
l’illumination de Dieu dissiper l’ombre
balayée par le vol de ces saintes colombes.
Ici, le chant funèbre après soi ne laissait
qu’un grand silence ardent où l’âme s’élevait
dans une calme joie de tâche terminée
faite du hosanna du déclin des journées.
 
Et lorsque le cercueil dans le clair cimetière
eut été recouvert, par les paysans, de terre,
ceux-ci, marquant la fin de l’œuvre solennelle,
formèrent sur la fosse un faisceau de leurs pelles.
 
 
 

20


 
La lune dans la nuit fait songer à la Terre
Le Silence, fermant les yeux, entre en prière.
 
 
 

21


 
Dans ce site où la Sainte Vierge est apparue,
la roche et le galet sont lustrés par l’eau crue
qui mire une lumière aveuglante, brisée
par ces cristaux d’air bleu appelés Pyrénées.
La flore est composée d’espèces balsamiques,
et la faune d’agneaux aperçus de si bas
qu’il semble que ce soit dans l’azur qu’ils cheminent.
Ainsi qu’un long soupir on entend un cantique
monter de la Douleur des douleurs qui sont là.
 
C’est près du vert torrent, dans le coin d’une grotte,
que la Vierge, vêtue de neige et de ciel bleu,
comme une eau descendue d’une céleste roche
Jasa vers une enfant pauvre comme son Dieu.
Grottes de Bethléem et du Gethsémani,
fontaines d’abondance, on vous retrouve ici !
 
Agenouillé dans l’ardente grotte enfumée,
dans la terrible joie de son humilité,
pareil à ces manants qui ne savent pas lire,
laissant loin la raison savante qui délire,
le poète reçoit la vie telle qu’elle est.
Et il comprend, en regardant ces faces rustres
et ces mains de terreau semant des chapelets,
que c’est dans cette Foi pauvre, nue et robuste,
qu’entre, pour l’habiter comme une crèche. Dieu.
 
 
 

22


 
Le poète et l’ami causent. Une pelouse
entre deux hauts coteaux rend graves leurs pensées.
C’est l’heure où la palombe lisse aux pattes rouges
choisit le chêne noir où son vol est bercé.
Les cœurs trois fois meurtris recherchent les lisières,
alors que le brouillard au-dessus des bruyères
descend avec tendresse et n’ose s’y poser.
Effarouché soudain, rasant l’ombre ef la mousse,
l’aile de l’angélus touche le cœur des bois.
Le poète : tout ici bas trouve une chose
où se poser quand la nuit tombe et qu’on a froid :
le ramier un rameau, l’angélus un ciel rose,
la caresse une amante et mon âme une croix.
 
 
 

23


 
Le poète est tout seul dans la forêt de l’âme.
Il est découragé par le trop long chemin.
Il attend, mais en vain, sous le cristal des lianes
et sous les baumiers bleus le bon Samaritain.
 
Il prie Dieu qui se tait. Alors, il s’exaspère,
et la douleur sur lui pèse comme un tonnerre :
Répondez-moi, Seigneur, que voulez-vous de moi ?
Je suis dépossédé même de votre joie,
et je me sens dans une grande sécheresse.
Revenez ! Donnez-moi seulement l’allégresse
de cet oiseau chantant au cœur de l’arbousier ?
Que me voulez-vous donc pour que vous me brisiez ?
 
— Je laboure ton cœur. Patience, ô mon enfant !
Tu souffres que je doive avec toi être juste.
Garde-moi dans ce cœur, même lorsque le vent
arrache les dernières roses des arbustes.
 
Ne m’abandonne point, car j’ai besoin de toi.
Ô mon fils bien-aimé ! J’ai besoin de tes larmes.
J’ai besoin d’un oiseau pour chanter sur la Croix.
Veux-tu donc me quitter, rouge-gorge de l’âme ?
 
— Mon Dieu, sur votre front ceint d’une haie d’épines,
je chanterai durant toute votre agonie :
mais lorsque fleurira la couronne terrible
vous laisserez l’oiseau y construire son nid.
 
 
 

24


 
Le moine, comme un vieil aigle ami des nuages,
dans le creux d’un rocher mange son pain amer
que la neige amollit. Puis son rauque Pater
arrive au Ciel sur le tombereau des orages.
 
Il médite longtemps sur la Création.
Sa sauvage pensée évoque le chaos :
Dieu crée le ciel, la Terre et tous les animaux,
et l’homme dont son souffle anima le limon.
 
C’est le Credo, en dehors de quoi tout est vain.
C’est l’explication brutale qui s’impose :
L’Éternel a parlé dans l’Éden lourd de roses,
il a fait le cheval et il a fait le chien.
 
Que mon âme se pose à la plus haute cime !
Et que là, comme l’eau de roche dépouillée
de la boue de l’org-ueil qui l’avait tant souillée,
elle te réfléchisse, ô Nuit qui l’illumines !
 
 
 

25


 
Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême !
Chante à travers tes pleurs ! Et dis-nous que tu aimes
cet humble enfant avec ce cortège craintif,
et jusqu’au petit chien, enchanté et naïf,
qui semblait témoigner par petites gambades
de la joie que le ciel eût fait encore une âme.
 
Qu’il y a de grandeur à cette humilité !
Ce doux pauvre inconnu qu’une femme apportait
à la maison de Dieu, comme à une chaumière,
était emmailloté de sublime lumière
comme celle de l’aube au matin du coteau.
 
Le poète louait le Seigneur tout-puissant
de ce que ce petit fût né, ô saint poème !
de ce frisson par quoi le couple obscur comprend
la richesse infinie des dénûments qu’il aime.
 
Prends ta voix de ciel bleu, ô cloche du Baptême !
car deux déshérités se sont aimés dans l’ombre,
et ont été bénis, puisque sur leur baiser
cet enfant est éclos comme sur un rosier.
 
Ô cloche ! prends ta voix de ciel bleu. On arrose
pour le jardin de Dieu une nouvelle rose.
 
 
 

26


 
Tranquille et nu se pose au-dessus clu blasphème
le pied d’une petite enfant Nazaréenne.
 
 
 

27


 
Mon humble ami, mon chien fidèle, tu es mort
de cette mort que tu fuyais comme une guêpe
lorsque tu te cachais sous la table. Ta tête
s’est dirigée vers moi à l’heure brève et morne.
 
Ô compagnon banal de l’homme : Être béni !
toi que nourrit la faim que ton maître partage,
toi qui accompagnas dans leur pèlerinage
l’archange Raphaël et le jeune Tobie...
 
Ô serviteur : Que tu me sois d’un grand exemple,
ô toi qui m’as aimé ainsi qu’un saint son Dieu !
Le mystère de ton obscure intelligence
vit dans un paradis innocent et joyeux.
 
Ah ! faites, mon Dieu, si Vous me donnez la grâce
de Vous voir face à Face aux jours d’Éternité,
faites qu’un pauvre chien contemple face à face
celui qui fut son dieu parmi l’humanité.
 
 
 

28


 
Le poète médite. Il songe à ces prophètes
qui, comme des goélands, crient dans la tempête.
Et le souffle du Saint-Esprit qui se révèle
pousse au large du Ciel obscur leurs caravelles.
 
Ils tiennent un journal de bord dont le papier
conserve çà et là, mystérieux herbier,
une feuille de l’Arbre où Dieu sera greffé.
Les océans futurs par eux sont traversés.
Ils ramènent, aux crocs de leurs ancres de rouille
une éponge, une Croix, des deniers, la dépouille
du Crucifié, des dés, une lance, un fouet :
épaves d’un naufrage à venir, dispersées
çà et là comme des étoiles dans l’abîme,
comme les phrases d’un poème où sont des vides,
comme, dans leur bizarre engrenage, les choses :
engrenage qui lie le rosaire à la rose.
Ces débris sous-marins gisent au fond des Temps,
à une profondeur de dix siècles avant.
 
L’homme voit peu de chose et mal. Il est cloîtré
dans son argile où la lumière est mesurée.
Dans son œil trouble rien d’abord ne se précise :
L’homme croit voir une Arche avant de voir l’Église.
 
Marins d’Éternité, sages, frustes prophètes
aux barbes dans le vent ! Laissez que le poète
vous prie d’intercéder pour lui auprès de Dieu,
vous dont les nefs encor cpupent les flots des Cieux
et gardent fièrement, à des perler mêlé,
l’attirail tout sanglant de la Croix révélée,
Écoutez-moi, ô vous qui scandiez sur des cordes
le Mystère à venir de la Miséricorde?
Dieu fasse que mes mains succombent sous des fleurs !
Obtenez-moi de lui, âpres navigateurs,
des fruits bons à manger et des oiseaux qui chantent.
Je veux voir le soleil luire dans la tourmente.
J’ai été en ces jours abreuvé d’amertume ;
Raisins de Chanaan, gonflez-vous dans la brume !
Gorges des fiancées, roucoulez pour l’amour !
 
Dans la paix lumineuse où est votre séjour,
que j’obtienne par vous, ô terribles prophètes,
que mon Dieu me pardonne et mon cœur soit en fête.
Ô lions qui chantiez : Qu’il exauce mes chants,
Lui qui prend soin des lys et des oiseaux des champs.
 
 
 

29


 
On voit, quand vient l’automne, aux fils télégraphiques
de longues lignes d’hirondelles grelotter.
On sent leurs petits cœurs qui ont froid s’inquiéter.
Même sans l’avoir vu, les plus toutes petites
aspirent au ciel chaud et sans tache d’Afrique.
 
... Sans l’avoir jamais vu ! dis-je. C’est comme nous
qui désirons le Ciel dans notre inquiétude.
Elles sont là, perchées, pointues, faisant l’étude
de l’air, ou décrivant le vol d’un cercle doux,
pour venir repercher à l’endroit qu’elles quittent.
C’est dur d’abandonner le porche de l’église !
dur qu’il ne soit plus tiède ainsi qu’aux mois passés...
Oh ! Comme elles s’attristent ! Oh ! Pourquoi le noyer
les a-t-il donc trompées en n’ayant plus de feuilles ?
La nichée de l’année ne le reconnaît point,
ce printemps que l’automne a recouvert de deuil.
 
Ainsi l’âme qui a souffert de tant de choses,
avant de traverser les Océans divins
et de gagner le Ciel des éternelles Roses,
s’essaye, hésite, et, avant de partir, revient.
 
 
 

ROSAIRE


 

30


 
L’adolescente fait murmurer sa fenêtre
qu’elle ouvre à son réveil en s’y épanouissant.
Fleur de camélia, sa joue est rougissante.
L’enfant reçoit l’air vif, referme, et va se mettre
à genoux. Et sa bouche, ainsi que deux pétales
par l’aube détachés d’une rose Bengale,
effeuille avec ferveur, vers la nacre des cieux,
de son chapelet blanc les Mystères joyeux.
 
 
 

31


 

Annonciation.


 
Par l’arc-en-ciel sur l’averse des roses blanches
Par le jeune frisson qui court de branche en branche
Et qui a fait fleurir la tige de Jessé ;
Par les Annonciations riant dans les rosées
Et par les cils baissés des graves fiancées :
              Je vous salue, Marie.
 
 

Visitation.


 
Par l’exaltation de votre humilité
et par la joie du cœur des humbles visités ;
par le Magnificat qu’entonnent mille nids,
Par les lys de vos bras joints vers le Saint-Esprit
Et par Élisabeth, treille où frémit un fruit :
              Je vous salue, Marie.
 
 

Nativité.


 
Par l’âne et par le bœuf, par l’ombre et par la paille,
Par la pauvresse à qui l’on dit qu’elle s’en aille,
Par les nativités qui n’eurent sur leurs tombes
Que les bouquets du givre aux ailes de colombes ;
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe :
              Je vous salue, Marie.
 
 

Purification.


 
Par votre modestie offrant des tourterelles,
Par le vieux Siméon pleurant devant l’autel,
Par la prophétesse Anne et par votre mère Anne,
Par l’obscur charpentier qui courbé sur sa canne,
Suivait avec douceur les petits pas de l’âne :
              Je vous salue, Marie.
 
 

Invention de Notre Seigneur au Temple.


 
Par la mère apprenant que son fils est guéri,
Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid,
Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
Par le baiser perdu par l’amour redonné,
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
              Je vous salue, Marie.
 
 
 
 

32


 
Ainsi que Crusoë dans son île déserte,
le poète guette, à l’amère solitude,
quelle voile apportera la béatitude
à son exil. La mer, comme une porte ouverte,
semble donner l’espoir qu’apparaîtra soudain
le bateau qui rira à l’horizon d’étain.
Et la fièvre prend le poète sur la grève.
Il croit voir cette voile. Il n’y a pourtant rien
que le toujours pareil si accablant du rêve.
Le poète agonise. Il a soif, il a faim.
sa passion lui tend du fiel et du vinaigre.
Et les seuls fruits offerts au naufragé par Dieu,
ce sont les fruits des cinq Mystères douloureux :
 
 
 

33


 

Agonie.


 
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
tandis que des enfants s’amusent au parterre ;
et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
son aile tout à coup s’ensanglante et descend,
par la soif et la faim et le délire ardent :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Flagellation.


 
Par les gosses battus par l’ivrogne qui rentre,
par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre,
par l’humiliation de l’innocent châtié,
par la vierge vendue qu’on a deshabillée,
par le fils dont la mère a été insultée :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Couronnement d’épines.


 
Par le mendiant qui n’eut jamais d’autre couronne
que le vol des frelons, amis des vergers jaunes,
et d’autre sceptre qu’un bâton contre les chiens ;
par le poète dont saigne le front qui est ceint
des ronces des désirs que jamais il n’atteint :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Portement de Croix.


 
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
s’écrie « Mon Dieu ! » Par le malheureux dont les bras
ne purent s’appuyer sur une amour humaine
comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène ;
par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Crucifiement.


 
Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
par le malade que l’on opère et qui geint
et par le juste mis au rang des assassins :
                  Je vous salue, Marie.
 
 
 

34


 
Je suis une brebis qui court dans les œillets.
Elle tremble, et sa voix semble toute mouillée
Lorsque l’on voit le jour succéder à la nuit :
Car l’aurore est bien froide avant que la brebis
Dans le pur arc-en-ciel soit tout ensoleillée...
Renais, soleil ! Du fond des cirques ténébreux.
Renaissez, renaissez, Mystères glorieux,
Par la brebis qui tremble au milieu des œillets ?
 
 
 

35


 

Résurrection.


 
 
Par la nuit qui s’en va et nous fait voir encore
L’églantine qui rit sur le cœur de l’aurore ;
Par la cloche pascale à la voix en allée
Et qui, le Samedi-Saint, à toute volée,
Couvre d’alleluias la bouche des vallées :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Ascension.


 
Par le gravissement escarpé de l’ermite
Vers les sommets que les perdrix banches habitent,
Par les troupeaux escaladant l’aube du ciel
Pour se nourrir plus que de neige de miel,
Et l’ascension du glorieux soleil.
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Pentecôte.


 
Par les feux pastoraux qui descendent, la nuit,
Sur le front des coteaux, ces apôtres qui prient ;
Par la flamme qui cuit le souper noir du pauvre ;
Par l’éclair dont l’Esprit allume comme un chaume,
Mais pour l’Éternité, le néant de chaque homme :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Assomption.


 
Par la vieille qui atteint, portant un faix de bois,
Le sommet de la route et l’ombre de la Croix,
Et que son plus beau fils viens aider dans sa peine ;
Par la colombe dont le vol à la lumière
Se fond si bien qu’il n’est bientôt qu’une prière :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Couronnement de la Sainte Vierge.


 
Par la Reine qui n’eut d’autre Couronne
Que les astres, trésor d’une ineffable Aumône,
Et d’autre sceptre que le lys d’un vieux jardin ;
Par la vierge dont penche le front qui est ceint
Des roses des désirs que son amour atteint :
                  Je vous salue, Marie.
 
 

Fin du Rosaire


 
 
 
 

36


 
J’ai rêvé cette nuit que j’étais sur la route.
Je lisais ce poème et voyais se poser
sur chaque feuille lue, comme fait un baiser,
des platanes tombée une autre feuille, rousse.
 
 
 

37



« Je me souviendrai de vous sur ma couche nocturne ; dès le matin je méditerai vos bienfaits... »
(Paroissien. Ps, 62.)


David, tu t’éveillais sur ta couche nocturne,
mais la lisse blancheur des filles d’Israël
qui se penchait vers toi, modelée comme une urne,
ne te suffisait point, tu t’adressais au Ciel.
 
Alors, sur le désordre ardent de cette couche,
les jambes repliées sous toi, longtemps ta harpe
bourdonnait, sourde et solennellement farouche.
Et tes femmes couvraient leurs fronts de leurs écharpes.
 
Ce cri que tu poussais vers les errantes lunes,
il monte encore, il fait ma consolation,
plus haut que le front blanc des concubines brunes,
plus haut que ma douleur, plus haut que ma passion.
 
 
 

38


 
C’est un repas frugal que l’on mange à l’abri,
c’est un pain virginal divinement amer,
C’est le Pain qui est Dieu, par l’Esprit et la Chair,
qui nourrit, et guérit du mal de cette vie.
 
Ne crois pas, ô toi qui t’assieds à cet abri,
près de ces travailleurs et de ces travailleuses
dont la face est noircie par l’ombre besogneuse,
ne crois pas que ton Dieu en toi pousse un grand cri.
 
Car, assis au milieu des siens, à cette Cène,
le Christ parle si bas qu’à peine on peut l’entendre.
Mais bientôt je ne sais quoi d’indicible et tendre
nourrit d’encens divin l’âme et la rassérène.
 
Mon frère, va donc voir, toujours renouvelée,
s’arrêter un moment l’Humanité en marche,
manger le Pain de Vie multiplié dans l’Arche,
et repartir vers les Terres d’Éternité.
 

(1905)

Commentaire (s)
Déposé par La Monneraye le 8 mai 2014 à 10h29

Le poète nous emporte au Ciel !

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 20 octobre 2014 à 17h10

.
(18 bis) Corvées d’ange gardien
              -------------------------

Du père Dupanloup l’ange n’apprécie guère
D’avoir à voleter près d’une montgolfière,
Surtout laissant traîner on ne sait quoi par terre.

Du père Dupanloup l’ange apprécie fort peu
D’avoir à rencontrer l’ondine aux longs cheveux
Qui fait vibrer son âme et larmoyer ses yeux.

Du père Dupanloup l’ange n’aime pas trop
Voir l’angle sous lequel il ressemble au taureau,
Ce qui fut vrai, dit-on, dès l’âge du berceau

Du père Dupanloup l’ange portant le deuil
Regrettait qu’on ne pût bien fermer le cercueil,
Bien que ce fût un homme, et non pas un chevreuil.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 5 janvier 2017 à 13h16

(20bis) Dragon de soleil et de lune
             ---------------------------

C’est un dragon de lune, il n’aime que la Terre,
Ses arbres et ses fleurs, et son sol, et ses pierres ;
Peu lui chaut, nous dit-il, d’être aimé du Soleil,
Car cet astre ou un autre, à ses yeux, c’est pareil.

Pauvre dragon de lune, à jamais solitaire,
Aimant notre planète, et pourquoi ? Quel mystère !
Quant à sa séduction, en aurait-elle plus
Que le noble Saturne ou la chaude Vénus ?

Or, les dragons de lune ont le coeur de la sorte :
Ils ne savent aimer une planète morte,
Mais ils sont amoureux de tout ce qui respire,
C’est cela, leur destin ; et peut-on trouver pire?

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