Francis Jammes

Le Deuil des primevères, 1901


Prière pour avouer son ignorance


 
Redescends, redescends dans ta simplicité.
Je viens de voir les guêpes travailler dans le sable.
Fais comme elles, ô mon cœur malade et tendre : sois sage,
accomplis ton devoir comme Dieu l’a dicté.
J’étais plein d’un orgueil qui empoisonnait ma vie.
Je croyais que j’étais bien différent des autres :
mais je sais maintenant, mon Dieu, que je ne fis
que récrire les mots qu’ont inventés les hommes
depuis qu’Adam et Ève au fond du Paradis
surgirent sous les fruits énormes de lumière.
Mon Dieu, je suis pareil à la plus humble pierre.
Voyez : l’herbe est tranquille, et le pommier trop lourd
se penche vers le sol, tremblant et plein d’amour.
Enlevez de mon âme, puisque j’ai tant souffert,
l’orgueil de me penser un créeur de génie.
Je ne sais rien. Je ne suis rien. Je n’attends rien
que de voir, par moments, se balancer un nid
sur un peuplier rose, ou, sur le blanc chemin
passer un pauvre lourd aux pieds luisants de plaies.
Mon Dieu, enlevez-moi l’orgueil qui m’empoisonne.
Oh ! Rendez-moi pareil aux moutons monotones
qui passent, humblement, des tristesses d’Automne
aux fêtes du Printemps qui verdissent les haies.
Faites qu’en écrivant mon orgueil disparaisse :
que je me dise, enfin, que mon âme est l’écho
des voix du monde entier et que mon tendre père
m’apprenait patiemment des règles de grammaire.
La gloire est vaine, ô Dieu, et le génie aussi.
Il n’appartient qu’à Vous qui le donnez aux hommes
et ceux-ci, sans savoir, répètent les mêmes mots
comme un essaim d’été parmi de noirs rameaux.
Faites qu’en me levant, ce matin, de ma table,
je sois pareil à ceux qui, par ce beau Dimanche,
vont répandre à vos pieds dans l’humble église blanche
l’aveu modeste et pur de leur simple ignorance.
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Ρérin : Αubе

Αpоllinаirе : Lе Drоmаdаirе

Соignаrd : «Οbsсurе nuit, lаissе tоn nоir mаntеаu...»

Lаfоrguе : Βоufféе dе printеmps

Τоulеt : «Si vivrе еst un dеvоir...»

Ρéguу : Ρrésеntаtiоn dе lа Βеаuсе à Νоtrе-Dаmе dе Сhаrtrеs

☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Vеrlаinе : L’Αubеrgе

Vеrlаinе : À Hоrаtiо

Соrnеillе : Sоnnеt : «Dеuх sоnnеts pаrtаgеnt lа villе...»

Fоurеst : Sаrdinеs à l’huilе

Sullу Ρrudhоmmе : Lеs Сhаînеs

Ρоnсhоn : Lе Gigоt

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Εхtаsе (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur «Un сlаirvоуаnt fаuсоn еn vоlаnt pаr rivièrе...» (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur «Αfin qu’à tоut јаmаis dе sièсlе еn sièсlе vivе...» (Rоnsаrd)

De Ιоhаnnеs sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

De Сurаrе- sur Lеs Fеuillеs mоrtеs (Gоurmоnt)

De Lilith sur Vеrlаinе

De Μоntеrrоsо sur Lа Μоuсhе (Αpоllinаirе)

De Jаdis sur Саrоlо Quintо impеrаntе (Hеrеdiа)

De Сurаrе- sur Sоnnеt : «Un livrе n’аurаit pаs suffi...» (Ρrivаt d'Αnglеmоnt)

De Τrуphоn Τоurnеsоl sur À unе mуstériеusе (Rоllinаt)

De Сurаrе- sur L’Αngе (Lоuÿs)

De Αlbаtrосе sur «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...» (Τоulеt)

De Gеf sur À Μ. Α. Τ. : «Αinsi, mоn сhеr аmi, vоus аllеz dоnс pаrtir !...» (Μussеt)

De Gеf sur Villеs : «Се sоnt dеs villеs !...» (Rimbаud)

De Jаdis sur Τаblеаu (Сrоs)

De Βibоsаurе sur À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» (Μussеt)

De Βоurg sur «Lоngtеmps si ј’аi dеmеuré sеul...» (Τоulеt)

De Jаdis sur Épigrаmmе d’аmоur sur sоn nоm (Αubеspinе)

De Ιsis Μusе sur Lа grоssе dаmе сhаntе... (Ρеllеrin)

De Dаmе dе flаmmе sur Сhаnsоn dе lа mélаnсоliе (Fоrt)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе