On voit mourir toute chose animée,
Lors que du corps l’âme subtile part :
Je suis le corps, toi la meilleure part :
Où es-tu donc, ô âme bien aimée ?
Ne me laissez par si longtemps pâmée,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las, ne mets point ton corps en ce hasard :
Rends-lui sa part et moitié estimée.
Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse
Cette rencontre et revue amoureuse,
L’accompagnant, non de sévérité,
Non de rigueur : mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent favorable.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 2 décembre 2017 à 12h05
Loup-compère
------------
Bête qui fut par un diable animée,
Loup plus subtil que n’est un léopard,
Qui, d’un troupeau, prend la meilleure part ;
La créature est plutôt mal aimée.
Mais cet automne, errant sous la ramée,
Des grands chemins il se tient à l’écart,
Et sa pensée vagabonde au hasard,
Même, il produit des chansons mal rimées.
La créature est bien moins dangereuse
Dedans ce temps qu’on la voit amoureuse,
Perdant alors toute sévérité.
Son coeur alors est de grâce amiable,
Qui seulement recherche la beauté,
Qu’elle lui soit hostile ou favorable.
Plusieurs nations de fureur animées,
Si tu l’éteins, cette flamme repart ;
Noirceur partout, sagesse nulle part ;
Monde perdu, planète mal aimée.
Gens inégaux, minorités brimées,
Pestiférés que l’on tient à l’écart ;
Quand ça va mieux, c’est l’effet du hasard,
J’entends le cri des foules opprimées.
N’aborde point ces terres dangereuses,
Car l’aventure en serait douloureuse ;
Ce triste monde, il doit être évité.
Or, si tu crois que ce sont là des fables,
Détrompe-toi, la chose est véritable ;
Garde-toi donc de ces calamités.