Puisqu’ainsi sont mes dures destinées,
J’en soûlerai, si je puis, mon souci.
Si j’ai du mal, elle le veut aussi :
J’accomplirai mes peines ordonnées.
Nymphes des bois, qui avez, étonnées,
De mes douleurs, je crois, quelque merci,
Qu’en pensez-vous ? Puis-je durer ainsi,
Si à mes maux trêves ne sont données ?
Or, si quelqu’une à m’écouter s’incline,
Oyez, pour Dieu, ce qu’ores je devine :
Le jour est près que mes forces jà vaines
Ne pourront plus fournir à mon tourment.
C’est mon espoir : si je meurs en aimant,
Adonc, je crois, faillirai-je à mes peines.
Tiennot, plaignant sa pauvre destinée,
Erre au jardin où fleurit le souci,
Et la pensée, et bien d’autres aussi ;
Et tout cela, de manière ordonnée.
De sa venue ne sont pas étonnées
En ce beau jour, les quelques fleurs d’ici ;
Ça fait longtemps qu’il les vient voir ainsi,
Pour cette paix qu’elles lui ont donnée.
La Boétie devant elles s’incline,
En murmurant des mots qu’elles devinent,
Il le sait bien, ces paroles sont vaines.
Ce bel instant soulage son tourment,
Il est ainsi, ce malheureux amant,
Seul un jardin peut apaiser sa peine.