Jules Laforgue

Le Sanglot de la Terre (et autres premiers poèmes)


Rêve


 
Je ne puis m’endormir ; je songe, au bercement
De l’averse emplissant la nuit et le silence.
On dort, on aime, on joue. Oh ! par la Terre immense,
Est-il quelqu’un qui songe à moi, dans ce moment ?
 
Le Témoin éternel qui trône au firmament,
Me voit-il ? me sait-il ? Qui dira ce qu’il pense?
Tout est trop triste et sale. — À quoi bon l’Existence ?
Si ce Globe endormi gelait subitement ?
 
Si rien ne s’éveillait demain ! Oh ! quel grand rêve !
Plus qu’un stupide bloc sans mémoire et sans sève
Qui sent confusément le Soleil et le suit.
 
Les siècles passent. Nul n’est là. Pas d’autre bruit
Que le vent éternel et l’eau battant les grèves....
Rien qu’un Cercueil perdu qui flotte dans la Nuit.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 15 septembre 2015 à 11h23

Croisière de l’héraldiste
------------------------------

L’héraldiste, emporté par le lent bercement
Du grand courant marin, qui progresse en silence,
Traverse un long lambeau de l’Océan immense,
Et notez que cela lui prend un bon moment.

Cinq cent millions de feux brillent au firmament ;
Leur clarté se répand, bien plus qu’on ne le pense.
L’héraldiste n’a point souci de l’existence,
Tous ses petits soucis s’en vont, subitement.

La mer se fait d’azur, comme dans un beau rêve,
Sur les îles, les bois sont éclatants de sève,
L’homme écoute avec joie la mouette qui le suit.

Qu’importe si l’on doit remonter sur la grève,
Retrouver le sol ferme, et le monde, et le bruit :
Survivra la douceur de cette belle nuit.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Jacques Lacan le 4 août 2016 à 11h32


 Hiatus irrationnalis           1933
-------------------------

                                      Παντα ῥει
   

   Choses que coule en vous la sueur ou la sève,
   Formes, que vous naissiez de la forge ou du sang,
   Votre torrent n’est pas plus dense que mon rêve,
   Et si je ne vous bats d’un désir incessant,

   Je traverse votre eau, je tombe vers la grève
   Où m’attire le poids de mon démon pensant ;
   Seul il heurte au sol dur sur quoi l’être s’élève,
   Le mal aveugle et sourd, le dieu privé de sens.

   Mais, sitôt que tout verbe a péri dans ma gorge,
   Choses qui jaillissez du sang ou de la forge,
   Nature –, je me perds au flux d’un élément :

   Celui qui couve en moi, le même vous soulève,
   Formes que coule en vous la sueur ou la sève,
   C’est le feu qui me fait votre immortel amant.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 4 août 2016 à 12h11

Un oiseau lacanien
-------------------------


Le faucon lacanien est un buveur de sève,
  Il en fait du nectar, il la transforme en sang,
   Il est Horus, le dieu dont le monde est le rêve,
  Il parcourt le cosmos de son vol incessant,

  Il franchit la montagne et plane sur la grève
  Où voudraient l’affronter mille démons pensants ;
  Il tourne autour d’une île, il plonge et puis s’élève,
  C’est Horus le vainqueur, c’est Horus le puissant;

  Nul tigre ne surgit pour le mordre à la gorge,
  Il ne craint aucune arme issue d’humaine forge,
  Il est maître du temps comme des éléments.

  Le peuple contre lui jamais ne se soulève,
  Son prêtre dit pour lui des oraisons, sans trêve :
  Hathor, la Sainte Vache, en fera son amant.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 8 décembre 2018 à 21h43

Faucon visionnaire
---------------

Il apprécie le monde, il en goûte la sève,
Lui qui peut sans effroi verser son noble sang.
C’est un grand voyageur, c’est un oiseau qui rêve,
Son regard est précis, son envol est puissant.

Il salue en passant la mouette sur la grève
Où je les vois tous deux, s’amusant et dansant
Sous la bénédiction du soleil qui s’élève ;
On entend de la mer le murmure incessant.

La licorne survient et chante à pleine gorge,
Reprenant quelques vers qu’un vieux poète forge,
Qui aux textes anciens prennent leurs éléments.

 Le faucon, ce penseur, nous dit des choses brèves
 Que d’autres animaux vont répétant sans trêve,
 Dont je crois me trouver plus sage, assurément.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 10 août 2020 à 16h05

Forêt des bons et mauvais rêves
------------

La branche sous la brise a bougé doucement
Sans nullement trembler, sans rompre le silence ;
Presque plus d’animaux dans la forêt immense,
Nous l’avons remarqué depuis un bon moment.

Clairs sont les beaux sentiers sous le noir firmament,
Le goupil prédateur les suit quand il y pense ;
Des insectes obscurs mènent leur existence,
Leur destin sans relief s’écoule lentement.

Un cerf voudrait savoir si ce n’est pas un rêve,
Il s’approche d’un arbre à la brûlante sève ;
Son âme l’accompagne et sa crainte le suit.

Or, cette crainte en lui n’aura jamais de trêve,
Ce genre d’animal sursaute au moindre bruit ;
Mais il se calmera quand tombera la nuit.

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Jасоb : Silеnсе dаns lа nаturе

Βоilеаu : Sаtirе VΙΙΙ : «Dе tоus lеs аnimаuх qui s’élèvеnt dаns l’аir...»

Sigоgnе : «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...»

Du Βеllау : «Соmtе, qui nе fis оnс соmptе dе lа grаndеur...»

Βаudеlаirе : Αu Lесtеur

Сhrеtiеn dе Τrоуеs : «Се fut аu tеmps qu’аrbrеs flеurissеnt...»

Τоulеt : «Dаns lе lit vаstе еt dévаsté...»

Riсtus : Jаsаntе dе lа Viеillе

Riсtus : Lеs Ρеtitеs Βаrаquеs

Dеsbоrdеs-Vаlmоrе : «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...»

☆ ☆ ☆ ☆

Νоël : Visiоn

Siеfеrt : Vivеrе mеmеntо

Dеshоulièrеs : Sоnnеt burlеsquе sur lа Ρhèdrе dе Rасinе

Τоulеt : «Τоi qui lаissеs pеndrе, rеptilе supеrbе...»

Siсаud : Lа Grоttе dеs Léprеuх

Соppéе : «Сhаmpêtrеs еt lоintаins quаrtiеrs, је vоus préfèrе...»

Саrсо : Lаissеz-mоi

Νоuvеаu : Сru

Τоulеt : «Lе sаblе оù nоs pаs оnt сrié...»

Dеlаruе-Μаrdrus : Εrrеmеnts

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur «Μаîtrеssе, quаnd је pеnsе аuх trаvеrsеs d’Αmоur...» (Rоnsаrd)

De Сосhоnfuсius sur Lа Lunе оffеnséе (Βаudеlаirе)

De Сосhоnfuсius sur «Се соrps défiguré, bâti d’оs еt dе nеrfs...» (Sigоgnе)

De Rоzès sur Μédесins (Siсаud)

De Dаmе dе flаmmе sur «Hélаs ! vоiсi lе јоur quе mоn mаîtrе оn еntеrrе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur «J’аdоrе lа bаnliеuе аvес sеs сhаmps еn friсhе...» (Соppéе)

De Rоzès sur Lе Сhеmin dе sаblе (Siсаud)

De Sеzоr sur «Jе vоudrаis biеn êtrе vеnt quеlquеfоis...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De KUΝG Lоuisе sur Villе dе Frаnсе (Régniеr)

De Сurаrе- sur «Épоuvаntаblе Νuit, qui tеs сhеvеuх nоirсis...» (Dеspоrtеs)

De Xi’аn sur Jеhаn Riсtus

De Villеrеу јеаn -pаul sur Détrеssе (Dеubеl)

De ΒооmеrаngΒS sur «Βiеnhеurеuх sоit lе јоur, еt lе mоis, еt l’аnnéе...» (Μаgnу)

De Hаikukа sur «Lе Sоlеil l’аutrе јоur sе mit еntrе nоus dеuх...» (Rоnsаrd)

De Gаrdiеn dеs Суmеs sur Сhаnt dе Νоël (Νоël)

De Сurаrе- sur «Lа mоrt а tоut mоn biеn еt mоn еspоir étеint...» (Αubin dе Μоrеllеs)

De Сurаrе- sur Jоurnаlistе piеuх (Fréсhеttе)

De аunrуz sur Rêvеriе (Lаrguiеr)

De Сhristiаn sur Сrépusсulе dе dimаnсhе d’été (Lаfоrguе)

De Τhundеrbird sur Αgnus Dеi (Vеrlаinе)

De Jаdis sur Épiphаniе (Lесоntе dе Lislе)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе