Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Jе vоуаis, dеvаnt mоi, un оbјеt dеbоut sur un tеrtrе... Lа Sеinе еntrаînе un соrps humаin... Ô pédérаstеs inсоmpréhеnsiblеs... С’еst un hоmmе оu unе piеrrе оu un аrbrе... J’аi fаit un pасtе аvес lа prоstitutiоn...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869
Chaque nuit, plongeant l’envergure de mes ailes dans ma mémoire
agonisante, j’évoquais le souvenir de Falmer... chaque nuit. Ses
cheveux blonds, sa figure ovale, ses traits majestueux étaient encore
empreints dans mon imagination, indestructiblement... surtout ses
cheveux blonds. Éloignez, éloignez donc cette tête sans chevelure, polie
comme la carapace de la tortue. Il avait quatorze ans, et je n’avais
qu’un an de plus. Que cette lugubre voix se taise. Pourquoi vient-elle
me dénoncer ? Mais c’est moi-même qui parle. Me servant de ma propre
langue pour émettre ma pensée, je m’aperçois que mes lèvres remuent,
et que c’est moi-même qui parle. Et, c’est moi-même qui, racontant une
histoire de ma jeunesse, et sentant le remords pénétrer dans mon cœur...
c’est moi-même, à moins que je ne me trompe... c’est moi-même qui
parle. Je n’avais qu’un an de plus. Quel est donc celui auquel je fais
allusion ? C’est un ami que je possédais dans les temps passés, je crois.
Oui, oui, j’ai déjà dit comment il s’appelle... je ne veux pas épeler
de nouveau ces six lettres, non, non. Il n’est pas utile non plus de
répéter que j’avais un an de plus. Qui le sait ? Répétons-le, cependant,
mais, avec un pénible murmure : je n’avais qu’un an de plus. Même alors,
la prééminence de ma force physique était plutôt un motif de soutenir, à
travers le rude sentier de ma vie, celui qui s’était donné à moi, que de
maltraiter un être visiblement plus faible. Or, je crois en effet qu’il
était plus faible... Même alors. C’est un ami que je possédais dans les
temps passés, je crois. La prééminence de ma force physique... chaque
nuit... Surtout ses cheveux blonds. Il existe plus d’un être humain qui
a vu des têtes chauves : la vieillesse, la maladie, la douleur (les trois
ensemble ou prises séparément) expliquent ce phénomène négatif d’une
manière satisfaisante. Telle est, du moins, la réponse que me ferait un
savant, si je l’interrogeais là-dessus. La vieillesse, la maladie, la
douleur. Mais je n’ignore pas (moi, aussi, je suis savant) qu’un jour,
parce qu’il m’avait arrêté la main, au moment où je levais mon poignard
pour percer le sein d’une femme, je le saisis par les cheveux avec un
bras de fer, et le fis tournoyer dans l’air avec une telle vitesse, que
la chevelure me resta dans la main, et que son corps, lancé par la force
centrifuge, alla cogner contre le tronc d’un chêne... Je n’ignore pas
qu’un jour sa chevelure me resta dans la main. Moi, aussi, je suis
savant. Oui, oui, j’ai déjà dit comment il s’appelle. Je n’ignore pas
qu’un jour j’accomplis un acte infâme, tandis que son corps était lancé
par la force centrifuge. Il avait quatorze ans. Quand, dans un accès
d’aliénation mentale, je cours à travers les champs, en tenant, pressée
sur mon cœur, une chose sanglante que je conserve depuis longtemps,
comme une relique vénérée, les petits enfants qui me poursuivent...
les petits enfants et les vieilles femmes qui me poursuivent à coups de
pierre, poussent ces gémissements lamentables : « Voilà la chevelure de
Falmer. » Éloignez, éloignez donc cette tête chauve, polie comme la
carapace de la tortue. Une chose sanglante. Mais c’est moi-même qui
parle. Sa figure ovale, ses traits majestueux. Or, je crois en effet
qu’il était plus faible. Les vieilles femmes et les petits enfants. Or,
je crois en effet... qu’est-ce que je voulais dire ?... or, je crois en
effet qu’il était plus faible. Avec un bras de fer. Ce choc, ce choc
l’a-t-il tué ? Ses os ont-ils été brisés contre l’arbre...
irréparablement ? L’a-t-il tué, ce choc engendré par la vigueur d’un
athlète ? A-t-il conservé la vie, quoique ses os se soient
irréparablement brisés... irréparablement ? Ce choc l’a-t-il tué ? Je
crains de savoir ce dont mes yeux fermés ne furent pas témoins. En effet...
Surtout ses cheveux blonds. En effet, je m’enfuis au loin avec une
conscience désormais implacable. Il avait quatorze ans. Avec une
conscience désormais implacable. Chaque nuit. Lorsqu’un jeune homme, qui
aspire à la gloire, dans un cinquième étage, penché sur sa table de
travail, à l’heure silencieuse de minuit, perçoit un bruissement qu’il
ne sait à quoi attribuer, il tourne, de tous les côtés, sa tête,
alourdie par la méditation et les manuscrits poudreux ; mais, rien, aucun
indice surpris ne lui révèle la cause de ce qu’il entend si faiblement,
quoique cependant il l’entende. Il s’aperçoit, enfin, que la fumée de sa
bougie, prenant son essor vers le plafond, occasionne, à travers l’air
ambiant, les vibrations presque imperceptibles d’une feuille de papier
accrochée à un clou figé contre la muraille. Dans un cinquième étage. De
même qu’un jeune homme, qui aspire à la gloire, entend un bruissement
qu’il ne sait à quoi attribuer, ainsi j’entends une voix mélodieuse qui
prononce à mon oreille : « Maldoror ! » Mais, avant de mettre fin à sa
méprise, il croyait entendre les ailes d’un moustique... penché sur
sa table de travail. Cependant, je ne rêve pas ; qu’importe que je sois
étendu sur mon lit de satin ? Je fais avec sang-froid la perspicace
remarque que j’ai les yeux ouverts, quoiqu’il soit l’heure des dominos
roses et des bals masqués. Jamais... oh ! non, jamais ! une voix mortelle
ne fit entendre ces accents séraphiques, en prononçant, avec tant de
douloureuse élégance, les syllabes de mon nom ! Les ailes d’un moustique...
Comme sa voix est bienveillante. M’a-t-il donc pardonné ? Son corps
alla cogner contre le tronc d’un chêne... « Maldoror ! »
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