Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Сеlui qui nе sаit pаs plеurеr... Silеnсе ! il pаssе un соrtègе funérаirе à сôté dе vоus... Сhаquе nuit, plоngеаnt l’еnvеrgurе dе mеs аilеs...
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LautréamontLes Chants de Maldoror, 1869 ![]()
Je m’étais endormi sur la falaise. Celui qui, pendant un jour, a
poursuivi l’autruche à travers le désert, sans pouvoir l’atteindre, n’a
pas eu le temps de prendre de la nourriture et de fermer les yeux. Si
c’est lui qui me lit, il est capable de deviner, à la rigueur, quel
sommeil s’appesantit sur moi. Mais, quand la tempête a poussé
verticalement un vaisseau, avec la paume de sa main, jusqu’au fond de la
mer ; si, sur le radeau, il ne reste plus de tout l’équipage qu’un seul
homme, rompu par les fatigues et les privations de toute espèce ; si la
lame le ballotte, comme une épave, pendant des heures plus prolongées
que la vie d’homme ; et, si, une frégate, qui sillonne plus tard ces
parages de désolation d’une carène fendue, aperçoit le malheureux qui
promène sur l’océan sa carcasse décharnée, et lui porte un secours qui
a failli être tardif, je crois que ce naufragé devinera mieux encore à
quel degré fut porté l’assoupissement de mes sens. Le magnétisme et le
chloroforme, quand ils s’en donnent la peine, savent quelquefois
engendrer pareillement de ces catalepsies léthargiques. Elles n’ont
aucune ressemblance avec la mort : ce serait un grand mensonge de le
dire. Mais arrivons tout de suite au rêve, afin que les impatients,
affamés de ces sortes de lectures, ne se mettent pas à rugir, comme
un banc de cachalots macrocéphales qui se battent entre eux pour une
femelle enceinte. Je rêvais que j’étais entré dans le corps d’un
pourceau, qu’il ne m’était pas facile d’en sortir, et que je vautrais
mes poils dans les marécages les plus fangeux. Était-ce comme une
récompense ? Objet de mes vœux, je n’appartenais plus à l’humanité ! Pour
moi, j’entendis l’interprétation ainsi, et j’en éprouvai une joie plus
que profonde. Cependant, je recherchais activement quel acte de vertu
j’avais accompli pour mériter, de la part de la Providence, cette
insigne faveur. Maintenant que j’ai repassé dans ma mémoire les diverses
phases de cet aplatissement épouvantable contre le ventre du granit,
pendant lequel la marée, sans que je m’en aperçusse, passa, deux fois,
sur ce mélange irréductible de matière morte et de chair vivante, il
n’est peut-être pas sans utilité de proclamer que cette dégradation
n’était probablement qu’une punition, réalisée sur moi par la justice
divine. Mais, qui connaît ses besoins intimes ou la cause de ses joies
pestilentielles ? La métamorphose ne parut jamais à mes yeux que comme le
haut et magnanime retentissement d’un bonheur parfait, que j’attendais
depuis longtemps. Il était enfin venu, le jour où je fus un pourceau !
J’essayais mes dents sur l’écorce des arbres ; mon groin, je le
contemplais avec délice. Il ne restait plus la moindre parcelle de
divinité : je sus élever mon âme jusqu’à l’excessive hauteur de cette
volupté ineffable. Écoutez-moi donc, et ne rougissez pas, inépuisables
caricatures du beau, qui prenez au sérieux le braiement risible de votre
âme, souverainement méprisable ; et qui ne comprenez pas pourquoi le
Tout-Puissant, dans un rare moment de bouffonnerie excellente, qui,
certainement, ne dépasse pas les grandes lois générales du grotesque,
prit, un jour, le mirifique plaisir de faire habiter une planète par des
êtres singuliers et microscopiques, qu’on appelle humains, et dont la
matière ressemble à celle du corail vermeil. Certes, vous avez raison de
rougir, os et graisse, mais écoutez-moi. Je n’invoque pas votre
intelligence ; vous la feriez rejeter du sang par l’horreur qu’elle vous
témoigne : oubliez-la, et soyez conséquents avec vous-mêmes... Là, plus
de contrainte. Quand je voulais tuer, je tuais ; cela, même, m’arrivait
souvent, et personne ne m’en empêchait. Les lois humaines me
poursuivaient encore de leur vengeance, quoique je n’attaquasse pas la
race que j’avais abandonnée si tranquillement ; mais ma conscience ne me
faisait aucun reproche. Pendant la journée, je me battais avec mes
nouveaux semblables, et le sol était parsemé de nombreuses couches de
sang caillé. J’étais le plus fort, et je remportais toutes les victoires.
Des blessures cuisantes couvraient mon corps ; je faisais semblant de ne
pas m’en apercevoir. Les animaux terrestres s’éloignaient de moi, et je
restais seul dans ma resplendissante grandeur. Quel ne fut pas mon
étonnement, quand, après avoir traversé un fleuve à la nage, pour
m’éloigner des contrées que ma rage avait dépeuplées, et gagner d’autres
campagnes pour y planter mes coutumes de meurtre et de carnage, j’essayai
de marcher sur cette rive fleurie ! Mes pieds étaient paralysés ; aucun
mouvement ne venait trahir la vérité de cette immobilité forcée. Au milieu
d’efforts surnaturels, pour continuer mon chemin, ce fut alors que je me
réveillai, et que je sentis que je redevenais homme. La Providence me
faisait ainsi comprendre, d’une manière qui n’est pas inexplicable, qu’elle
ne voulait pas que, même en rêve, mes projets sublimes s’accomplissent.
Revenir à ma forme primitive fut pour moi une douleur si grande, que,
pendant les nuits, j’en pleure encore. Mes draps sont constamment mouillés,
comme s’ils avaient été passés dans l’eau, et, chaque jour, je les fais
changer. Si vous ne le croyez pas, venez me voir ; vous contrôlerez, par
votre propre expérience, non pas la vraisemblance, mais, en outre, la
vérité même de mon assertion. Combien de fois, depuis cette nuit passée
à la belle étoile, sur une falaise, ne me suis-je pas mêlé à des troupeaux
de pourceaux, pour reprendre, comme un droit, ma métamorphose détruite ! Il
est temps de quitter ces souvenirs glorieux, qui ne laissent, après leur
suite, que la pâle voie lactée des regrets éternels.
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