Lautréamont(1846-1870) D’autrеs pоèmеs :Lеs gémissеmеnts pоétiquеs dе се sièсlе... Ιl у еn а qui éсrivеnt pоur rесhеrсhеr lеs аpplаudissеmеnts humаins... J’étаblirаi dаns quеlquеs lignеs соmmеnt Μаldоrоr... Lесtеur, с’еst pеut-êtrе lа hаinе quе tu vеuх quе ј’invоquе... Ρlût аu сiеl quе lе lесtеur... Lеs mаgаsins dе lа ruе Viviеnnе... Αvаnt d’еntrеr еn mаtièrе, је trоuvе stupidе... оu еncоrе :Vоiсi lа fоllе qui pаssе еn dаnsаnt... Unе lаntеrnе rоugе, drаpеаu du viсе... Ιl n’еst pаs impоssiblе d’êtrе témоin d’unе déviаtiоn аnоrmаlе... |
Lautréamont![]()
On doit laisser pousser ses ongles pendant quinze jours. Oh ! comme il
est doux d’arracher brutalement de son lit un enfant qui n’a rien encore
sur la lèvre supérieure, et, avec les yeux très-ouverts, de faire
semblant de passer suavement la main sur son front, en inclinant en
arrière ses beaux cheveux ! Puis, tout à coup, au moment où il s’y attend
le moins, d’enfoncer les ongles longs dans sa poitrine molle, de façon
qu’il ne meure pas ; car, s’il mourait, on n’aurait pas plus tard l’aspect
de ses misères. Ensuite, on boit le sang en léchant les blessures ; et,
pendant ce temps, qui devrait durer autant que l’éternité dure, l’enfant
pleure. Rien n’est si bon que son sang, extrait comme je viens de le dire,
et tout chaud encore, si ce ne sont ses larmes, amères comme le sel.
Homme, n’as-tu jamais goûté de ton sang, quand par hasard tu t’es coupé
le doigt ? Comme il est bon, n’est-ce pas ; car, il n’a aucun goût. En
outre, ne te souviens-tu pas d’avoir un jour, dans tes réflexions
lugubres, porté la main, creusée au fond, sur ta figure maladive mouillée
par ce qui tombait des yeux ; laquelle main ensuite se dirigeait fatalement
vers la bouche, qui puisait à longs traits, dans cette coupe, tremblante
comme les dents de l’élève qui regarde obliquement celui qui est né pour
l’oppresser, les larmes ? Comme elles sont bonnes, n’est-ce pas ; car, elles
ont le goût du vinaigre. On dirait les larmes de celle qui aime le plus ;
mais, les larmes de l’enfant sont meilleures au palais. Lui, ne trahit
pas, ne connaissant pas encore le mal : celle qui aime le plus trahit tôt
ou tard... je le devine par analogie, quoique j’ignore ce que c’est que
l’amitié, que l’amour (il est probable que je ne les accepterai jamais ;
du moins, de la part de la race humaine). Donc, puisque ton sang et tes
larmes ne te dégoûtent pas, nourris-toi, nourris-toi avec confiance des
larmes et du sang de l’adolescent. Bande-lui les yeux, pendant que tu
déchireras ses chairs palpitantes ; et, après avoir entendu de longues
heures ses cris sublimes, semblables aux râles perçants que poussent dans
une bataille les gosiers des blessés agonisants, alors, t’ayant écarté
comme une avalanche, tu te précipiteras de la chambre voisine, et tu feras
semblant d’arriver à son secours. Tu lui délieras les mains, aux nerfs
et aux veines gonflées, tu rendras la vue à ses yeux égarés, en te
remettant à lécher ses larmes et son sang. Comme alors le repentir est
vrai ! L’étincelle divine qui est en nous, et paraît si rarement, se
montre ; trop tard ! Comme le cœur déborde de pouvoir consoler l’innocent
à qui l’on a fait du mal : « Adolescent, qui venez de souffrir des
douleurs cruelles, qui donc a pu commettre sur vous un crime que je ne
sais de quel nom qualifier ! Malheureux que vous êtes ! Comme vous devez
souffrir ! Et si votre mère savait cela, elle ne serait pas plus près de
la mort, si abhorrée par les coupables, que je ne le suis maintenant.
Hélas ! qu’est-ce donc que le bien et le mal ? Est-ce une même chose par
laquelle nous témoignons avec rage notre impuissance, et la passion
d’atteindre à l’infini par les moyens même les plus insensés ? Ou bien,
sont-ce deux choses différentes ? Oui... que ce soit plutôt une même
chose... car, sinon, que deviendrai-je au jour du jugement ! Adolescent,
pardonne-moi ; c’est celui qui est devant ta figure noble et sacrée, qui
a brisé tes os et déchiré les chairs qui pendent à différents endroits
de ton corps. Est-ce un délire de ma raison malade, est-ce un instinct
secret qui ne dépend pas de mes raisonnements, pareil à celui de l’aigle
déchirant sa proie, qui m’a poussé à commettre ce crime ; et pourtant,
autant que ma victime, je souffrais ! Adolescent, pardonne-moi. Une fois
sortis de cette vie passagère, je veux que nous soyons entrelacés
pendant l’éternité ; ne former qu’un seul être, ma bouche collée à ta
bouche. Même, de cette manière, ma punition ne sera pas complète. Alors,
tu me déchireras, sans jamais t’arrêter, avec les dents et les ongles
à la fois. Je parerai mon corps de guirlandes embaumées, pour cet
holocauste expiatoire ; et nous souffrirons tous les deux, moi, d’être
déchiré, toi, de me déchirer... ma bouche collée à ta bouche. Ô
adolescent, aux cheveux blonds, aux yeux si doux, feras-tu maintenant ce
que je te conseille ? Malgré toi, je veux que tu le fasses, et tu rendras
heureuse ma conscience. » Après avoir parlé ainsi, en même temps tu auras
fait le mal à un être humain, et tu seras aimé du même être : c’est le
bonheur le plus grand que l’on puisse concevoir. Plus tard, tu pourras
le mettre à l’hôpital ; car, le perclus ne pourra pas gagner sa vie. On
t’appellera bon, et les couronnes de laurier et les médailles d’or
cacheront tes pieds nus, épars sur la grande tombe, à la figure vieille.
Ô toi, dont je ne veux pas écrire le nom sur cette page qui consacre la
sainteté du crime, je sais que ton pardon fut immense comme l’univers.
Mais, moi, j’existe encore !
Les Chants de Maldoror, 1869 |
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