Charles Leconte de Lisle


Sûryâ


 
Ta demeure est au bord des océans antiques,
Maître ! Les grandes Eaux lavent tes pieds mystiques.
 
Sur ta face divine et ton dos écumant
L’Abîme primitif ruisselle lentement.
Tes cheveux qui brûlaient au milieu des nuages,
Parmi les rocs anciens déroulés sur les plages,
Pendent en noirs limons, et la houle des mers
Et les vents infinis gémissent au travers.
Sûryâ ! Prisonnier de l’Ombre infranchissable,
Tu sommeilles couché dans les replis du sable.
Une haleine terrible habite en tes poumons ;
Elle trouble la neige errante au flanc des monts ;
Dans l’obscurité morne en grondant elle affaisse
Les astres submergés par la nuée épaisse,
Et fais monter en chœur les soupirs et les voix
Qui roulent dans le sein vénérable des bois.
 
Ta demeure est au bord des océans antiques,
Maître ! Les grandes Eaux lavent tes pieds mystiques.
 
Elle vient, elle accourt, ceinte de lotus blancs,
L’Aurore aux belles mains, aux pieds étincelants ;
Et tandis que, songeur, près des mers tu reposes,
Elle lie au char bleu les quatre Vaches roses.
Vois ! Les palmiers divins, les érables d’argent,
Et les frais nymphéas sur l’eau vive nageant,
La vallée où pour plaire entrelaçant leurs danses
Tournent les Apsaras en rapides cadences,
Par la nue onduleuse et molle enveloppés,
S’éveillent, de rosée et de flamme trempés.
Pour franchir des sept cieux les larges intervalles,
Attelle au timon d’or les sept fauves Cavales,
Secoue au vent des mers un reste de langueur,
Éclate, et lève-toi dans toute ta vigueur !
 
Ta demeure est au bord des océans antiques,
Maître ! Les grandes Eaux lavent tes pieds mystiques.
 
Mieux que l’oiseau géant qui tourne au fond des cieux,
Tu montes, ô guerrier, par bonds victorieux ;
Tu roules comme un fleuve, ô Roi, source de l’Être !
Le visible infini que ta splendeur pénètre,
En houles de lumière ardemment agité,
Palpite de ta force et de ta majesté.
Dans l’air flambant, immense, oh ! que ta route est belle
Pour arriver au seuil de la Nuit éternelle !
Quand ton char tombe et roule au bas du firmament,
Que l’horizon sublime ondule largement !
Ô Sûryâ ! Ton corps lumineux vers l’eau noire
S’incline, revêtu d’une robe de gloire ;
L’Abîme te salue et s’ouvre devant toi :
Descends sur le profond rivage et dors, ô Roi !
 
Ta demeure est au bord des océans antiques,
Maître ! Les grandes Eaux lavent tes pieds mystiques.
 
Guerrier resplendissant, qui marches dans le ciel
À travers l’étendue et le temps éternel ;
Toi qui verses au sein de la Terre robuste
Le fleuve fécondant de ta chaleur auguste,
Et sièges vers midi sur les brûlants sommets ;
Roi du monde, entends-nous, et protège à jamais
Les hommes au sang pur, les races pacifiques
Qui te chantent au bord des océans antiques !
 

Poèmes antiques

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 11 décembre 2012 à 17h59

Tu picolais avec les  moutardiers antiques,
Pigeon ! Yake Lakang payait tes coups mystiques.

Par ton gosier divin, vers ton ventre écumant,
Le pinard de Cluny ruisselle lentement.
Tu crois voir, de tes yeux tout emplis de nuages,
Que vingt-cinq biches vont au long de vingt-cinq plages,
Et Leconte de Lisle, au hasard des sept mers,
Laissant Cochonfucius gouverner de travers.
Ce sont les moutardiers de l’Ombre infranchissable
Qui picolent debout, les deux pieds dans le sable.
Les vers qu’ils vont disant, le soir, à pleins poumons,
Troublent les trois clients qui viennent de Clermont.
Leur voix est triste et morne, et monte et puis s’affaisse,
Un lumignon surgit dans cette brume épaisse
Et fait monter plus haut les soupirs et les voix
Que pousse incessament cette troupe qui boit.

Tu picolais avec les moutardiers antiques,
Pigeon ! Yake Lakang payait tes coups mystiques.

Puis il vient, il accourt, au ciel de vendeur blanc,
Midas aux belles mains, aux pieds étincelants.
Et tandis que, songeur, ton godet tu reposes,
Il attache au char bleu les vingt-cinq biches roses.
Vois ! Le pinard divin qui coûte peu d’argent,
Et les francs moutardiers à-demi surnageant,
Le comptoir où pour plaire entrelaçant leurs danses
Grimpent les additions en rapides cadences.
Par l’ivresse onduleuse et molle enveloppés,
Les moutardiers de leur sueur se voient trempés.
Pour franchir des sept cieux les larges intervalles,
Ils vont encourageant les biches qui cavalent.
Au hasard des sept mers promenant sa langueur,
Le lumignon soudain démontre sa vigueur.

Tu picolais avec les moutardiers antiques,
Pigeon ! Yake Lakang payait tes coups mystiques.

Mieux que le lumignon qui tourne au fond des cieux,
Tu montes, moutardier, par bonds victorieux.
Tu roules comme un dé, Pigeon, source de l’Etre !
Le visible infini que ta splendeur pénètre,
En houles de lumière ardemment agité,
Palpite de ta force et de ta majesté.
Dans l’air flambant, immense, oh ! que ta cuite est belle
Qui te conduit au seuil de la Nuit éternelle !
Le lumignon qui roule au bas du firmament,
Vers l’horizon sublime ondule largement
Pauvre Pigeon ! Ton corps vers une biche noire
S’incline, vomissant sur sa robe de gloire.
L’Abîme te salue et s’ouvre devant toi.
Descends donc ce pinard et tu deviendras Roi !

Tu picolais avec les moutardiers antiques,
Pigeon ! Yake Lakang payait tes coups mystiques.

Noble Pigeon puissant, qui marches dans le ciel
À travers l’étendue et le temps éternel,
Toi qui bois le pinard d’un geste si robuste,
Toi qui baignes ton corps dans sa chaleur auguste,
Et sièges vers midi sur les brûlants sommets,
Vieux Pigeon ! entends-nous, et protège à jamais
Les buveurs du matin, les poivrots pacifiques
Qui picolent avec les moutardiers antiques !

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