Ce n’est pas moi qui sait d’une voix feinte,
Ou d’un semblant traitrement déguisé,
Feindre mon cœur d’un amour embrasé,
Pour à tous vents la flamme en être éteinte.
Autre que moi d’une menteuse plainte
Aura l’honneur des dames abusé,
Car sois-je pris, ou sois-je refusé,
J’aime toujours d’une amitié plus sainte.
Et si chantant d’une débile voix,
Ou si pleurant devant vous quelquefois,
J’ai décelé mon amour et ma peine,
Assurez-vous que le cœur qui sentait
Un plus grand mal, mon chant ne démentait :
Ne rendez donc mon espérance vaine.
Arbre témoin de la dignité feinte
D’un noir destin en grandeur déguisé,
J’ai vu la haine un despote embraser ;
J’ai vu la vie au pied des murs éteinte.
Rémus tomba sans former nulle plainte :
De sacrilège il était accusé,
De se soumettre il avait refusé
En profanant le tracé de l’enceinte.
Or, mon feuillage est porteur de sa voix
Que sur la plaine on entend quelquefois ;
Je suis chargé d’une éternelle peine.
Je l’aimais bien, cet homme qui chantait,
Lui que nul dieu jamais ne démentait ;
Roi Romulus, ton ire fut bien vaine.
Déposé par Cochonfucius le 25 octobre 2022 à 10h39
Arbre de l’infante
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Sur une branche est un oiseau sans crainte,
C’est de l’infante un compagnon prisé ;
Sur ses mains, même, il aime se poser,
Son amitié pour elle n’est pas feinte.
Elle lui chante une douce complainte
Sur les méfaits d’un vieux renard rusé ;
Un noir corbeau par lui fut abusé
Sur ce même arbre, auprès du mur d’enceinte.
L’oiseau répond de sa timide voix,
Aux trois couplets il ajoute un envoi ;
D’une cigale on entend la rengaine.
C’était au temps où l’infante chantait,
Où le bon roi mille roses plantait,
Où le bouffon soupirait pour la reine.