Mallarmé(1842-1898) D’autrеs pоèmеs :Sоnnеt : Ô si сhèrе dе lоin еt prосhе еt blаnсhе, si... Τоmbеаu : Lе nоir rос соurrоuсé quе lа bisе lе rоulе... Sеs purs оnglеs très hаut dédiаnt lеur оnух... Lе viеrgе, lе vivасе еt lе bеl аuјоurd’hui... оu еncоrе :Μ’intrоduirе dаns tоn histоirе... Hоmmаgе : Lе silеnсе déјà funèbrе d’unе mоirе...
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MallarméPages, 1891 II
La Cornalba me ravit, qui danse comme dévêtue ; c’est-à-dire que sans le semblant d’aide offert à un enlèvement ou à la chute par une présence volante et assoupie de gazes, elle paraît, appelée dans l’air, s’y soutenir, du fait italien d’une moelleuse tension de sa personne.
Tout le souvenir, non ! du spectacle à l’Éden, faute de Poésie : ce qu’on nomme ainsi, au contraire, y foisonne, débauche aimable pour l’esprit libéré de la fréquentation des personnages à robes, habit et mots célèbres. Seulement le charme est aux pages du livret, il ne passe pas dans la représentation. Les astres, eux-mêmes, lesquels j’ai pour croyance que rarement il faut déranger et pas sans raisons considérables de méditative gravité (vrai qu’ici, selon l’explication, l’Amour les meut et les assemble), je feuillette et j’apprends qu’ils sont de la partie ; et l’incohérent manque hautain de signification qui scintille en l’alphabet de la Nuit va consentir à tracer le mot Viviane, enjôleurs nom de la fée et titre du poème, selon quelques coups d’épingle stellaires en une toile de fond bleue : car le corps de ballet, total, ne figurera autour de l’étoile (la peut-on mieux nommer !) la danse idéale des constellations. Point ! de là on partait, vous voyez dans quels mondes, droit à l’abîme de l’art. La neige aussi dont chaque flocon ne revit pas au va-et-vient d’un blanc ballabile ou selon une valse, ni le jet vernal des floraisons : tout ce qui est, en effet, la Poésie, ou nature animée, ne sort du texte que pour se figer en des manœuvres de carton et l’éblouissante stagnation des mousselines lie et feu. Aussi dans l’ordre de l’action, j’ai vu un cercle magique par autre chose dessiné que le tour continu ou les lacs de la fée même : etc. Mille détails piquants d’invention, sans qu’aucun atteigne à une importance de fonctionnement avéré et normal, dans le rendu. A-t-on jamais, notamment au cas sidéral précité, avec plus d’héroïsme passé outre la tentation de reconnaître en même temps que des analogies solennelles, cette loi, que le premier sujet, hors cadre, de la danse soit une synthèse mobile, en son incessante ubiquité, des attitudes de chaque groupe : comme elles ne la font que détailler, en tant que fractions, à l’infini. Telle, une réciprocité, dont résulte, l’in-individuel, chez la coryphée et dans l’ensemble, de l’être dansant, jamais qu’emblème, point quelqu’un... Le jugement, ou l’axiome, à affirmer en fait de ballet !
À savoir que la danseuse n’est pas une femme qui danse, pour ces motifs juxtaposés qu’elle n’est pas une femme mais une métaphore résumant un des aspects élémentaires de notre forme, glaive, coupe, fleur, etc., et qu’elle ne danse pas, suggérant, par le prodige de raccourcis ou d’élans, avec une écriture corporelle ce qu’il faudrait des paragraphes en prose dialoguée autant que descriptive, pour exprimer, dans la rédaction : poème dégagé de tout appareil du scribe.
Après une légende, la Fable point comme l’entendit le goût classique ou machinerie d’empyrée, mais selon le sens restreint d’une transposition de notre caractère, ainsi que de nos façons, au type simple de l’animal. Le jeu aisé consistait à re-traduire à l’aide de personnages, il est vrai, plus instinctifs comme bondissants et muets que ceux à qui un conscient langage permet de s’énoncer dans la comédie, les sentiments humains donnes par le fabuliste à d’énamourés volatiles. La danse est ailes, il s’agit d’oiseaux et des départs en l’à-jamais, des retours vibrants comme flèche : à qui scrute la représentation des Deux Pigeons apparaît par la vertu du sujet, cela, une obligatoire suite des motifs fondamentaux du Ballet. L’effort d’imagination pour le trouveur de ces similitudes ne s’annonce pas ardu, niais c’est quelque chose que d’apercevoir une parité médiocre même, et le résultat intéresse, en art. Leurre ! sauf dans le premier acte, une jolie incarnation des ramiers en l’humanité mimique ou dansante des protagonistes.
Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre
deux ou plusieurs, par paire, sur un toit, ainsi que la mer, vu en l’arceau d’une ferme thessalienne, et vivants, ce qui est, mieux que peints, dans la profondeur et d’un juste goût. L’un des amants à l’autre les montre puis soi-même, langage initial, comparaison. Tant peu à peu les allures du couple acceptent de l’influence du pigeonnier becquètements ou sursauts, pâmoisons, que se voit cet envahissement d’aérienne lascivité sur lui glisser, avec des ressemblances éperdues. Enfants, les voici oiseaux, ou le contraire, d’oiseaux enfants, selon qu’on veut comprendre l’échange dont toujours et dès lors, lui et elle, devraient exprimer le double jeu : peut-être, toute l’aventure de la différence sexuelle ! Or je cesserai de m’élever à aucune considération, que suggère le Ballet, adjuvant et le paradis de toute spiritualité, d’autant qu’après cet ingénu prélude, rien n’a lieu, sauf la perfection des exécutants, qui vaille un instant d’arrière-exercice du regard, rien... Fastidieux de mettre le doigt sur l’inanité quelconque issue d’un gracieux motif premier. Voilà la fuite du vagabond, laquelle prêtait, du moins, à cette espèce d’extatique impuissance à disparaître qui délicieusement attache aux planchers la danseuse ; puis quand viendra, dans le rappel du même site ou le foyer, l’heure poignante et adorée du rapatriement, après intercalation d’une fête à quoi tout va tourner sous l’orage, et que les déchirés, pardonnante et fugitif, s’uniront : ce sera... Conçoit-on l’hymne de danse final et triomphal où diminue jusqu’à la source de leur joie ivre l’espace mis entre les fiancés par la nécessité du voyage ! Ce sera... comme si la chose se passait, Madame ou Monsieur, chez l’un de vous avec quelque baiser très indifférent en Art, toute la Danse n’étant de cet acte que la mystérieuse interprétation sacrée. Seulement, songer ainsi, c’est à se faire rappeler par un trait de flûte le ridicule de son état visionnaire quant au contemporain banal qu’il faut, après tout, représenter, par condescendance pour le fauteuil d’Opéra.
À l’exception d’un rapport perçu avec netteté entre l’allure habituelle du vol et maints effets chorégraphiques, puis le transport au Ballet, non sans tricherie, de la Fable, demeure quelque histoire d’amour ; il faut que virtuose sans pair à l’intermède du Divertissement (rien n’y est que morceaux et placage) l’émerveillante Mademoiselle Mauri résume le sujet par sa divination mêlée d’animalité trouble et pure à tous propos désignant les allusions non mises au point, ainsi qu’avant un pas elle invite, avec deux doigts, un pli frémissant de sa jupe et simule une impatience de plumes vers l’idée.
Un art tient la scène, historique avec le Drame ; avec le Ballet, autre, emblématique. Allier, mais ne confondre ; ce n’est point d’emblée et selon un traitement commun qu’il faut joindre deux attitudes jalouses de leur silence respectif, la mimique et la danse, tout à coup étrangères si l’on en force le rapprochement. Un exemple illustre ce propos : a-t-on pas tout à l’heure, pour rendre une identique essence, celle de l’oiseau, chez deux interprètes, imaginé d’élire une mime à côté d’une danseuse, c’est confronter trop de différence ! l’autre, si l’une est colombe, devenant j’ignore quoi, la brise par exemple. Au moins, très judicieusement, à l’Éden, employant les deux modes d’art exclusifs, un homme de théâtre expérimenté a pris pour thème l’antagonisme que chez son héros participant du double monde, homme déjà et enfant encore, installe la rivalité de la femme qui marche (même à lui, sur des tapis de royauté) avec celle, non moins chère du fait de sa voltige seule, la primitive et fée. Le trait distinctif de chaque genre théâtral mis en contact ou opposé se trouve commander l’œuvre qui emploie le disparate à son architecture même. Resterait à trouver une communication. Le librettiste ignore d’ordinaire que la danseuse, qui s’exprime par des pas, ne comprend d’éloquence autre, même le geste.
À moins du génie disant « La Danse figure le caprice à l’essor rythmique — voici, avec leur nombre, les quelques équations sommaires de toute fantaisie — or la forme humaine dans sa plus excessive mobilité, ou vrai développement, ne les peut transgresser, en tant, je le sais, qu’incorporation visuelle de l’idée » : cela, puis un coup d’œil jeté sur un ensemble de chorégraphie ! personne à qui ce moyen convienne d’établir un ballet. Connue la tournure d’esprit contemporaine, chez ceux mêmes, aux facultés ayant pour fonction de se produire miraculeuses ; il y faudrait substituer je ne sais quel impersonnel ou fulgurant regard absolu, comme l’éclair qui enveloppe, depuis quelques ans, la danseuse d’Édens, fondant une crudité électrique à des blancheurs extra-charnelles de fards, et en fait bien l’être prestigieux reculé au-delà de toute vie possible.
L’unique entraînement Imaginatif consistera, aux heures
ordinaires de fréquentation dans les lieux de Danse, sans visée
quelconque préalable, patiemment et passivement à se demander
devant tout pas, chaque attitude si étranges, et pointes et
taquetés, allongés ou ballons "Que peut signifier ceci ?" ou
mieux, d’inspiration le lire. À coup sûr on opérera en pleine
rêverie, mais adéquate ; vaporeuse, nette et ample, ou restreinte,
telle seulement que l’enferme en ses circuits ou la transporte
par une fugue la ballerine illettrée se livrant aux jeux de sa
profession. Oui, celle-là (serais-tu perdu en une salle,
spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec
soumission à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les
rosés qu’enlevé et jette en la visibilité de régions supérieures
un jeu de ses chaussons de satin pâle vertigineux, la Fleur
d’abord de ton poétique instinct, n’attendant de rien autre la
mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations
latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser
le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier
qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement
écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.
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Mon florilège(Tоuriste) (Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.) Compte lecteurAgoraÉvаluations récеntes☆ ☆ ☆ ☆ ☆Siсаud : Lе Сinémа Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr Rоnsаrd : «Μаriе, vоus аvеz lа јоuе аussi vеrmеillе...» Αuvrау : «Hélаs ! qu’еst-се dе l’hоmmе оrguеillеuх еt mutin...» Сhаssignеt : «À bеаuсоup dе dаngеr еst suјеttе lа flеur...» Siеfеrt : Ρаntоum : «Αu сlаir sоlеil dе lа јеunеssе...» Siеfеrt : Ρаntоum : «Αu сlаir sоlеil dе lа јеunеssе...» Βаrbiеr : Lа Сuvе Τristаn L’Hеrmitе : Épitаphе d’un pеtit сhiеn Gаutiеr : Lа Μаnsаrdе ☆ ☆ ☆ ☆Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr Lаfоrguе : Épiсuréismе Guуоn : Αbаndоn еntiеr Gаutiеr : L’Hippоpоtаmе Riсhеpin : Αutrе еаu-fоrtе : «Lа visсоpе еn аrrièrе...» Βrizеuх : «Lоrsquе sur mа fеnêtrе, à l’hеurе du révеil...» Μussеt : Μimi Ρinsоn Rimbаud : Lеs Ρоètеs dе sеpt аns Vеrlаinе : «Εt ј’аi rеvu l’еnfаnt uniquе : il m’а sеmblé...» Соppéе : Αu théâtrе Cоmmеntaires récеntsDe Lеbrun sur «Jе rêvе, tаnt Ρаris m’еst pаrfоis un еnfеr...» (Соppéе) De Rоzès sur Lе Сinémа (Siсаud) De Сосhоnfuсius sur «Νе tе fâсhе, Rоnsаrd, si tu vоis pаr lа Frаnсе...» (Du Βеllау) De Сurаrе- sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе) De Сосhоnfuсius sur «Quаnd du sоrt inhumаin lеs tеnаillеs flаmbаntеs...» (Αubigné) De Сосhоnfuсius sur Lе biеn viеnt еn dоrmаnt (Gréсоurt) De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе) De Jаdis sur Lе Сhаt (Rоllinаt) De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе) De Jаdis sur Lеs Αngéliquеs (Νеlligаn) De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt) De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу) De Jаdis sur Épitаphе d’un сhiеn (Μаllеvillе) De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin) De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs) De Сurаrе- sur À un sоt аbbé dе quаlité (Sаint-Ρаvin) De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа) De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn) De Dаmе dе flаmmе sur «Du tristе сœur vоudrаis lа flаmmе étеindrе...» (Sаint-Gеlаis) De Wеbmаstеr sur Lа Ρеtitе Ruе silеnсiеusе (Fоrt) De Dаmе dе flаmmе sur «Τоi qui trоublеs lа pаiх dеs nоnсhаlаntеs еаuх...» (Βеrnаrd) Plus de commentaires...Ce sitePrésеntаtionCоntactSоutien |