Oscar V. de L. Milosz

Les Sept Solitudes, 1906


Ballade


 
Les poules folles de la sorcière et le crapaud
              — Sous le saule pleureur
Si fier des vertes perles en poison de sa peau,
              Ma sœur, n’entends-tu pas le son du cor ? —
 
Et les hideux amours masqués des léproseries,
Et la toux rouge en cailloux des tribades maigries ;
 
Et les vautours galeux aux yeux toujours effrayés,
Immobiles en face de la Baie des Noyés.
 
Et la cloche dont le vieux gosier est plein de pluie,
Et l’affreux son des heures depuis longtemps enfuies ;
 
Et la croix où les corbeaux se suspendent en grappes,
Et le monastère borgne aux perverses agapes ;
 
Et les ravins les plus perfides et les plus sombres,
Et l’odeur de jadis qui dort mal sous les décombres ;
 
Et le rire muet des amitiés suicidées,
Et le silence fou des peupliers de l’allée
 
Aimaient le chevalier maigre en toile d’araignée,
Et quand il passait, hommes et femmes se signaient.
 
Quiconque rencontrait son regard vide de puits,
Sentait en son cœur sonner un étrange minuit.
 
Comme un vol vers Elseneur de cormorans d’automne
Étaient les chansons de sa flûte, rauques et jaunes.
 
Le soleil de miel des ruines, les lézards des murs
S’entretenaient avec lui de Ginèvre et d’Arthur.
 
Il portait un rat aux yeux rouges dans son bissac,
Ce raton était l’âme de Lancelot du Lac.
 
Son rêve avait des manoirs déserts l’odeur moisie ;
Les longs pendus le saluaient non sans courtoisie.
 
Les grandes chevilles aux fourrures hérissées
Dévoraient quelque part la Dame de ses Pensées.
 
Son écuyer en brume avait beaucoup de science
Et la mort de maint moine gras sur la conscience.
 
Son cheval d’eau de pluie avait une oreille brune.
Je l’ai fort souvent entendu hennir à la lune.
 
Comme des couleuvres dormantes étaient ses veines ;
D’aucuns le croyaient pair du royaume de Poullayne.
 
Quand il traversait la forêt vieille, humide et bleue
Les champignons de mort ôtaient leurs bonnets de feu.
 
Les filles le guettaient, le soir, près des puits moussus.
Le pays était plein de petits bâtards bossus.
 
Bruissant était l’or de l’armure en feuilles jaunies
De ce roi maudit des pays de Monotonie.
 
La devise de son blason était : Aimerai-je ?
Son cœur était le sommeil d’un serpent sous la neige.
 
Cependant après la treizième coupe de vin
              — Sous le saule pleureur,
Son hier épousait joyeusement son demain.
Dis-moi, ma sœur, n’entends-tu pas le son du cor ? —
 

Commentaire (s)
Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Drеlinсоurt : Sur l’Εnfеr

Τоulеt : «Се n’еst pаs drôlе dе mоurir...»

Αpоllinаirе : Lе Сhаt

Τоulеt : «Μоn âmе pаisiblе étаit pаrеillе аutrеfоis...»

Hugо : «Εllе étаit déсhаusséе, еllе étаit déсоifféе...»

Τоulеt : «Τоutе аllégrеssе а sоn défаut...»

Vаlérу : Сhаnsоn à pаrt

Сhéniеr : «Ô Μusеs, ассоurеz ; sоlitаirеs divinеs...»

Αubigné : Соntrе lа présеnсе réеllе

Régniеr : Εn fоrêt

Riсhеpin : Lе Сhеmin сrеuх

Ρirоn : Οdе à Ρriаpе

☆ ☆ ☆ ☆

Du Βеllау : «Εspérеz-vоus quе lа pоstérité...»

Évаnturеl : Sоuvеnir

Rоllinаt : Lе Сhаssеur еn sоutаnе

Dеrèmе : «Μоn еspérаnсе étаit tоmbéе...»

Ρоnсhоn : Rоndеl : «Αh ! lа prоmеnаdе ехquisе...»

Ρоnсhоn : Сhаnsоn : «Lе јоli vin dе mоn аmi...»

Μussеt : Соnsеils à unе Ρаrisiеnnе

Vаlérу : Сhаnsоn à pаrt

Gill : Déménаgеmеnt

Αubigné : «Sоupirs épаrs, sаnglоts еn l’аir pеrdus...»

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Sur l’Εnfеr (Drеlinсоurt)

De Сосhоnfuсius sur Οrdrе аu sоlеil (Sеgаlеn)

De Сосhоnfuсius sur Εхpliсаtiоn (Vеrlаinе)

De Сhristiаn sur Сrépusсulе dе dimаnсhе d’été (Lаfоrguе)

De Сurаrе- sur L’Ιndifférеnt (Sаmаin)

De Τhundеrbird sur Αgnus Dеi (Vеrlаinе)

De Сurаrе- sur À сеllеs qui plеurеnt (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Сurаrе- sur Lа Ρаssаntе (Νеlligаn)

De Сhristiаn sur «Lе сhеmin qui mènе аuх étоilеs...» (Αpоllinаirе)

De Ιо Kаnааn sur Jоуаu mémоriаl (Sеgаlеn)

De Lilith sur «Се fut un Vеndrеdi quе ј’аpеrçus lеs Diеuх...» (Νuуsеmеnt)

De Сurаrе_ sur Lе Dоnјоn (Rоllinаt)

De Сhristiаn sur Lе Μusiсiеn dе Sаint-Μеrrу (Αpоllinаirе)

De Ιо Kаnааn sur «Αh trаîtrе Αmоur, dоnnе-mоi pаiх оu trêvе...» (Rоnsаrd)

De Jаdis sur Lе Dоrmеur du vаl (Rimbаud)

De Αlаin sur Lа Сhаpеllе аbаndоnnéе (Fоrt)

De Βеrgаud Α sur Lеs Gеnêts (Fаbié)

De Jаdis sur Lе Rоi dе Τhulé (Νеrvаl)

De Jаdis sur «Τоut n’еst plеin iсi-bаs quе dе vаinе аppаrеnсе...» (Vаlléе dеs Βаrrеаuх)

De Jеаn Luс ΡRΟFFΙΤ sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе