Musset

Poésies nouvelles, 1850


Sonnet au Lecteur


 
Jusqu’à présent, lecteur, suivant l’antique usage,
Je te disais bonjour à la première page.
Mon livre, cette fois, se ferme moins gaiement ;
En vérité, ce siècle est un mauvais moment.
 
Tout s’en va, les plaisirs et les mœurs d’un autre âge ;
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosalinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.
 
La politique, hélas ! voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d’en faire.
Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.
 
Je veux, quand on m’a lu, qu’on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s’embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.
 

Janvier 1850.

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 13 juin 2015 à 11h01

Moine-cerf
--------

J’écoute ce prêcheur au prodigieux visage,
De tout ce qu’il exprime, on ferait un roman
De trois cents, de cinq cents, même de mille pages ;
Il foisonne de mots, je ne sais pas comment.

Sa ramure imposante indique son grand âge ;
Depuis toujours, j’ai vu ce moine triomphant
Venir nous abreuver de sa parole sage,
Instruisant à la fois le vieillard et l’enfant.

Or, tous les villageois en oublient leur misère,
Ils comprennent enfin qu’il ne faut pas s’en faire,
Ni se décourager pour un oui, pour un non.

Si ce barde écrivait, nous aimerions le lire,
Conserver dans nos murs l’empreinte de sa lyre,
Les mots mirobolants qui firent son renom.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par pich24 le 6 avril 2016 à 15h11

Que mes vers, cher lecteur, te fassent bon usage,
Goûte-les du début à la dernière page,
Clame-les en sourdine et chante les gaiement,
Laisse ton coeur ainsi passer un bon moment !

Mais il ne faut, lecteur, pas pleurer à ton âge,
Que t’emporte trop loin un émoi triomphant
Lors que ma poésie avait but d’être sage
Ne tentant d’émouvoir que l’âme d’un enfant.

Sache donc qu’ici bas, la plus grande misère
C’est de lire un poème à ne savoir qu’en faire,
Et l’ayant lu deux fois se dire : « Trois fois ! Non. »

Même s’il est mauvais, tente de le relire
Donne chance à mes vers et l’aubaine à ma lyre
De prouver que mon cœur n’aime pas que Ninon.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Pierre Lamy le 2 août 2020 à 08h03

Le même en vers de onze

Jusqu’ici, lecteur, suivant l’antique usage,
je disais bonjour à la première page.
Mon livre, aujourd’hui, se ferme moins gaiement ;
disons-le, ce siècle est un mauvais moment.
 
S’en vont, les plaisirs et les mœurs d’un autre âge ;
Rois et dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosette et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine âgé qui me traite en enfant.
 
La politique, voilà notre misère.
Mes bons ennemis me conseillent d’en faire.
Être rouge un soir, blanc demain, ma foi, non.
 
Je veux, que qui m’a lu, puisse me relire.
Si deux noms, hélas, s’embrouillent sur ma lyre,
Ce sera toujours  ou Ninette ou Ninon.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 26 novembre 2020 à 13h48

Docte Goupil
----------

Maître Goupil, dit-on, de ce monde a l’usage,
Des trésors de sa ruse on a fait un roman ;
En des temps très anciens j’en ai lu quelques pages,
Et même des extraits traduits en allemand.

En deux ou trois sonnets je lui rendis hommage
Afin de le dépeindre en héros triomphant  ;
Car il sut du corbeau susciter le ramage,
Pour notre amusement, pour celui des enfants.

C’est un bon compagnon pour les jours de misère ;
Ceux qui de l’imiter autrefois s’avisèrent
Eurent moins de tourment, ne dites pas que non.

Le renard n’écrit pas, mais il sait très bien lire ;
Il aime rencontrer la science et le délire,
Ainsi que les auteurs qui célèbrent son nom.

[Lien vers ce commentaire]

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