Germain Nouveau


Bouts de notes


 
 

I


 
Gilles, fils de Watteau, grand frère des Lys blancs,
Debout dans le soleil et tombé de la Lune,
Es-tu sombre, es-tu gai, dans tes habits ballants ?
L’âne brait-il ? ou si le Docteur t’importune ?
 
Ou si le Mezzetin cherche à t’en conter une ?
Ou si Silvie a pris ses grands airs insolents ?
Un oiseau t’a prédit, dans les massifs galants,
Ou ta bonne aventure ou ta triste fortune ?
 
Si ta joue est émue, on ne voit pas pourquoi. —
Tu vas rire ou tu vas pleurer. Tu te tiens coi,
Malicieux Conscrit, tout bête sous les armes. —
 
Est-ce en larmes d’argent ou bien en rires d’or
Qu’il te faut éclater, toi qui ris jusqu’aux larmes,
Et qui ne dois pleurer qu’en riant plus encor ?
 
 
 

II


 
Une Soirée en noir et blanc sous les plafonds
D’or usé des salons de faux marquis de Presles
Dans les fleurs, sur des poufs, et des sophas, de frêles
Divinités du jour. Quelques vieillards profonds.
 
Le Lustre du milieu, bourdonnant. Dans des fonds
Rieurs, l’orchestre sourd tendant les chanterelles,
D’après mamans roulant des yeux de tourterelles,
Près d’Alcindors rêveurs, qui supputent les fonds.
 
Un poète. Un banquier. Une femme sensible.
Des cancans. Un duo chanté du mieux possible.
Valère autour d’Élise, et l’air très amoureux.
 
Et la belle Madame une telle qui danse !
Tout à coup, sous l’archet, tout ce monde en cadence
S’amuse, et ne sait pas que les Saints sont heureux.
 
 
 

III


 
Et maintenant ! auprès de Charles Bovary,
De Léon et d’Emma, mais loin de Saint Antoine,
Dans cet enfer brûlant sur les lèvres du Moine,
Dont Il riait, ainsi que Homais en a ri,
 
(Homais qui ne voit pas plus loin que l’antimoine)
Le voilà, c’est probable ! Odieux au mari,
À Rodolphe qui fut vain de son patrimoine,
Appelant Salammbô d’un inutile cri.
 
Il voit, n’ayant écrit qu’une calembredaine,
À présent, qu’avant tout la Bêtise est mondaine,
Et que bête il le fut, puisqu’il fut vicieux.
 
Et quel mal il fait ! car, sous de paisibles cieux,
D’autres Emmas, lisant ses sales aventures,
Rêvent toujours à Toi, Paris plein de voitures !
 
 
 

IV


 
L’Église où l’orgue dort. La nef silencieuse.
Le chœur fermé, muet. Tous les cierges éteints.
Pas même un faible écho mourant des chants latins.
Dans un coin, sur un banc, seule une âme pieuse.
 
Une petite vieille, absorbée, oublieuse
De la terre, ravie à des tracas lointains.
Et ridicule, soit ! aux yeux des libertins,
Mais aux yeux de Jésus, humble et délicieuse.
 
Elle prie ; et priera pour vous, pour moi demain,
Si je meurs. Elle égrène à sa paisible main
Les grains du Chapelet. Toute sa vie adore.
 
Ce que son cœur contient, votre cœur le sait-il ?
Et quand elle s’en va sous sa coiffe en coutil,
À pas lents, elle sait ce que Voltaire ignore.
 

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