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Valentines, 1887
Vous mîtes votre bras adroit,
Un soir d’été, sur mon bras... gauche.
J’aimerai toujours cet endroit,
Un café de la Rive-Gauche ;
Au bord de la Seine, à Paris :
Un homme y chante la Romance
Comme au temps... des lansquenets gris ;
Vous aviez emmené Clémence.
Vous portiez un chapeau très frais
Sous des nœuds vaguement orange,
Une robe à fleurs... sans apprêts,
Sans rien d’affecté ni d’étrange ;
Vous aviez un noir mantelet,
Une pèlerine, il me semble,
Vous étiez belle, et... s’il vous plaît,
Comment nous trouvions-nous ensemble ?
J’avais l’air, moi, d’un étranger ;
Je venais de la Palestine
À votre suite me ranger,
Pèlerin de ta Pèlerine.
Je m’en revenais de Sion,
Pour baiser sa frange en dentelle,
Et mettre ma dévotion
Entière à vos pieds d’Immortelle.
Nous causions, je voyais ta voix
Dorer ta lèvre avec sa crasse,
Tes coudes sur la table en bois,
Et ta taille pleine de grâce ;
J’admirais ta petite main
Semblable à quelque serre vague,
Et tes jolis doigts de gamin,
Si chics ! qu’ils se passent de bague ;
J’aimais vos yeux, où sans effroi
Battent les ailes de votre Âme,
Qui font se baisser ceux du roi
Mieux que les siens ceux d’une femme ;
Vos yeux splendidement ouverts
Dans leur majesté coutumière...
Étaient-ils bleus ? Étaient-ils verts ?
Ils m’aveuglaient de ta lumière.
Je cherchais votre soulier fin,
Mais vous rameniez votre robe
Sur ce miracle féminin,
Ton pied, ce Dieu, qui se dérobe !
Tu parlais d’un ton triomphant,
Prenant aux feintes mignardises
De tes lèvres d’amour Enfant
Les cœurs, comme des friandises,
La rue où rit ce cabaret,
Sur laquelle a pu flotter l’Arche,
Sachant que l’Ange y descendrait,
Porte le nom d’un patriarche.
Charmant cabaret de l’Amour !
Je veux un jour y peindre à fresque
Le Verre auquel je fis ma cour.
Juin, quatre-vingt-cinq, minuit... presque.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 17 avril 2013 à 12h22
Patron, remplissez les pichets,
Aujourd’hui c’est jour de débauche !
Violoniste, un bon coup d’archet
Pour tes airs de la Rive Gauche.
En buvant le soir à Paris,
On traite des sujets immenses ;
Et quand chacun est un peu gris,
On se sent rempli de clémence.
Le vin blanc est tenu au frais
Juste à côté du jus d’orange ;
Et d’autres breuvages sont prêts
Pour ceux qui ont le goût étrange.
L’un demande un café au lait,
L’autre une anisette, il me semble,
Hâtez-vous, patron, s’il vous plaît,
Il nous tarde de boire ensemble.
Donnez-nous des vins étrangers
Et des dattes de Palestine,
Des gâteaux de fleur d’oranger
Et des grillades de sardines ;
Du vin des vignes de Sion,
Du nougat, des crêpes dentelles,
Et des fruits de la Passion
Et des tranches de mortadelle.
Parmi le murmure des voix
Nul n’aperçoit le temps qui passe,
Tournent comme chevaux de bois
Les heures dans l’ombre avec grâce.
Un buveur parle avec les mains,
Un autre fait des gestes vagues
Et dit, de sa voix de gamin,
Des anecdotes et des blagues.
Un autre fouille sans effroi
Dans les profondeurs de son âme ;
Le dernier se prend pour un roi
Mais tremble devant une femme.
De leurs yeux à moitié ouverts
Ils voient les faces coutumières ;
Le reflet d’un liquide vert
Met du destin dans la lumière.
Ils ont moins soif, ils ont moins faim,
Et leur regard qui tout englobe
Admire les corps féminins
Et les vives couleurs des robes.
Voici Dionysos triomphant
Qui leur parle, sans mignardises,
De sa voix d’éternel enfant
Qui se gave de friandises.
Et la muse du cabaret
Qui capte ce discours en marche
L’écrit sur la nappe, à grands traits,
Pour en retenir la démarche.
Ainsi se sont passés mes jours :
Il faut que j’en trace la fresque
Mise en couleurs, avec amour.
Ça pourra vous amuser... presque. [Lien vers ce commentaire]
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