Quoi vous l’avez donc dit ma cruelle Bellonne,
Comme par un dédain que je suis votre rien :
Vraiment vous m’honorez, et ne savez combien,
Car un si grand honneur à chacun ne se donne.
De l’air, de l’eau, du feu, rien jamais ne s’étonne,
Rien n’a ombre ni corps, rien n’a ni mal ni bien,
Rien ne craint la fureur d’un Prince terrien,
Rien n’a peur qu’au besoin le secours l’abandonne.
L’air ne peut l’infecter, l’eau ne le peut dissoudre,
Le feu n’a le pouvoir de le réduire en poudre,
Par nul empêchement son cours n’est arrêté :
Tout ou beaucoup ne peut à rien faire dommage,
Mais tous deux une fois lui doivent rendre hommage :
Regarde donc l’honneur que tu m’as apprêté.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 21 février 2024 à 12h14
Prince grenouille
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J’aime les rainettes friponnes,
Moi qui ne leur refuse rien ;
Je les trousse, c’est pour leur bien,
On a le bon temps qu’on se donne.
Elles, qui ne sont pas des nonnes,
Frémissent quand l’Amour les tient ;
Une joyeuse humeur leur vient,
À leurs plaisirs elles s’adonnent.
À la faveur d’un coup de foudre,
Leur sens moral peut se dissoudre
Dans un bonheur bien mérité.
Moi que Dieu fit à son image,
Je leur prodigue mes hommages
En signe de fraternité.