Hélène Picard

(1873-1945)

D’autrеs pоèmеs :

Lе Τrоublе

Ρаrоlеs dе lа fоrêt

 

Hélène Picard


Lâcheté


 
Ah ! pouvoir, lâchement, montrer toute sa peine,
Pouvoir montrer sa misérable tare humaine,
Son péché, son malheur avec les bras ouverts,
Tout ce qui fait de l’ombre au fond des yeux amers...
Ah ! sangloter, un soir, contre une âme, à pleine âme,
Pouvoir dire : « Je suis si faible, je suis femme,
Je suis blessée et j’ai si mal voulu, parfois,
Et j’ai porté toute la faute dans mes doigts,
Et j’ai souffert avec les plus étranges fièvres,
Le défi dans les yeux et la détresse aux lèvres,
Je suis une si pauvre chair, un cœur si fou,
Comme un collier, j’ai la convoitise à mon cou,
J’ai de l’ardeur, du repentir, du plus pur rêve,
Et j’ai les mêmes flancs qui firent pleurer Ève... »
Oui, pouvoir, quelque soir, tout se raconter
Se laver à pleine eau dans son humilité,
Être plainte, bien plainte, en la pitié complète,
Comme une bête en sang, comme une pauvre bête !...
Montrer tout son amour si cruel et si beau,
Et la place en sueur où s’abat le fardeau,
Crier : « On m’a réduite, oppressée, enchaînée,
Sur moi, comme un ciel bas, pesa la destinée,
Et je me suis maudite, hélas ! tant j’ai souffert.
J’ai mérité le ciel, j’ai mérité l’enfer.
Mon âme de courroux, tant j’étais insensée,
En mille éclats, comme un miroir je l’ai cassée...
Je me suis détestée et j’eus tant de douleur
Que j’en ai déformé le contour de mon cœur.
Si vous saviez combien je suis lasse, abîmée,
Moi qui passais mon temps à n’être pas aimée,
Moi qui me savais belle et tendre et les yeux pleins
De tous les soirs, de tous les pleurs, de tous les biens,
Moi qui m’exaltais toute en une foi divine,
Et, puis, qui fus si lâche en toute ma poitrine,
Moi qui voulus le mieux, le pire, en mon esprit,
Moi qui vécus, la vie, à jamais, sans répit !...
L’amour m’a fait sentir sa force volontaire,
Sa main m’a remuée ainsi que de la terre,
Ah ! comme j’ai chéri l’homme que j’ai chéri,
Il fut mon eau courante et mon arbre fleuri,
Il fut hélas ! mon bien mal acquis, mon mensonge,
Mon beau remords, toute mon heure, tout mon songe,
Je l’aimais tant qu’il me semblait l’avoir volé... »
Oui, pouvoir, une fois, s’entendre consoler,
Oui, crier à pleins cris ses tourments, ses alarmes,
Être l’arbre qui meurt et qui se livre au vent...
Venez peupler le grand silence décevant,
 
Dieu, soyez, soyez, rien que pour voir mes larmes !...
 

L’Instant éternel, 1907

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Photo d'après : Hans Stieglitz