Rodenbach

La Jeunesse blanche, 1886


Vieux quais


 
Il est une heure exquise à l’approche des soirs,
Quand le ciel est empli de processions roses
Qui s’en vont effeuillant des âmes et des roses
Et balançant dans l’air des parfums d’encensoirs.
 
Alors, tout s’avivant sous les lueurs décrues
Du couchant dont s’éteint peu à peu la rougeur,
Un charme se relève aux yeux las du songeur ;
Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.
 
Façades en relief, vitraux coloriés,
Bandes d’Amours captifs dans le deuil des cartouches,
Femmes dont la poussière a défleuri les bouches,
Fleurs de pierre égayant les murs historiés.
 
Le gothique noirci des pignons se décalque
En escaliers de crêpe au fil dormant de l’eau,
Et la lune se lève au milieu d’un halo
Comme une lampe d’or sur un grand catafalque.
 
Oh ! les vieux quais dormants dans le soir solennel.
Sentant passer soudain sur leurs faces de pierre
Les baisers et l’adieu glacé de la rivière
Qui s’en va tout là-bas sous les ponts en tunnel.
 
Oh ! les canaux bleuis l’heure où l’on allume
Les lanternes, canaux regardés des amants
Qui devant l’eau qui passe échangent des serments
En entendant gémir des cloches dans la brume.
 
Tout agonise et tout se tait : on n’entend plus
Qu’un très mélancolique air de flûte qui pleure,
Seul, dans quelque invisible et noirâtre demeure
Où le joueur s’accoude aux châssis vermoulus !
 
Et l’on devine au loin le musicien sombre,
Pauvre, morne, qui joue au bord croulant des toits ;
La tristesse du soir a passé dans ses doigts,
Et dans sa flûte à trous il fait chanter de l’ombre.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 2 novembre 2015 à 11h07

Léopard et licorne
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Le léopard s’invite au village, le soir,
Devant la grande auberge, en terrasse, il se pose ;
La licorne apparaît sur fond de couchant rose,
Le soleil moribond évoque un encensoir.

Paisible est cet endroit, bien que la foule afflue ;
Le crépuscule apporte une douce rougeur,
Licorne et léopard ont un regard songeur,
Revoyant en esprit la page souvent lue.

Licorne et léopard, votre vie n’est pas sombre ;
Le dernier feu du jour illumine les toits,
Dans la salle, on entend quelques éclats de voix,
Des patients taverniers se devinent les ombres.

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