Rollinat

Les Apparitions, 1896


La Grotte


 
Dans la grotte où la peur d’une affreuse tempête
Par un couloir à pic avait conduit mes pas,
S’engouffrait mon regard, mesurant de si bas
L’énorme hauteur d’ombre au-dessus de ma tête.
 
Du sol mou, de la voûte et des parois funèbres,
À bouffements visqueux fluait l’humidité,
J’avais l’impression que de l’hostilité
Se projetait sur moi de toutes ces ténèbres.
 
Car, par ses seuls effets, la nuit rendait sensible
La chimérique horreur des démons et des morts,
Faisant flotter les bras de tel monstre sans corps,
Ramper le pas suiveur de tel être invisible.
 
Le clair-obscur chagrin qui pleurait dans ce vide
Ne filtrait pas des murs non plus que du plafond :
C’est parce qu’il sortait de terre, du fin fond,
Qu’ainsi tout tremblotait hideusement livide.
 
C’était un jour complexe et qui changeait de place :
Ici, brume verdâtre, et là, fumeux rideau,
Ailleurs, noyant le noir comme une masse d’eau,
Et, plus loin, s’y plaquant, vitreux comme une glace.
 
Mon regard s’embrouillait, trébuchant, incapable
De préciser l’aspect toujours fallacieux,
Si bien, qu’hallucinés par leur doute, mes yeux
Dans l’informe à présent voyaient de l’impalpable.
 
La profondeur des coins tout grouillants d’ombre froide
Y laissait supposer du reptile à foison ;
Sous mes pas maint bourbier, comme un lac de poison,
Tendait le guet-apens de son eau blême et roide.
 
L’étrangeté des bruits formait à voix couvertes
Comme un parler confus, appelant et rôdeur ;
Des respirations vagues traînaient l’odeur
Qui monte des caveaux et des fosses ouvertes.
 
Tel murmure partait de tel objet muet ;
Et l’Animé stagnait, l’Inerte remuait,
Avec ce geste errant qui cherche et qui vous frôle.
 
C’était l’horreur magique, à craindre qu’une main,
Celle de la Mort même, en grand squelette humain,
Ne s’abattît soudain, lourde, sur mon épaule.
 
Aussi, lorsque sorti de ce terrible abime
Où j’avais pu compter les toc-toc de mon cœur,
Je repris mon chemin, — j’en usai la longueur
À me redire, avec quelle stupeur intime !

« Nos savants cauchemars, cette vaine pâture
Que notre esprit invente à ses besoins d’effroi...
Qu’est-ce donc à côté du fantastique froid,
Du simple monstrueux créé par la Nature ! »
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 30 septembre 2014 à 15h50

Refuge improvisé
---------------------

Un pluvian craignant la tempête
Vers le Nord dirige ses pas ;
Il trouve une cabane en bas
D’un mont dont a blanchi le faîte.

L’endroit est quelque peu funèbre
Et ruisselant d’humidité ;
Mais, malgré cette hostilité,
L’oiseau se cache en ces ténèbres.

Soudain, surgissant d’un abîme,
Apparaît Gotlib, grand auteur
Qui, dans un style évocateur,
Portraiture l’oiseau sublime.

Admirable littérature
Que ces croquis bien inspirés,
Où nous retournons admirer
Cette splendeur des créatures !

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Rоnsаrd : «Μаriе, vоus аvеz lа јоuе аussi vеrmеillе...»

Αuvrау : «Hélаs ! qu’еst-се dе l’hоmmе оrguеillеuх еt mutin...»

Сhаssignеt : «À bеаuсоup dе dаngеr еst suјеttе lа flеur...»

Siеfеrt : Ρаntоum : «Αu сlаir sоlеil dе lа јеunеssе...»

Siеfеrt : Ρаntоum : «Αu сlаir sоlеil dе lа јеunеssе...»

Βаrbiеr : Lа Сuvе

Τristаn L’Hеrmitе : Épitаphе d’un pеtit сhiеn

Gаutiеr : Lа Μаnsаrdе

Βruаnt : À lа Ρlасе Μаubеrt

☆ ☆ ☆ ☆

Jаmmеs : Lа sаllе à mаngеr

Lаfоrguе : Épiсuréismе

Guуоn : Αbаndоn еntiеr

Gаutiеr : L’Hippоpоtаmе

Riсhеpin : Αutrе еаu-fоrtе : «Lа visсоpе еn аrrièrе...»

Βrizеuх : «Lоrsquе sur mа fеnêtrе, à l’hеurе du révеil...»

Μussеt : Μimi Ρinsоn

Rimbаud : Lеs Ρоètеs dе sеpt аns

Vеrlаinе : «Εt ј’аi rеvu l’еnfаnt uniquе : il m’а sеmblé...»

Соppéе : Αu théâtrе

Cоmmеntaires récеnts

De Сurаrе- sur «Un sоir, lе lоng dе l’еаu, еllе mаrсhаit pеnsivе...» (Durаnt dе lа Βеrgеriе)

De Сосhоnfuсius sur «Quаnd du sоrt inhumаin lеs tеnаillеs flаmbаntеs...» (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur Lе biеn viеnt еn dоrmаnt (Gréсоurt)

De Сосhоnfuсius sur Αu vеnt (Urfé)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Jаdis sur Lе Сhаt (Rоllinаt)

De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе)

De Jаdis sur Lеs Αngéliquеs (Νеlligаn)

De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt)

De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу)

De Jаdis sur Épitаphе d’un сhiеn (Μаllеvillе)

De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin)

De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs)

De Сurаrе- sur À un sоt аbbé dе quаlité (Sаint-Ρаvin)

De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа)

De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn)

De Dаmе dе flаmmе sur «Du tristе сœur vоudrаis lа flаmmе étеindrе...» (Sаint-Gеlаis)

De Wеbmаstеr sur Lа Ρеtitе Ruе silеnсiеusе (Fоrt)

De Dаmе dе flаmmе sur «Τоi qui trоublеs lа pаiх dеs nоnсhаlаntеs еаuх...» (Βеrnаrd)

De Xi’аn sur Μirlitоn (Соrbièrе)

De Xi’аn sur «Αimеz-vоus l’оdеur viеillе...» (Μilоsz)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе