Rollinat

Paysages et paysans, 1899


Le Donjon


 
 

I


 
Contre l’écroulement sa ruine se cabre.
Il se dresse au-dessus des rocs, des sauvageons,
Lugubre, noir, vert fauve, et couleur fleur d’ajoncs,
Vengé par son orgueil du Temps qui le délabre.
Autour, dort un étang dont le reptile glabre
Fend parfois le croupi de son brusque plongeon ;
Seuls, faucheux, rats, hiboux, moisissure en bourgeons,
Habitent son dedans crasseux comme saint Labre ;
Sauf une chambre, tout est vide en ce donjon.
Mais, entre ces hauts murs, d’un rouge de cinabre,
Où le massacre, il semble, a mis son badigeon,
En face d’un portrait dont le regard vous sabre,
Au vent coulis pleureur bougeant comme des joncs,
Hideuses, pendent là trois robes blanc macabre,
Côte à côte, aux bras d’un monstrueux candélabre.
 
 
 

II             


 
« Un jour, me dit un vieux braconnier de banlieue,
Par un temps où, des fois, la nue ardente et bleue
Goutt’lait sus les feuill’ cuit’ avec de lourds tac tac,
Je m’trouvai d’vant c’donjon qui fermait un cul d’sac.
J’entrai l’voir aux cris gais d’l’hirondelle et d’l’hoch’ queue
Qui, d’pierraill’ en roseaux, volaient sus l’rond du lac ;
Mais, quoiq’ ça fut l’plein jour, et q’mon fidèl’ chien Black,
Près d’moi, tournât, virât, en frétillant d’la queue,
Quand j’vis ceux trois r’venants pendus, j’eus un tel trac
Que j’me crus égaré loin... loin... à plus d’cent lieues,
Enfermé dans la tour d’un château d’Barbe-bleue ! »
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 12 septembre 2022 à 17h53

Donjon des confins
--------------

La salle est éclairée par quatre candélabres,
Où nous dormons, lisons, bavardons et mangeons ;
À partir vivre ailleurs jamais nous ne songeons,
Même si du donjon l’atmosphère est macabre.

Dans notre armurerie s’empoussièrent les sabres,
Jamais en en un combat nous ne nous engageons ;
Les corvées d’entretien, nous nous en déchargeons,
Nous n’intervenons point sur ce qui se délabre.

Maigres sont, cette année, les vendanges d’octobre,
Mais cette pénurie ne nous rendra pas sobres ;
Nous aurons d’autres vins dans nos coupes d’argent.

Et qu’importe, après tout, que ce lieu soit lugubre,
Que trouble soit son eau et son air insalubre ?
Rien ne nous servirait d’être trop exigeants.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Curare- le 13 septembre 2022 à 20h47


Oublier le passé
J’ai quitté le donjon et
Condamné Curare--

Feu follet ..

J’aimerais être morte et dérouter le temps
Pour nos spectres hélas figés dans l’infernale
J’aimerais oublier cette fable vénale
Qui abreuve nos mots d’un désir éclatant  

Je voudrais dire adieu sans serment sanglotant
Mais les ans ont passé notre aria est fatale
Telle la lie au fond qu’était ma voix banale
Dans ce déni désordre . . Où est le pénitent ?

On pourrait s’évader mais il faudrait qu’on nuise
Désenchanter autrui d’une aisance conquise  
Tu nous vois infidèles ? Aimer sans déraison ?

J’aimerais tant pour nous sans douleur que ça marche
Tu n’es pas libre hélas - Mon tendre patriarche
Mon donjon est lointain . . Je reste ton poison -


09-09-18 - Chant pour 1 captif -

[Lien vers ce commentaire]

Votre commentaire :
Nom : *
eMail : * *
Site Web :
Commentaire * :
pèRE des miséRablEs : *
* Information requise.   * Cette adresse ne sera pas publiée.
 


Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Ρérin : Αubе

Αpоllinаirе : Lе Drоmаdаirе

Соignаrd : «Οbsсurе nuit, lаissе tоn nоir mаntеаu...»

Lаfоrguе : Βоufféе dе printеmps

Τоulеt : «Si vivrе еst un dеvоir...»

Ρéguу : Ρrésеntаtiоn dе lа Βеаuсе à Νоtrе-Dаmе dе Сhаrtrеs

☆ ☆ ☆ ☆

Rоussеаu : Lе Rоssignоl еt lа Grеnоuillе

Vеrlаinе : L’Αubеrgе

Vеrlаinе : À Hоrаtiо

Соrnеillе : Sоnnеt : «Dеuх sоnnеts pаrtаgеnt lа villе...»

Fоurеst : Sаrdinеs à l’huilе

Sullу Ρrudhоmmе : Lеs Сhаînеs

Ρоnсhоn : Lе Gigоt

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Εхtаsе (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur «Un сlаirvоуаnt fаuсоn еn vоlаnt pаr rivièrе...» (Αubigné)

De Сосhоnfuсius sur «Αfin qu’à tоut јаmаis dе sièсlе еn sièсlе vivе...» (Rоnsаrd)

De Ιоhаnnеs sur Ρrièrе dе соnfidеnсе (Ρéguу)

De Сurаrе- sur Lеs Fеuillеs mоrtеs (Gоurmоnt)

De Lilith sur Vеrlаinе

De Μоntеrrоsо sur Lа Μоuсhе (Αpоllinаirе)

De Jаdis sur Саrоlо Quintо impеrаntе (Hеrеdiа)

De Сurаrе- sur Sоnnеt : «Un livrе n’аurаit pаs suffi...» (Ρrivаt d'Αnglеmоnt)

De Τrуphоn Τоurnеsоl sur À unе mуstériеusе (Rоllinаt)

De Сurаrе- sur L’Αngе (Lоuÿs)

De Αlbаtrосе sur «Dоuсе plаgе оù nаquit mоn âmе...» (Τоulеt)

De Gеf sur À Μ. Α. Τ. : «Αinsi, mоn сhеr аmi, vоus аllеz dоnс pаrtir !...» (Μussеt)

De Gеf sur Villеs : «Се sоnt dеs villеs !...» (Rimbаud)

De Jаdis sur Τаblеаu (Сrоs)

De Βibоsаurе sur À Αlf. Τ. : «Qu’il еst dоuх d’êtrе аu mоndе, еt quеl biеn quе lа viе !...» (Μussеt)

De Βоurg sur «Lоngtеmps si ј’аi dеmеuré sеul...» (Τоulеt)

De Jаdis sur Épigrаmmе d’аmоur sur sоn nоm (Αubеspinе)

De Ιsis Μusе sur Lа grоssе dаmе сhаntе... (Ρеllеrin)

De Dаmе dе flаmmе sur Сhаnsоn dе lа mélаnсоliе (Fоrt)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе