Rollinat

Les Névroses, 1883


Le Succube


 
Toute nue, onduleuse et le torse vibrant,
La fleur des lupanars, des tripots et des bouges
Bouclait nonchalamment ses jarretières rouges
Sur de très longs bas noirs d’un tissu transparent,
 
Quand soudain sa victime eut ce cri déchirant :
« Je suis dans un brouillard qui bourdonne et qui bouge !
Mon œil tourne et s’éteint ! où donc es-tu, ma gouge ?
Viens ! tout mon corps tari te convoite en mourant ! »
 
À ces mots, la sangsue exulta d’ironie :
« Si tu veux jusqu’au bout râler ton agonie,
Je t’engage, dit-elle, à ménager ta voix ! »
 
Et froide, elle accueillit, raillant l’affreux martyre,
Ses suprêmes adieux par un geste narquois
Et son dernier hoquet par un éclat de rire.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 17 juin 2016 à 17h03

Mangeur d’aigles
------------------------

Il traverse les cieux dans les étés vibrants,
Chasseur fort exigeant, ses proies ne sont pas foule :
Au-dessus du nuage où les orages roulent,
Il traque l’aigle d’or au regard transparent.

De l’aigle, on peut entendre un appel déchirant,
Puis, de gueules, son sang brutalement s’écoule :
Comme par le goupil est emportée la poule,
Ainsi par le dragon le rapace mourant.

Mais le mange-dragons dit, avec ironie :
Pour toi, reptile, aussi, surviendra  l’agonie !
Et le dragon sursaute, en entendant sa voix.

Mange-dragons, dis-moi, tu n’as pas de quoi rire,
Un pêcheur te prendra, puis il te fera frire
Afin de te servir avec des petits pois.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 6 septembre 2021 à 12h29

Le baron Crocodile
---------

Je flotte dans le fleuve et je suis le courant,
Puis je vais sur la plage où ne vient pas la foule ;
Mon cousin le serpent aux branchages s’enroule,
L’univers est en paix, le monde est transparent.

Mon serviteur-pluvian me dit des trucs marrants,
Il compare sa vie au fleuve qui s’écoule ;
Heureusement pour lui qu’il n’est pas une poule,
Son sort en ma présence eût été différent.

Au lieu de m’abreuver de sa douce ironie,
Il eût eu dans ma gueule une brève agonie
Et n’aurait guère pu faire entendre sa voix.

De son maître Gotlib, il apprit l’art de rire,
Mais sa tâche est plus simple, il parle au lieu d’écrire,
Et de Newton jamais ne commente les lois.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 19 mai 2022 à 12h36

Langue des mains
----------

Un geste quelquefois remplace un mot courant,
Ainsi l’on communique au milieu de la foule ;
Si ce n’est pas compris, tout au moins, ça défoule,
Mais, la plupart du temps,c’est assez transparent.

On peut en obtenir quelques effets marrants,
Sans élever le ton, et sans se mettre en boule ;
On peut donner à voir une forme qu’on moule,
Les gens ont pour cela des codes différents.

Cela permet aussi l’humour et l’ironie,
Aussi la métaphore, et l’heureuse harmonie,
Sans devoir pour cela faire entendre sa voix.

Les plus forts d’entre nous savent mimer le rire
Et sans fausse pudeur leurs impressions décrire ;
Comme les mots parlés, les gestes ont leurs lois.

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