Dedans des Prés je vis une Dryade
Qui comme fleur s’assisait par les fleurs,
Et mignottait un chapeau de couleurs,
Échevelée en simple verdugade.
Dès ce jour-là ma raison fut malade,
Mon cœur pensif, mes yeux chargés de pleurs,
Moi triste et lent : tel amas de douleurs
En ma franchise imprima son œillade.
Là je sentis dedans mes yeux voler
Un doux venin, qui se vint écouler
Au fond de l’âme : et depuis cet outrage,
Comme un beau lys, au mois de juin blessé
D’un rai trop chaud, languit à chef baissé,
Je me consume au plus vert de mon âge.
Dedans le temple, existe une triade
Dont le regard voit le fruit dans la fleur ;
Captant l’obscur dans la vive couleur,
Comme un saumon, remontant la cascade.
Si tu as peur, si tu te sens malade,
Si, sans raison, ton visage est en pleurs,
Au sanctuaire apporte ta douleur,
Le bas clergé t’accueille en camarade.
Si la souffrance est dans ton coeur blessé,
Si, vers le sol, tes yeux sont abaissés,
Si ton esprit est affaibli par l’âge,
Vois : ton souci parvient à s’envoler !
Tout en douceur, ton temps va s’écouler
Sans te navrer d’irréparable outrage.
Déposé par Cochonfucius le 16 octobre 2022 à 11h45
Arbre sans protectrice
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Démons des bois, rendez-moi ma dryade,
Disait un arbre en répandant ses fleurs ;
Mais nul n’avait pitié de son malheur,
Il s’affligeait, voyant ces dérobades.
La belle était auprès d’une naïade,
Du végétal elle ignorait les pleurs ;
Pour voir la carpe aux subtiles couleurs
Elles plongeaient, sans craindre la noyade.
Le chêne a dit à son copain blessé :
Je suis marri de te voir rabaissé,
Adopte un elfe, en effet, ça soulage.
L’elfe lui dit : Je vais, si vous voulez,
Laisser mes ans près de vous s’écouler,
Cela me semble un parfait jumelage.