Plus mille fois que nul or terrien,
J’aime ce front où mon tyran se joue
Et le vermeil de cette belle joue,
Qui fait honteux le pourpre Tyrien.
Toutes beautés à mes yeux ne sont rien,
Au prix du sein qui lentement secoue
Son gorgerin, sous qui doucement noue
Un petit flot que Vénus dirait sien.
Ne plus, ne moins, que Jupiter est aise,
Quand de son chant une Muse l’apaise,
Ainsi je suis de ses chansons épris,
Lorsqu’à son luth ses doigts elle embesogne,
Et qu’elle dit le branle de Bourgogne,
Qu’elle disait, le jour que je fus pris.
De gueules au cygne d’argent
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Des basses-cours, le cygne se souvient :
Des vrais canards, avec lesquels on joue,
De la fermière aux abondantes joues,
Du troupeau d’oies qui s’en va et s’en vient.
De cette enfance, il ne lui reste rien,
Cygne et canard d’amitié ne se nouent ;
L’un dans l’eau pure, et l’autre dans la boue,
Entre ces deux ne subsiste aucun lien.
Ce ne doit être un objet de malaise,
Juste une idée, qu’un sombre oubli apaise,
Ni attachés, ni l’un de l’autre épris,
Cygne et canard ont chacun leur domaine ;
Ce ne doit point être cause de peine...
Mais ils pensaient, jadis, s’être compris.
Déposé par Cochonfucius le 16 janvier 2020 à 13h01
Canard-cygne
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Le canard-cygne, il ne sait pas très bien
Dans quelle équipe il joue, dans quelle troupe ;
Ses frères sont répartis en deux groupes
Entre lesquels le litige est ancien.
De ses parents, il ne sait presque rien,
Nul souvenir en lui ne se découpe ;
Se croirait-il le fruit d’une entourloupe
Ou le produit d’un fantôme aérien ?
De cette histoire, il éprouve un malaise,
Mais un festin de grenouilles l’apaise,
C’est sa faiblesse, il en est fort épris.
Le canard-cygne en son petit domaine,
Il peut charmer nos oreilles humaines
Par des chansons dont nous sommes surpris.