Ronsard

Sonnets pour Hélène, 1578



 
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant,
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
 
Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
 
Je serai sous la terre, et fantôme sans os :
Par les ombres Myrtheux je prendrai mon repos.
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
 
Regrettant mon amour, et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 11 novembre 2012 à 15h52

     Le miroir se regarde au feu de la chandelle.
     Il s’inquiète du jour finissant et filant
     Si précipitamment, en ayant l’air si lent.
     Il reconnaît pourtant que la journée fut belle.

     Ce qu’elle a de plus beau, c’est qu’elle est sans nouvelles,
     Nul n’aura le besoin d’en faire le bilan.
     D’où vient ce sentiment, tracas obnubilant,
     Fantôme du reflet d’une angoisse éternelle ?

     Le grand salon l’ignore, et, tranquille et dispos,
     Dans le soir ténébreux se prépare au repos.
     Le miroir garde en lui cette crainte accroupie,

     Envers qui la chandelle a montré du dédain.
     Allons, faut vivre avec, ça ira mieux demain,
     Obscures sont parfois les choses de la vie.

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Déposé par Raoul Ponchon le 17 janvier 2013 à 14h52

Quand vous serez bien vieux, avec encor des dents
Plein la bouche, et déjà dorloté par l’Histoire,
Direz, si ces vers-ci meublent votre mémoire,
Un tel me célébrait lorsque j’avais cent ans.

Lors, vous n’aurez aucun de vos petits-enfants
Qui n’ait soif à ce nom et ne demande à boire,
Répétant à l’envi votre immortelle gloire
Et le nombre fameux de vos jours triomphants.

Pour moi, je serai mort depuis belle lurette
Mais je refleurirai dans quelque pâquerette
Vous, vous aurez toujours la même horreur du vin.

Ah ! si vous m’en croyez, ô vieillard sobre et digne,
Ainsi que tout le monde éteignez-vous demain
Mais cueillez aujourd’hui les roses de la Vigne.

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Déposé par Thunderbird le 17 janvier 2013 à 15h16

Nicolas voit fumer la fin de sa chandelle.
Il voit ses électeurs, au loin, se défilant.
Ceux qui, de sa grandeur, allaient s’émerveillant
Ont eu le temps, déjà, de se faire la belle.

Lorqu’un observateur transmet cette nouvelle,
Apostrophant le peuple à-demi sommeillant,
Soudain tu peux les voir, partout, se réveillant;
Perdition, disent-ils, n’est donc pas éternelle !

Et la nouvelle va, tout au long des réseaux,
Rompre le dur labeur ou le pesant repos
De ceux qui ont parié des dollars, des roupies

Ainsi que des euros sur ce qui vient soudain!
Nous te célèbrerons, à partir de demain,
Toi qu’en ce beau printemps le peuple remercie.

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Déposé par Yeats le 30 janvier 2013 à 10h26

When you are old and grey and full of sleep,
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read, and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep;

How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true,
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face;

And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how Love fled
And paced upon the mountains overhead
And hid his face amid a crowd of stars.

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Déposé par Cochonfucius le 30 janvier 2013 à 10h32

The moon  is very blue, at evening,
I hear her spin beside the sun, and say,
Humming this song, "Ah well, ah well-a-day.
When I was green, of me did Gollum sing."
None of her duckbills that does hear the thing,
Albeit with their weary task foredone,
But wakens at this name, and calls her one
Blest, to be held in long remembering.


Gollum is low beneath the earth, and laid
On sleep, like Byron in the myrtle shade,
The moon beside the sun, a dull rock gray,
His love she does remember and regret;
Ah, lovers, lovers, we may be happy yet,
And gather duckbills, while ’tis called to-day.

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Déposé par Christian le 30 janvier 2013 à 10h36

Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Assise auprès du feu ; alors prendrez ce livre
Et lirez, doucement, songeant au doux regard
Qu’eurent jadis vos yeux, à leur ombre profonde ;

Beaucoup vous célébraient au temps de votre grâce
Chantant votre beauté d’un amour pur ou feint
Mais à moi seul plaisait l’âme en vous vagabonde
Qui mêle joie et pleur en un visage plein

Vieille un jour vous serez, grisonnante, assoupie
Et soupirante alors de la fuite d’Amour
De sa longue retraite à travers les étoiles
De la honte qu’il eût au-dessus des montagnes

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Déposé par Cochonfucius le 2 mai 2014 à 11h01

Lune sombre
------------------

Pierrot, morte est la chandelle ;
Et la vie s’en va filant
De ton corps, bien peu vaillant.
Mais, Pierrot, la nuit est belle :

Sombre de lune nouvelle,
Noire d’esprits sommeillants
Et d’oiseaux se réveillant
Sous Polaris, l’éternelle.

Danse donc, l’ami Pierrot,
Il n’est l’heure du repos.
La voisine inassouvie

Te regarde sans dédain,
Aime-la jusqu’à demain :
Cueillez, ensemble, la vie.

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Déposé par Cochonfucius le 27 juin 2017 à 14h55

Ambitourterelle
-----------------

Quand vous rencontrerez une ambitourterelle,
Ne devenez jamais son tourtereau filant ;
La vie est si rapide,et l’amour est si lent,
Seuls savent les mourants que cette vie fut belle.

Ce qu’elle a de plus noble : elle est toujours nouvelle,
Jamais ne revenant sur son propre bilan.
Jamais ne rappelant les faits obnubilants,
Toujours reconnaissant n’être pas éternelle.

Le poète l’ignore, et, tranquille et dispos,
Par des mots ténébreux se prépare au repos.
 Ne gardant pas en lui cette crainte accroupie

Envers qui mon lecteur n’aurait que du dédain.
J’ai composé cela, j’écrirai mieux demain,
Charmantes sont parfois les ruses de la vie.

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Déposé par Cochonfucius le 31 janvier 2019 à 18h56

Le Seigneur d’Alpha de Cassiopée
----------------------

Notre Soleil lui semble une faible chandelle,
Un fanal de misère, un lumignon filant ;
Mais il lit nos auteurs, et les trouve excellents,
Aucun des siens n’ayant d’inspiration si belle.

Tous les jours il apprend une chanson nouvelle,
Un sonnet de Ronsard, ou son équivalent,
Et sa plume en reçoit dailleurs un peu d’élan,
Comme s’il entendait une muse éternelle.

Puis il va dans son parc écouter les crapauds
Dont la douce chanson l’encourage au repos ;
Son coeur en est heureux, son âme en est ravie.

Envers ces batraciens ne montrant nul dédain,
Il échange avec eux quelques propos badins
Sur le pouvoir d’achat, sur le sens de la vie.

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Déposé par Cochonfucius le 31 janvier 2019 à 19h17

Le Seigneur d’Alpha de Cassiopée    
                                        ... retouche mineure
----------

Notre Soleil lui semble une faible chandelle,
Un fanal de misère, un lumignon filant ;
Mais il lit nos auteurs, et les trouve excellents,
Aucun des siens n’ayant d’inspiration si belle.

Tous les jours il apprend une chanson nouvelle,
Un sonnet de Ronsard, ou son équivalent,
Et sa plume en reçoit d’ailleurs un peu d’élan,
Comme s’il entendait une muse éternelle.

Puis il va dans son parc écouter les crapauds
Dont la douce chanson l’encourage au repos ;
Son coeur en est heureux, son âme en est ravie.

Envers ces batraciens ne montrant nul dédain,
Il échange avec eux quelques propos badins
Sur le pouvoir d’achat, sur le sens de la vie.

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Déposé par Cochonfucius le 16 octobre 2023 à 21h01

Arbre résilient
--------

Les gens disent que je suis frêle,
Mais mon moral est excellent ;
Ma sève a de nobles élans
Et ma dryade est la plus belle.

Au printemps, je me renouvelle,
Je redeviens un vert galant ;
Je suis solide et nonchalant,
Mon âme se croit éternelle.

J’écoute chanter les crapauds ;
Ils savent bercer mon repos,
Plusieurs animaux les envient.

Je regarde courir le daim ;
C’est un quadrupède badin
Qui sait profiter de la vie.

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Déposé par Cochonfucius le 17 octobre 2023 à 12h04

*  *  *
-----

Respectons les arbres,
Car ils sont plus grands que nous
Et plus pacifiques.

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