Saint-Pol-Roux(1861-1940) D’autrеs pоèmеs :Ρоpulаirе еt sуmbоliquе histоirе dе lа Vасhе еnrаgéе Сhаnsоn dе funérаillеs аmоurеusеs оu еncоrе :
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Saint-Pol-RouxLa Rose et les épines du chemin, 1901 ![]() À Romain Coolus.
Sur Paris, le Temps, satyre à face de pierrot, agaçait de ses deux ongles noirs les crinolines d’airain ; aussi les heures s’esquivaient-elles allègrement, grisettes du Moulin Bleu... Notre chien Axel dormait sur l’intangible litière de soleil tombée de la fenêtre ouverte. La couleuvre de mon loisir incommensurable s’étalant, je songeais, nourrisson d’un exquis cigare de contrebande corse. Dans une lointaine apothéose d’illusion m’apparurent les solides gars de mon ambition accouchée. Ses vitraux coloriés de compassion à l’égard des cadets encore sous le joug, l’aboutie cathédrale de ma joie s’épanouissait enfin, et les orgues disaient mon œuvre accomplie. Soudain la fumée du cigare, que le coma déformateur faisait encens populaire, en couronnes s’éleva. Or celles-ci, loin d’encercler ma tête, ascendaient indifférentes. L’amour-propre marri de ce tort de diadèmes, si futiles soient-ils, sur un siège m’érigeant, jusqu’à ce qu’à mon front s’adaptassent les vanités enviées, j’insistai. J’y parvins, d’un effort qui rompit le charme. — « Cette avare expression des masses, la Gloire, rarement daigne condescendre, pensai-je ; de son haut trône elle attend fière le Chevalier de l’Œuvre. « Couple d’orbites par lesquelles des légions contemplent les héros, combien ardu d’apprivoiser votre rayon total et de s’éjouir en son admirance pleinement ! « Point ne suffit de mériter la Gloire ; il faut encore gravir l’arpège de marbre, puis, dès nos cheveux en pluie sur ses cothurnes, se la concilier par une cour ridicule et, si sa réponse est de glace (ordinaire coquetterie de qui se sait critérium), la violer. Que de gens font ce que je viens de faire, s’avancent l’échine souple et la main friande — cela valait-il pas un regard, un sourire, un baiser ? — mais, le tréteau quitté, comme ils doivent cracher contre le miroir de la chambre avant de reposer leur nudité sur la fraîche paillasse de lauriers ! « Les dignes, eux, se cramponnent à la solitude et dans la nuit meurent sans un pas vers la patricienne aux graisses populacières. « Mourrai-je ainsi, moi que la Gloire effarouche ? « En ce cas, ma crainte (car la prude s’acharne après coup sur ses contempteurs sans défense) serait qu’elle ne vienne, ouvrant mon cercueil comme une tabatière, offrir une prise de mes cendres aux urnes déléguées, ces faux-nez des nations contrites ; et j’endêve à la pensée de mon squelette défoui, suspendu au bras de la marianne ainsi qu’un fiancé macabre et promené parmi la louange des joues fleuries. « Oh ! cette perspective de soufflets tard convertis en coups d’encensoir ! Oh ! de songer que ces yeux, jusque-là secs de mépris, pourraient inopinément résipiscer le long du moine mort, une folle envie me prend — à l’unique fin d’une gloire moindre, mais immédiate, logique, et d’ainsi m’épargner la dérision des palmes futures, seules durables pourtant ! — une folle envie me prend de déserter le sablier de ma thébaïde, de m’ensillager de joueurs de flûte, d’utiliser les tables amies (ces tremplins !), de soudoyer les hérauts, de courir les cabarets où se posent les candidatures à la réputation, de remiser ce bizarre miroir à tétons autour duquel mon observation maligne a groupé de suffisantes alouettes, de jeter bas ce masque de naïveté qui me nuit désormais plus qu’il ne me sert, de m’atteler à toutes les gazettes, d’éditer en les amendant ces ouvrages que le scrupule d’une étude plus ample de la vie surseoit, d’atténuer de gui ma robuste originalité, d’officialiser, de m’incliner, de m’agenouiller, de brosser des bottes avec mes moustaches, de lécher des clous de semelle, de ramper, enfin de me prostituer. » Le chien, cuit à point, protesta contre le soleil... J’allai clore les persiennes. Des gouttes tombaient, une à une, de la narine de cuivre sur l’évier de la cuisine...
Paris, juillet 1886.
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