Étienne Tabourot

(1547-1590)

 

 

Étienne Tabourot


Complainte d’un amant à sa dame


 
Belle aux beaux yeux pour qui
Tant de mal je comporte
Que pour femme du monde,
Qui sur terre con porte,
Oyez les grands regrets
Que faire me convient
Pour le mal qui sur moi
De votre seul con vient.
Je suis bien malheureux,
Tout haut je le confesse ;
Quand je touchai sur vous
Tétins, cuisses, con, fesse,
Cher me fut le banquet,
La fête et le convis,
Qui fut cause et moyen
Que votre con je vis.
J’ai enduré grands maux
Sans espoir de confort,
Seulement pour avoir
Aimé votre con fort.
Hélas ! mieux m’eût valu
À tous maux condescendre
Que dessus la moitié
De votre con descendre.
Mais vos friands regards,
Votre beau contenir
Me donnèrent désir
De votre con tenir ;
Votre parler fardé
À moi se vint complaindre,
Afin de regarder
De bien tôt vous conjoindre.
Et dès lors sans passer
Contrat ni compromis,
Moyennant cent écus
Me fut ce con promis.
Quand l’argent fut compté,
De si près vous connus
Que, entre deux blancs draps,
Je tins votre con nu,
Et puis je m’efforçai
D’emplir votre conduit ;
Mais à tout engloutir
Vous avez le con duit.
Néanmoins courageux
Et en ardeur confit,
Je fis autant d’exploits
Qu’autre en votre con fit ;
J’eus bientôt employé
Tout mon argent comptant,
Dont je fus un grand sot
De chasser un con tant !
Je pensais être un roi,
Ou un grand connétable,
Quand mon courtaut eut fait
En votre con étable ;
Je trouvais telle place,
Quand j’eus bien contourné
Qu’une charrette eût bien
Dans votre con tourné.
Et combien que sur vous
Soit toute horreur comprise,
Néanmoins pour honneur
Toujours votre con prise,
Et contre plusieurs drôles
Souvent je me combats,
Qui disent qu’êtes molle
Et qu’avez le con bas.
Quoi que soit, nul n’y va,
Ce dit votre commère.
Si ce n’est quelquefois
Monsieur votre compère.
Tous les jours avec vous
Moines se conjouissent,
Gens de toutes façons
De votre con jouissent ;
On y va tour à tour,
Puis abbé, puis convent :
Certes, femme peu vaut,
Qui ainsi son con vend.
On me le disait bien ;
Mais, par ma conscience,
Par un con l’on perd sens,
Et par un con science.
Tout homme devient fol,
Tant soit sage et content,
S’il met de tout son cœur
À aimer un con tant.
L’homme est bien malheureux
Qui se veut consoler
À perdre corps et âme,
Pensant un con saouler.
On devrait un tel homme
Assommer et confondre.
Qui sa force et vertu
Va dedans un con fondre ;
La chose est trop infecte
Et par trop peu congrue
Quand un homme devient
Ainsi par un con grue.
Combien de beaux esprits
En voit-on condamnés,
Et combien de grands clercs
Sont par un con damnés !
J’en suis à l’hôpital,
Atteint et convaincu.
Par un con mis à bas
Et par un con vaincu.
Mon plaisir est perdu,
Mon vit est consommé,
D’aller mon pain quérir,
Soit par un con sommé.
Dorénavant vivra
Par règle et par compas,
Ni ne ferai jamais
Pour ces vilains cons pas.
Jeunes gens, écoutez,
À vous je me complains ;
Regardez les dangers
De quoi sont les cons pleins :
Les gouttes et boutons
Sont en moi congelés,
Mes membres et mes sens
Sont par un con gelés.
Prenez exemple à moi,
Jamais ne consentez
Que tels maux par aucuns
Ne vous soient pas contés.
Je vous sers de miroir
Plein de compassion,
Gardez-vous bien d’avoir
Pour un con passion !
 

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