Verlaine

Dédicaces, 1890


À Gustave Lerouge


 
La vie est vraiment si stupide que, ma foi !
J’ai, devant cette perspective plus que bête,
Résolu de n’être absolument qu’un poète
Sans plus et de vieillir ainsi, ne sachant quoi
 
Que ce soit que d’aimer au hasard devant moi,
Aimer pour ne haïr, aimer d’amour honnête
Ou non, d’estime ou d’intérêt, en proxénète
À moins qu’en martyr, et n’ayant plus d’autre émoi !

Lerouge ! Et vous ? Tout cœur et toute flamme vive,
Qu’allez-vous faire en notre exil ainsi qu’il est,
Vous, une si belle âme en un monde si laid ?

Bah ! faites comme moi, dussent trouver naïve
Votre ample expansion ceux forts que vous fallait
Aimer sans fin ni loi. Et qui m’aime me suive !
 

Broussais, décembre 1891.

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 22 juillet 2016 à 12h59


Épouvantail de sinople
------------------------------


L’épouvantaiil, qu’anime une modeste  foi,
Communie, dans son champ, avec de braves bêtes ;
Blotti dans son silence, il a l’air d’un poète,
Méditant sur la vie, rimant je ne sais quoi.

Épouvantail, tu es un exemple pour moi,
Ton coeur n’a rien de dur, ni rien de malhonnête,
Tu ne menaces point la fragile planète,
Tu passes tout le jour sans peine et sans émoi.

Le mérite qu’il a, c’est d’être ce qu’il est ;
Peu lui importe, à lui, s’il est beau, s’il est laid,
Du moment que son âme est généreuse et vive.

Or, ceux qui vont disant que cette âme est naïve,
Je ne les connais point ; qui les aime les suive,
Mais d’être épouvantail, c’est ce qu’il me fallait.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 30 avril 2017 à 13h24

Oie de sinople
------------------

Jamais ne fut une oie dite sans foi ni loi,
Tu ne peux, dans la cour, trouver plus brave bête ;
Ce bel oiseau, toujours, inspira les poètes
Par son plaisant discours qui dit on ne sait quoi.

Elle est, l’oie de sinople, un exemple pour moi,
Son coeur n’a rien de froid, ni rien de malhonnête,
Son âme a du respect pour la vieille planète,
Elle vit tout le jour sans peine et sans émoi.

La grâce de son chant, c’est d’être ce qu’il est ;
Et peu m’importe, à moi, s’il est beau, s’il est laid,
J’aime l’oie de sinople, elle est charmante et vive.

Ne lui reprochez point son allure naïve,
Prenez-la pour modèle, et qui l’aime la suive,
La sagesse d’une oie, c’est ce qu’il nous fallait.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 14 mai 2018 à 12h24

Fleur des steppes
------------------

Ce n’est pas la fleur d’or, ni la fleur de la loi  ;
Mais cette plante-là ne craint aucune bête.
C’est un fier végétal, c’est une fleur-poète
Dont les charmants sonnets disent on ne sait quoi.

Elle est plus amusante et plus forte que moi,
Et je le reconnais : je veux, pour être honnête,
Dire cette évidence à toute la planète
Qui peut la recevoir sans peine et sans émoi.

La grâce d’un vivant, c’est d’être ce qu’il est ;
Il est beau quelque part, même s’il se croit laid,
Il nous faut admirer la fleur aux couleurs vives.

Ne me reprochez point cette chanson naïve :
Les lecteurs inconnus qui ma chronique suivent
Ont toujours pris cela pour ce que ça valait.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 16 mars 2021 à 14h09

Poisson presque insoluble
---------------

Ce poisson connaît bien d’Archimède la loi,
Ne croyez surtout pas qu’il soit analphabète ;
Mais il ne se prend pas non plus pour un poète,
Il n’a rien déclamé pour le concours de Blois.

Il n’est point affamé, quand il a soif, il boit,
Lui qui ne voudrait pas se conduire en ascète ;
Puis il sait courtiser la sirène doucette,
Ce n’est pas étonnant, car il n’est pas de bois.

Tu ne pourras jamais le prendre en un filet,
Même s’il s’en approche, intrépide qu’il est ;
Tu verras seulement son ombre fugitive.

Son noble coeur abrite une crainte furtive :
Si ce robuste corps soudain se défilait ?
Sa chair un peu soluble en serait la fautive.

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