Gabriel Vicaire

Au Bois Joli, 1894


À Paul Verlaine


 
Depuis l’heure divine où j’adorai les roses,
Le sommeil de mon cœur s’est à peine éveillé :
Je suis resté l’enfant toujours émerveillé
Qui croit à la bonté des hommes et des choses.
 
J’ai gardé la fraîcheur de mes yeux de vingt ans,
Mon âme aux quatre vents ne s’est pas défleurie.
Je sais tous les sentiers du pays de féerie,
Je suis le pèlerin de l’éternel printemps.
 
La nature se livre à qui la veut comprendre ;
J’ai goûté la douceur de son corps merveilleux.
Le même bleu d’aurore est au fond de ses yeux,
La rose de sa bouche est toujours aussi tendre.
 
Par les plaines d’azur, par le monde enchanté,
Sourd aux vaines rumeurs de la folie humaine,
Je m’en vais, sans savoir où le hasard me mène,
Vers la terre où fleurit l’immortelle beauté,
 
Heureux de me plonger dans le soleil de France,
De respirer les fleurs et d’écouter le vent,
Amoureux de lumière et toujours poursuivant
Dans l’or pâle des soirs quelque folle apparence.
 
Et je me sens le cœur d’un franc ménétrier,
Lorsqu’une blonde fille, en robe de futaine,
M’accueille d’une œillade au bord de sa fontaine,
Et m’offre, en souriant, le vin de l’étrier.
 

Commentaire (s)
Déposé par Jadis le 18 juillet 2021 à 14h25


Ah, quelle aubaine
-------------------------

Quelle heureuse rencontre ! En effet, ça s’arrose !
Comme elle n’avait pas vraiment l’air effrayé,
Mes scrupules mesquins se virent balayés ;
Ça tombait bien d’ailleurs, l’heure était à la pause.

Un bon coup de jaja, pourquoi pas, c’est tentant.
À propos de bon coup, peut-être la chérie
A-t-elle envisagé d’autres friponneries ?
Me disais-je, troublé, songeur et palpitant.

– Verse donc, belle enfant, et sans goutte répandre !        
– Pas plus haut que le bord, c’est entendu, Monsieur,
Lança-t-elle d’un air suave et malicieux.
Allons, tout vient à point à qui veut bien attendre.
 
– Ma blonde Lorelei, je trinque à ta santé !
Telle fut la teneur de mes prolégomènes.
Car, sous l’œil pétillant de cette Célimène,
Je me sentais faraud comme le Chat Botté. (1)
 
Courtois, je lui tournai une ample révérence        
Que je parachevai d’un soupir émouvant.
Dans ce décor, peut-être, il manquait un divan
Qui, plus encore, eût pu flatter mes espérances.
 
S’il lui prenait pourtant fantaisie de crier
À l’aide, à l’assassin ? Perspective incertaine.
Mais la belle n’ayant rien d’une puritaine,
Je lui sautai dessus sans me faire prier.


(1) On dirait qu’une certaine confusion s’est installée ici. Célimène n’a rien à voir avec la Lorelei ni avec le Chat Botté.

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