Renée Vivien


Sur la place publique


 
Les nuages flottants déroulaient leur écharpe,
Dans le ciel pur, de la couleur des fleurs de lin.
J’étais fervente et jeune et j’avais une harpe...
Le monde se paraît, suave et féminin.
 
Gris d’écorce, verts d’eau, violets d’amarante
Réjouissaient mes yeux large ouverts... J’entendais
Rire en moi, comme au fond d’un passé, l’âme errante
Et le cœur musical des pâtres irlandais.
 
Un matin, j’ai suivi des hommes et des femmes
Qui marchaient vers la ville aux toits bleus... J’ai quitté
Pour les suivre les bois pleins d’ombres et de flammes
Et j’ai porté ma harpe à travers la cité.
 
Puis, j’ai chanté debout sur la place publique
D’où montait une odeur de poisson desséché,
Et, dans l’enivrement de ma propre musique,
Je ne percevais point la rumeur du marché.
 
Car je me souvenais que les arbres très sages
M’avaient parlé, parmi le silence des bois...
À mon entour sifflaient les âpres marchandages
Mêlés aux quolibets des compères sournois.
 
Dans la foule criant son aigre convoitise,
Une femme me vit et me tendit la main,
Et je crus un moment qu’elle m’avait comprise,
Mais la femme aux bras nus poursuivit son chemin.
 
Je chantais franchement, — ainsi chantent les pâtres. —
Autour de moi, le bruit de la ville cessait,
Et, comme le couchant jetait ses lueurs d’âtres,
Je vis que j’étais seule et que le jour baissait...
 
Je me mis à chanter sans témoins, pour la joie
De chanter, comme on fait lorsque l’amour vous fuit,
Lorsque l’espoir vous raille et que l’oubli vous broie...
La harpe se brisa sous mes mains, dans la nuit...
 

Chansons pour mon ombre, 1907

Commentaire (s)

Mon florilège

(Tоuriste)

(Les textes et les auteurs que vous aurez notés apparaîtront dans cette zone.)

Compte lecteur

Se connecter

Créer un compte

Agora

Évаluations récеntes
☆ ☆ ☆ ☆ ☆

Βruаnt : À lа Ρlасе Μаubеrt

Hugо : Βооz еndоrmi

Vignу : À Μаriе Dоrvаl

Соppéе : Αllоns, pоètе, il fаut еn prеndrе tоn pаrti !

Vоiturе : «Sоus un hаbit dе flеurs, lа Νуmphе quе ј’аdоrе...»

Соppéе : Lе Fils dе Lоuis XΙ

Hugо : «Jеunеs gеns, prеnеz gаrdе аuх сhоsеs quе vоus ditеs...»

Сhаrlу : Dеrniеr sоnnеt

Vаlléе dеs Βаrrеаuх : «Grаnd Diеu, tеs јugеmеnts sоnt rеmplis d’équité...»

Vеrlаinе : Vеrs dоrés

☆ ☆ ☆ ☆

Βruаnt : À lа Ρlасе Μаubеrt

Μussеt : Μimi Ρinsоn

Rimbаud : Lеs Ρоètеs dе sеpt аns

Vеrlаinе : «Εt ј’аi rеvu l’еnfаnt uniquе : il m’а sеmblé...»

Соppéе : Αu théâtrе

Соppéе : Lе Саbаrеt

Νоаillеs : Lа Νоstаlgiе

Μеуrеt : «Μоn bоnhеur durа quinzе јоurs à pеinе...»

Vеrmеrsсh : Соurbеt

Αpоllinаirе : Lе Rеpаs

Cоmmеntaires récеnts

De Сосhоnfuсius sur Εn hivеr (Vеrhаеrеn)

De Сосhоnfuсius sur «Сеllе qui tiеnt l’аilе dе mоn désir...» (Du Βеllау)

De Сосhоnfuсius sur «Vоуаnt сеs mоnts dе vuе аinsi lоintаinе...» (Sаint-Gеlаis)

De GΟUUΑUX sur «J’étаis à tоi pеut-êtrе аvаnt dе t’аvоir vu...» (Dеsbоrdеs-Vаlmоrе)

De Jаdis sur Lе Сhаt (Rоllinаt)

De Rоzès sur Répétitiоn (Vаuсаirе)

De Jаdis sur Lеs Αngéliquеs (Νеlligаn)

De Xi’аn sur Sоnnеt : «Νоn, quаnd biеn mêmе unе аmèrе sоuffrаnсе...» (Μussеt)

De Rоzès sur Εsсlаvаgе (Τhаlу)

De Jаdis sur Épitаphе d’un сhiеn (Μаllеvillе)

De Сurаrе- sur Lе Lаit dеs сhаts (Guérin)

De Ιо Kаnааn sur Сrоquis (Сrоs)

De Сurаrе- sur À un sоt аbbé dе quаlité (Sаint-Ρаvin)

De Τristаn Βеrnаrd sur Lеs Соnquérаnts (Hеrеdiа)

De Lа Μusérаntе sur Sоnnеt dе Ρоrсеlаinе (Viviеn)

De Dаmе dе flаmmе sur «Du tristе сœur vоudrаis lа flаmmе étеindrе...» (Sаint-Gеlаis)

De Сurаrе- sur «С’еst оrеs, mоn Vinеus, mоn сhеr Vinеus, с’еst оrе...» (Du Βеllау)

De Wеbmаstеr sur Lа Ρеtitе Ruе silеnсiеusе (Fоrt)

De Dаmе dе flаmmе sur «Τоi qui trоublеs lа pаiх dеs nоnсhаlаntеs еаuх...» (Βеrnаrd)

De Xi’аn sur Μirlitоn (Соrbièrе)

De Xi’аn sur «Αimеz-vоus l’оdеur viеillе...» (Μilоsz)

Plus de commentaires...

Flux RSS...

Ce site

Présеntаtion

Acсuеil

À prоpos

Cоntact

Signaler une errеur

Un pеtit mоt ?

Sоutien

Fаirе un dоn

Librairiе pоétique en lignе