Natalie Clifford Barney

Poems et poèmes, autres alliances, 1920


Tierce-rime


 
Sensible auprès de toi, muet comme l’enfance,
Je t’offris la pâleur de l’été maladif
Dans une seule rose ouverte et sans défense.
 
Quelle fée ouvragea, puis unit sans motif
Ses pétales — qu’un fil de parfum semblait joindre —
Et que tu vins casser d’un geste trop hâtif.
 
Ils tombent un par un. Je te regarde feindre
De ne pas voir combien se seront effeuillés.
Ah ! se défaire ainsi doucement sans se plaindre !
 
Et j’embrasse en silence (aveugle que tu es !)
De larmes, de baisers, tes deux mains que je touche
Avec mes lèvres moins qu’avec mes cils mouillés.
 
Et tu repars distraite, et moi je me recouche
Sur tout ton souvenir... Tel un pauvre histrion,
Je mime un rôle ardent sur ta lointaine bouche !
 
Et nous pleurons ensemble ainsi que nous rions
À l’heure passagère et vide — Ta présence.
Amour, n’est donc jamais ce que nous voudrions ?
 
Quand perdras-tu sur moi ton étrange puissance ?
Mon cœur malade, ah ! quand va-t-il ne plus sentir,
Ou des yeux oublieux de la convalescence,
 
Quand pourrai-je sans peur te regarder partir ?
 

Commentaire (s)
Déposé par Jadis le 19 décembre 2021 à 12h32


En peignoir de pilou, superbe d’indolence,
Tu traînes, alléguant notre réveil tardif,
Et prétends, sans pudeur, que notre horloge avance.
 
Tu entreprends alors de te laver les tifs
Et je sens qu’en mon cœur la rancune va poindre :        
Ce projet saugrenu me semble intempestif.

D’allégresse, je n’en détecte pas la moindre.
Tu sembles regretter ton moelleux oreiller.
Faut y aller, mais comment faire pour t’y contraindre ?
 
J’ai beau prier, jurer, j’ai beau m’évertuer :
Enfilant d’un orteil indécis ta babouche,
Tu geins : – Attends un peu, j’ai les cheveux mouillés.
 
Oui, ben commence donc par sortir de la douche,
Car dix heures déjà sonnent au carillon
Et le soleil flamboie de son ardeur farouche.
 
Sur la campagne en feu, il darde ses rayons
Et toi, dans ton miroir, pleine de complaisance,
Tu ris à ton reflet, frivole Cendrillon.

Tous ces atermoiements, ça frise l’indécence,
Tandis que je m’applique à bien empuantir
Le garage embrumé par les vapeurs d’essence.
 
Quelle est cette langueur ? Quand pourrons-nous partir ?

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