Jean Lorrain

Modernités, 1885


Amour pur


 
Elle est rousse, un peu maigre : un glauque caftan vert
Aux grands plis moirés d’ombre, ainsi qu’une eau dormante
De sa cheville grêle à sa nuque charmante,
Suaire étroit, l’étreint, à l’aisselle entr’ouvert.

Dans la fraîche harmonie adoucie et calmante
Des peupliers feuillus, dressés sur un ciel clair,
Pieds nus dans l’herbe haute, elle pose en plein air
Devant l’heureux rapin, qui la croit son amante.

L’homme est joyeux, ravi : l’ombre d’un vieux bouleau
La baigne en avivant le rose de sa peau :
Elle songe à Montmartre où, sous le froid qui tue,

Chétive, en waterproof, en souliers prenant l’eau,
Elle faisait le quart, adorée et battue
Par la Terreur d’Ivry, Rouquin dit Bonneteau.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 15 novembre 2015 à 11h31

Roi vigilant
---------------

Le roi monte la garde au pâturage vert.
Il se tient sous un arbre, auprès d’une eau dormante,
Il n’a pas un regard pour la faune charmante,
Il a l’oreille vive et les yeux bien ouverts.

Puisque les bons sujets ont subi la tourmente,
Il vient veiller sur eux, guidé par le ciel clair ;
Armé de pied en cap, il patrouille en plein air,
Laissant, dans le palais, gouverner son amante.

Le roi monte la garde à l’ombre d’un bouleau,
Ses bottes sont de cuir, et son manteau, de peau ;
Il guette l’ennemi qui menace et qui tue.

Passez donc, bons sujets, en paix, au bord de l’eau,
Pour saluer le roi, touchez votre chapeau :
Une telle nation ne peut être abattue.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 13 août 2021 à 12h46

Bottes royales
--------

Le roi pour chevaucher quitte ses chaussons verts,
Il fait un grand sourire à la jument clémente ;
Il a glissé ses pieds dans des bottes charmantes,
Paisible est ce terroir, nul conflit n’est ouvert.

Les sujets, que jamais ce bon roi ne tourmente,
L’aiment pour sa candeur et pour son regard clair ;
Ils tirent leur chapeau quand il va prendre l’air
Escorté par la reine ou bien par son amante.

Les vassaux sont présents, sous leurs nobles drapeaux,
Ainsi que les patrons des plus sombres tripots ;
Un barde solitaire à chanter s’évertue

Les flics du patelin n’ont pas trop de boulot,
Nous les voyons flâner dans un bois de bouleaux ;
On est loin des endroits où les gens s’entretuent.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 15 mars 2022 à 13h46

Sagesse d’une paire de pantoufles
---------------

Nous occupons un coin de la chambre aux murs verts,
Nul rêve ne survient en notre âme dormante ;
Nous aimons contempler la soubrette charmante,
Elle met de la joie dans ce calme univers.

Jamais elle ne dit si l’amour la tourmente,
Elle le dissimule au fond de ses yeux clairs ;
Notre maître est épris, qui sans en avoir l’air
Se confond en égards pour sa chère servante.

Accompagnant ses pas, car c’est notre boulot,
Nous suivons le couloir sans prendre le galop ;
Plus vite cependant que ne vont les tortues.

Dans la pièce d’entrée nous attend le manteau,
Lequel voisine avec son pote le chapeau ;
À nouer ses lacets le maître s"évertue.

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