André Theuriet

Les Voix du Printemps, 1860


L’Assemblée


 
Vielles et cornemuse en chœur
Retentissent dans la vallée ;
Le vent porte sur la hauteur
Les joyeux bruits de l’assemblée.
On ne voit par les sentiers verts
Que fillettes aux coiffes blanches
Et garçons rayonnants et fiers
Dans leurs habits des dimanches.
 
On danse à l’abri des tilleuls,
En face de la vieille église :
— En avant, les cavaliers seuls !
Crie un vielleur à barbe grise. —
Et tandis que sur les tréteaux
L’orchestre s’essouffle et s’enroue,
La contredanse sans repos
Se dénoue et se renoue.
 
Une auberge sous les noyers
Se dresse, bourdonnante et pleine.
Là sont venus les métayers
Louer pâtres et gens de peine.
À flots coule le vin vermeil,
Le meilleur vin de l’hôtelière ;
On voit scintiller au soleil
Des rubis dans chaque verre.
 
Les gars qui veulent se gager
Pour la saison ou pour l’année,
Vigneron, faucheur ou berger,
Moissonneur, homme de journée,
Passent tous souriants et forts
Devant la porte au large ouverte ;
Tous à leurs chapeaux aux grands bords
Ont mis une branche verte.
 
Cet emblème parle pour eux.
Il dit, ce frais brin de feuillage :
« Voyez, j’ai des bras vigoureux,
Je suis plein de cœur à l’ouvrage.
J’ai quitté mon toit ce matin ;
Ma mère, avec une caresse,
Ma mère m’a mis dans la main
Un écu, mince richesse.
 
« Maintenant qui veut me nourrir ?
Qui veut me prendre en sa demeure ?
Je fais serment de le servir
Le jour et la nuit, à toute heure.
J’irai surveiller ses pastours
Et battre son blé dans la grange ;
Je ferai ses foins, ses labours,
Sa moisson et sa vendange... »
 
Puis, quand les gages sont donnés,
Ils s’en reviennent à la danse.
Sonnez, cornemuses, sonnez ;
Toi, vielleur, marque la cadence !
Avec leur danseuse au côté,
Ils tournent et sautent sans cesse ;
Ô dernier jour de liberté,
On te boit avec ivresse !
 
Aujourd’hui c’est l’air imprégné
D’amour, l’air natal du village ;
Mais demain c’est le pain gagné
À la sueur de son visage.
Ce soir encor, tout est plaisir ;
Mais demain il faudra connaître
L’escalier si raide à gravir,
Le dur escalier du maître !
 

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