J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime, Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé. C’est un univers morne à l’horizon plombé, Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème ; [...]
Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde, Tigre adoré, monstre aux airs indolents ; Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants Dans l’épaisseur de ta crinière lourde ; Dans tes jupons remplis de ton parfum [...]
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour, Est fait pour inspirer au poëte un amour Éternel et muet ainsi que la matière. Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ; [...]
Vous ignorez, silphyde au jarret triomphant,
Que l’aspect permanent de vos pâles ténèbres,
À mes yeux agrandis voltige incessamment.
L’Érèbe les eût pris pour ses courriers funèbres,
Et mon esprit, toujours du vertige hanté,
Mesure d’un regard que la terreur enflamme
Le pauvre, le méchant, le tortu, l’hébété,
Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de mon âme,
Ne te verrais-je plus que dans l’éternité ?
Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé
L’âme d’un vieux poête erre dans la gouttière...
Comme un enfant de coeur, jouer de l’encensoir,
C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir,
Pour faire épanouir la rate du vulgaire.