Paul Claudel(1868-1955) Recueil complet1907 : Connaissance de l'Est Tous ses poèmes disponiblesPoèmes par ordre alphabétiqueA B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V
Le Banyan
La Cloche Le Cocotier
La Dérivation La Descente
Fête des morts le septième mois Le Fleuve
Le Jour de la fête-de-tous-les-fleuves
Le Pin La Pluie Le Point Le Porc Le Promeneur
Le Riz
Le Sédentaire La Source
La Tombe
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C’est en vain que je vois les arbres toujours verts. Qu’une funèbre brume l’ensevelisse, ou que la longue sérénité du ciel l’efface, l’an n’est pas d’un jour moins près du fatal solstice. Ni ce soleil ne me déçoit, ni l’opulence au loin de la contrée ; voici je ne sais quoi de trop calme, un repos tel que le réveil est exclu. Le grillon à peine a commencé son cri qu’il s’arrête ; de peur d’excéder parmi la plénitude qui est seul manque du droit de parler, et l’on dirait que seulement dans la solennelle sécurité de ces campagnes d’or il soit licite de pénétrer d’un pied nu. Non, ceci qui est derrière moi sur l’immense moisson ne jette plus la même lumière, et selon que le chemin m’emmène par la paille, soit qu’ici je tourne le coin d’une mare, soit que je découvre un village, m’éloignant du soleil, je tourne mon visage vers cette lune large et pâle qu’on voit pendant le jour. [...]
Le soleil se couche sur une journée de paix et de labeur. Et les hommes, les femmes et les enfants, la tignasse pleine de poussière et de fétus, la face et les jambes maculées de terre, travaillent encore. Ici l’on coupe le riz ; là on ramasse les javelles, et comme sur un papier peint est reproduite à l’infini la même scène, de tous les côtés se multiplie la grande cuve de bois quadrangulaire avec les gens qui face à face battent les épis à poignées contre ses parois ; et déjà la charrue commence à retourner le limon. Voici l’odeur du grain, voici le parfum de la moisson. Au bout de la plaine occupée par les travaux agricoles on voit un grand fleuve, et là-bas, au milieu de la campagne, un arc de triomphe, coloré par le couchant d’un feu vermeil, complète le paisible tableau. Un homme qui passe auprès de moi tient à la main une poule couleur de flamme, un autre porte aux extrémités de son bambou, devant lui, une grosse théière d’étain, derrière un paquet formé d’une botte verte d’appétits, d’un morceau de viande et d’une liasse de ces taëls de papier d’argent que l’on brûle pour les morts, un poisson pend au-dessous par une paille. La blouse bleue, la culotte violette éclatent sur l’or verni de l’éteule. [...]
L’on monte, l’on descend ; on dépasse le grand banyan, qui, comme un Atlas s’affermissant puissamment sur ses axes tordus, du genou et de l’épaule a l’air d’attendre la charge du ciel : à son pied un petit édicule où l’on brûle tous les papiers que marque le mot noir, comme si, au rude dieu de l’arbre, on offrait un sacrifice d’écriture. L’on tourne, l’on se détourne, et, par un chemin sinueux, — vraiment sans que l’on fût ailleurs, car nos pas depuis le départ en sont accompagnés, — nous entrons dans le pays des tombes. Comme un saint en prière dans la solitude, l’étoile du soir voit au-dessous d’elle le soleil disparaître sous les eaux profondes et diaphanes. [...]
Ces lingots de carton sont la monnaie des morts. Dans un papier mince on a découpé des personnes, des maisons, des animaux. « Patrons » de la vie, le défunt se fait suivre de ces légers simulacres, et, brûlés, ils l’accompagnent où il va. La flûte guide les âmes, le coup du gong les rassemble comme des abeilles. Dans les noires ténèbres, l’éclat de la flamme les apaise et les rassasie. [...] |
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