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Paul ClaudelConnaissance de l'Est, 1907
Par un escalier souterrain je descends dans la maison suspendue. De même que l’hirondelle entre l’ais et le chevron maçonne l’abri de sa patience et que la mouette colle au roc son nid comme un panier, par un système de crampons et de tirants et de poutres enfoncées dans la pierre, la caisse de bois que j’habite est solidement attachée à la voûte d’un porche énorme creusé à même la montagne. Une trappe ménagée dans le plancher de la pièce inférieure m’offre des commodités : par là, tous les deux jours, laissant filer mon corbillon au bout d’une corde, je le ramène garni d’un peu de riz, de pistaches grillées et de légumes confits dans la saumure. Dans un coin de la formidable margelle, comme un trophée fait du scalp de la Parque, est suspendue une fontaine dont le gouffre ravit le pleur intarissable ; je recueille, par le moyen d’une corde nouée entre les claires mèches, l’eau qui m’est nécessaire, et la fumée de ma cuisine se mêle au ruissellement de la cascade. Le torrent se perd parmi les palmiers, et je vois au-dessous de moi les cimes de ces grands arbres d’où l’on retire les parfums sacerdotaux. Et comme un bris de cristal suffit à ébranler la nuit, tout le clavier de la terre éveillé par le tintement neutre et creux de la pluie perpétuelle sur le profond caillou, je vois dans le monstrueux infondibule où je niche l’ouïe même de la montagne massive, telle qu’une oreille creusée dans le rocher temporal ; et, mon attention recueillie sur la jointure de tous mes os, j’essaie de ressentir cela sur quoi sans doute, au-dessous des rumeurs de feuillages et d’oiseaux, s’ouvre l’énorme et secret pavillon : l’oscillation des eaux universelles, le plissement des couches terraquées, le gémissement du globe volant sous l’effort contrarié de la gravitation. Une fois par année, la lune, se levant à ma gauche au-dessus de cet épaulement, coupe à la hauteur de ma ceinture l’ombre d’un niveau si exact qu’il m’est possible, avec beaucoup de délicatesse et de précaution, d’y faire flotter un plat de cuivre. Mais j’aime surtout la dernière marche de cet escalier qui descend dans le vide. Que de fois ne m’y suis-je pas réveillé de la méditation, tout baigné, comme un rosier, des pleurs de la nuit, ou par le confortable après-midi n’y ai-je point paru, pour jeter avec bénignité aux singes au-dessous de moi juchés sur les branches extrêmes des poignées de letchis secs tels que des grelots rouges !
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