Jules Laforgue


Stupeur

Sonnet pour éventail


Les hommes vivent comme s’ils ne devaient jamais mourir. À les voir agir on dirait qu’ils n’en sont pas bien persuadés.
Young, 1re Nuit.


Sous le gaz cru j’allais à l’heure où l’enfant dort.
Des spectres maquillés traînaient leur jupon sale,
Les cafés se vidaient, un bal, par intervalle,
M’envoyait un poignant et sautillant accord.
 
Et soudain, je ne sais par quel lointain rapport,
Me revint une phrase oubliée et banale,
Et je restai cloué, me répétant très pâle :
« Chaque jour qui s’écoule est un pas vers la Mort ! »
 
Chaque jour est un pas ! C’est vrai, pourtant ! Folie !
Et nous allons sans voir, gaspillant notre vie,
Nous rapprochant toujours cependant du grand trou !
 
Et nous « tuons le temps ! » et si dans cette foule
J’avais alors hurlé : chaque jour qui s’écoule
Est un pas vers la Mort ! on m’eût pris pour un fou.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 13 juillet 2015 à 11h03

Cheval qui songe
-----------------

C’est un petit cheval, à la crinière d’or ;
Il emprunte souvent les allées transversales,
Trottant discrètement, marchant par intervalles,
Entendant des oiseaux les rustiques accords.

Nul pesant cavalier ne le tient par le mors ;
Il avance tout seul, par les routes banales,
Il a l’air bien songeur, au seuil des aubes pâles,
Et cependant, jamais il ne songe à la mort.

Il en a fait pourtant, des rêves de folie,
D’un surprenant voyage et d’une étrange vie,
D’un monde à la dérive, et d’un univers flou.

C’est parce qu’il vit là, dans les bois, loin des foules,
Instruit par le discours du ruisseau qui s’écoule
Et semble raconter des histoires de fou.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 7 février 2023 à 21h10

Fleur surprenante
----------

Bien étrange est mon corps,
Je suis phénoménale ;
Mon âme est amicale
Envers les êtres forts.

Je suis la fleur d’Armor,
Très rare, et peu banale ;
Au long des matins pâles,
Je prépare ma mort.

De ma chair abolie
Naîtront mille autres vies ;
De beaux fruits ronds et roux.

C’est de ces jolies boules
Que du sucre s’écoule ;
Il n’est rien de plus doux.

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Déposé par Cochonfucius le 1er juin 2024 à 11h32

Planète Banale
----------

Nous n’avons nulle mine d’or,
Nulle flore phénoménale ;
Sur notre Planète Banale,
Chacun de nos désirs s’endort.

C’est très calme, au point que c’est mort,
Même dans la saison vernale ;
Pris d’une langueur infernale,
L’esprit décourage le corps.

Les libidos sont abolies ;
Au fond du calice est la lie,
Peu nous en importe le goût.

La planète en l’espace roule,
Les châteaux de cartes s’écroulent ;
Il faut avancer, jusqu’au bout.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Cochonfucius le 30 novembre 2024 à 12h51

Fleurs oubliées
--------

Sans surprise fut notre sort,
Vie nullement originale ;
Voici l’étape terminale,
Voici que notre ego s’endort.

Que saurons-nous de notre mort ?
C’est une chose bien normale ;
Végétale comme animale,
La vie doit délaisser le corps.

Que notre peur soit abolie ;
Cette frayeur n’est pas jolie,
Elle est plutôt de mauvais goût.

Un grand ouroboros  s’enroule
Autour de la tour qui s’écroule,
De la poussière, et puis c’est tout.

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