Aloysius Bertrand(1807-1841) D’autrеs pоèmеs :Sоnnеt : À lа Rеinе dеs Frаnçаis... Sсаrbо : Οh ! quе dе fоis је l’аi еntеndu еt vu... оu еncоrе :Sсаrbо : Quе tu mеurеs аbsоus оu dаmné...
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Aloysius BertrandGaspard de la nuit, 1842 ![]()
Urbem ingredientur, per muros current, domos conscendent, per fenestras intrabunt quasi fur.
Le Prophète Joël, chap. II, v. 9
I
Quelques maraudeurs, égarés dans les bois, se chauffaient à un feu de veille, autour duquel s’épaississaient la ramée, les ténèbres et les fantômes.
« Oyez la nouvelle ! dit un arbalétrier. Le roi Charles cinquième nous dépêche messire Bertrand du Guesclin avec des paroles d’appointement ; mais on n’englue pas le diable comme un merle à la pipée. »
Ce ne fut qu’un rire dans la bande, et cette gaîté sauvage redoubla encore, lorsqu’une cornemuse qui se désenflait pleurnicha comme un marmot à qui perce une dent.
« Qu’est ceci ? répliqua enfin un archer, n’êtes-vous pas las de cette vie oisive ? Avez-vous pillé assez de châteaux, de monastères ? Moi je ne suis ni soûl, ni repu. Foin de Jacques d’Arquiel, notre capitaine ! — Le loup n’est plus qu’un lévrier. — Et vive messire Bertrand du Guesclin, s’il me soudoie à ma taille et me rue par les guerres !
Ici la flamme des tisons rougeoya et bleuit, et les faces des routiers bleuirent et rougeoyèrent. Un coq chanta dans une ferme.
« Le coq a chanté et saint Pierre a renié Notre-Seigneur ! » marmotta l’arbalétrier en se signant.
II
« Noël ! Noël ! Par ma gaine, il pleut des carolus !
— Je vous en baillerai à chacun une boisselée !
— Point de gab ?
— Foi de chevalerie ! — Et qui vous baillera, à vous, si grosse chevance ?
— La guerre.
— Où ?
— En Espagnes. Mécréants y remuent l’or à la pelle, y ferrent d’or leurs hacquenées. Le voyage vous duit-il ? Nous rançonnerons au pourchas les Maures qui sont des Philistins !
— C’est loin, messire, les Espagnes !
— Vous avez des semelles à vos souliers.
— Cela ne suffit pas.
— Les argentiers du roi vous compteront cent mille florins pour vous bouter le cœur au ventre.
— Tope ! nous rangeons autour des fleurs de lys de votre bannière la branche d’épine de nos bourguignotes. Que ramage la ballade ?
Oh ! du routier Le gai métier !
— Eh bien ! vos tentes sont-elles abattues ? vos basternes sont-elles chargés ? Décampons. — Oui, mes soudrilles, plantez ici à votre départ un gland, il sera, à votre retour, un chêne ! »
Et l’on entendait aboyer les meutes de Jacques d’Arquiel qui courait le cerf à mi-côte.
III
Les routiers étaient en marche, s’éloignant par troupes, l’haquebutte sur l’épaule. Un archer se querellait à l’arrière-garde avec un juif.
L’archer leva trois doigts.
Le juif en leva deux. L’archer lui cracha au visage.
Le juif essuya sa barbe.
L’archer leva trois doigts.
Le juif en leva deux.
L’archer lui détacha un soufflet.
Le juif leva trois doigts.
« Deux carolus ce pourpoint, larron ! s’écria l’archer.
— Miséricorde ! en voici trois, s’écria le juif. »
C’était un magnifique pourpoint de velours broché d’un cor de chasse d’argent sur les manches. Il était troué et sanglant.
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