Passant, si tu fus onc volage et variable,
Ou si tu as le cœur inhumain et cruel,
Ou si tu n’as aimé d’un Amour mutuel,
Ne lis aucunement cet écrit pitoyable.
Dedans ce froid cercueil gît le corps misérable
De la pauvre DIDON, qui d’un glaive mortel,
Pour guérir de l’Amour le poison immortel,
Ouvrit son estomac d’une plaie exécrable.
Que si pour cet effet mal caute tu la dis,
Passant, pardonne-lui : car souvent les soucis
Par plus forte douleur sont chassés de notre âme.
Mais aveugle elle fut de penser par douleur
Chasser le trait qu’Amour élance dans le cœur,
Car toute douleur cède à l’amoureuse flamme.
Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 17 octobre 2015 à 11h14
Seigneur griffon
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Le roi-griffon raconte une histoire effroyable
Qui nous fait découvrir un univers cruel ;
Mais pour les courtisans, c’est fort habituel,
Et puis, tous ces récits ne sont guère croyables.
Cette assemblée se rit des héros misérables
Qui sont environnés de cent dangers mortels,
Ou qui perdent l’honneur, tel ce pauvre Vatel ;
Chacun est amusé par ces traits mémorables.
-- Messieurs, soyez sérieux, je parle des douleurs
Que les pauvres humains éprouvent en leur coeur,
Je parle de l’enfer dont ils craignent les flammes.
-- Griffon, régale-nous du conte que tu dis,
Ainsi nous oublions tous nos réels soucis ;
Ainsi, nous retrouvons le bonheur en nos âmes !
Vivre est embarrassant, ce n’est pas effroyable,
L’inconscient est farceur, mais il n’est pas cruel ;
Répéter mille fois un geste habituel,
C’est plutôt rassurant, ça n’a rien d’incroyable.
Adam sans son jardin ne fut pas misérable,
Qui bien vite accepta d’être un simple mortel ;
Car il continua de bâtir des autels
Et d’accomplir aussi des actions honorables.
Ainsi sur son chemin méditait Piaf-Songeur,
Tranquille vagabond, paisible promeneur,
Écoutant calmement les propos de son âme.
Ce qu’il sait de tout ça, c’est ce qui lui fut dit,
Quand il était marmot, par de vieux érudits ;
Ou même, quelquefois, par une noble dame.