Francis Jammes

De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir, 1898


L’âne était petit


 

À Charles de Bordeu


L’âne était petit et plein de pluie et tirait
la charrette qui avait passé la forêt.
La femme, sa petite fille, et le pauvre âne
faisaient leur devoir doux, puisque dans le village
ils vendaient pour le feu le bois des fruits de pin.
La femme et la petite fille auront du pain
qu’elles mangeront dans leur cuisine, ce soir,
près du feu que la chandelle rendra plus noir.
Voici Noël. Elles ont des figures douces
comme la pluie grise qui tombe sur la mousse.
L’âne doit être le même âne qu’à la crèche
qui regardait Jésus dans la nuit noire et fraîche :
car rien ne change et s’il n’y a pas d’étoile,
cette nuit, qui mène à Jésus les mages vieux,
c’est que cette comète au tremblement d’eau bleue
pleure la pluie. C’était aussi simple autrefois,
quand les anges chantaient dans la paille du toit ;
sans doute que les étoiles étaient des cierges
comme ceux qu’il y a aujourd’hui près des vierges
et, sans doute, comme aujourd’hui les gens sans or,
que Jésus, sa mère et Joseph étaient des pauvres.
Il y a cependant nous autres qui changeons
si rien ne change. — Et ceux qu’aime bien le bon Dieu,
comme autrefois aussi sous l’étoile d’eau bleue,
c’est les ânes très doux aux oreilles bougeantes,
avec leurs jambes minces, roides et tremblantes,
et les paysannes douces et naïves du matin
qui vendent pour le feu le bois des fruits du pin.
 

Commentaire (s)
Déposé par Cochonfucius le 1er mars 2015 à 11h32

Les ânes rient
------------------

Deux ânes, détachés de leurs lourdes charrettes,
Sous l’arbre verdoyant prennent un bref repos ;
Le plus vaillant des deux, encore assez dispos,
Disait : Ça fait du bien, vois-tu, quand ça s’arrête.

Je les vois, bavardant, grignotant de la mousse,
Se racontant aussi des blagues d’autrefois,
Ou même se moquant, ânes de peu de foi,
Du curé du village à la rouge frimousse.

J’aimerais être un âne aux charmantes oreilles,
Arpentant les jardins comme un lièvre géant,
Ne disant rien, jamais, sur l’être et le néant,
Mais bien sur le persil, et sur la tendre oseille.

[Lien vers ce commentaire]

Déposé par Christian le 17 janvier 2021 à 06h13

J’aime à lire un sonnet dans lequel brame un âne.
Point n’est besoin qu’il pousse un triomphal hi-han :
suffit qu’il soit charmant, suffit d’un peu de chant.
Mon âme en lisant ça se rappel’ Francis Jammes...

Oui, j’aime ces sonnets où la voix du brahmane
va relayant les cris d’un baudet ahanant
pour transports minotiers ou labours paysans.
Sur ces sujets jamais Cochonfu n’est en panne

mais écrit « de ces vers qui s’en vont, dérivant
comme feuilles z-au sol entraînées par le vent,
quand, mordue par le froid, la nature frissonne. »

J’aime à voir mâchonner sa noble herbe le bœuf,
voler la plume après que l’oie a pondu l’œuf,
ou l’insémination de la vache friçonne.

[Lien vers ce commentaire]

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